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Spoilers...

Ambiance fin d'année oblige (vous avez remarqué ? C'est pour cette nuit), c'est avec un film familial que j'ai décidé de clôturer l'année sur le blog. Un film à voir avec vos enfants, petits-enfants ou frères et soeurs sans risquer de tomber sur une scène un peu trop violente pour eux. Un film qui, certes, a pris un petit coup dans l'aile (il date de 1971), mais reste malgré tout absolument enchanteur. Un film qui vous donnera envie de bouffer du chocolat juqu'à en pisser du Banania. Une adaptation de roman, lequel roman est un des classiques absolus de la littérature enfantine signé du grand Roald Dahl (écrivain britannique d'origine norvégienne qui n'apprécia, au final, pas du tout le film et refusera par la suite qu'on en refasse une adaptation de son vivant). Ce film, sorti donc en 1971, réalisé par Mel Stuart (qui n'a pas particulièrement brillé tout du long de sa carrière, aucun classique dans sa filmographie, ce  film est son plus connu), s'appelle de plusieurs titres. On le trouve facilement en DVD sous le titre Charlie Et La Chocolaterie, aussi le titre du roman et de sa deuxième adaptation (par Tim Burton en 2005), mais il a été exploité, dans un premier temps, sous le titre Willy Wonka Au Pays Enchanté, et son titre original est Willy Wonka And The Chocolate Factory. On peut piger l'amertume de Roald Dahl (qui a signé le scénario qui sera ensuite réécrit par David Seltzer, futur auteur de La Malédiction) rien qu'en lisant le titre du film : apparemment, le film donne plus d'importance au personnage de  Willy Wonka qu'à celui du jeune Charlie.

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En effet. Si Charlie est le héros du roman, c'est clairement Willy Wonka, interprété ici par Gene Wilder (que Dahl trouvera vulgaire et qu'il n'aurait personnellement pas choisi, lui préférant Spike Milligan, un acteur comique britannique), qui tient le film sur ses épaules. On peut le regretter, ou s'en contrefoutre le genou gauche, c'est comme vous voulez. Autant le dire tout de suite, ce film compte beaucoup-beaucoup-bokou pour moi. Je me souviens l'avoir vu, enfant, sur Canal J, une chaîne du câble (pas du satellite, pas de la TNT, non, du câble), ce film y passait assez régulièrement, exploité sous son premier titre francophone. Je n'avais alors pas lu le roman, je l'ai lu par la suite, ce fut un des premiers romans que je me souvienne avoir lus (il est court : 150 pages environ, mais c'est un roman pour enfants). Je ne sais pas quel âge j'avais, mais j'allais encore en primaire. J'avais adoré ce film, son ambiance féérique et fantaisiste, un peu datée aussi. Si j'aime beaucoup la seconde adaptation, pas très fidèle mais très amusante, de Burton, c'est vers ce film de 1971 que mon coeur se tourne, indéniablement. Je le préfère au roman initial (paru dans les années 60), aussi, ce qui est au final relativement rare pour être signalé. Le film, je ne l'ai pas encore dit, est une comédie musicale, on y trouve des chansons (interprétées par Wilder ou d'autres acteurs ; celle de Wilder est très connue pour avoir été utilisée pour une publicité il y à une paire d'années environ), la bande-son est signée Leslie Bricusse et Anthony Newley. Niveau acteurs, outre Wilder, on a Jack Albertson, Roy Kinnear, Leonard Stone, et pour les enfants, Peter Orstrum, Julie Dawn Cole, Michael Bollner, Denise Nickerson, Paris Themmen. Mis à part Wilder et Kinnear, peu d'acteurs connus. 

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L'action du film se passe à l'époque de sa réalisation, 1970, dans une petite ville non nommée, dans un pays non nommé, mais le paysage et l'architecture me font furieusement penser à l'Angleterre (dans le roman, c'est en Angleterre, d'ailleurs). Charlie Bucket (Peter Orstrum) est un jeune garçon de 8 ans, qui vit avec sa mère (il est orphelin de père, contrairement au roman et à l'autre film) et ses grands-parents, qui passent leur journée au lit, dû à leur grand âge. Ils sont dans une situation épouvantable, ils vivent dans la misère, Charlie vend des journaux après l'école, et ne cesse de rêver à ce qu'il peut y avoir dans la fameuse chocolaterie de Willy Wonka, située en ville, mystérieuse (personne ne voit jamais quiconque y entrer ou en sortir, si ce n'est les camions de livraisons). Un jour, Willy Wonka lance une gigantesque opération médiatique : dans cinq de ses tablettes de chocolat, réparties dans le monde, se cachent cinq Tickets d'Or, qui permettront à leurs heureux propriétaires de visiter, pour une journée, la chocolaterie, et de remporter une provision de chocolat pour le reste de leur vie. Les heureux gagnants sont Augustus Gloop, petit garçon quasiment obèse qui ne pense qu'à bouffer ; Veruca Salt, une petite fille pourrie-gâtée par ses parents et absolument odieuse ; Violette Beauregard, qui mâche sans arrêt du chewing-gum et est assez vulgaire ; et Mike Teevee, un gamin surexcité qui passe ses journées à regarder la télévision, principalement les programmes trop violents pour son âge. Tous iront accompagnés d'un parent. Le cinquième enfant n'est autre que Charlie, qui tombe par le plus grand des hasards sur le dernier Ticket d'Or en achetant, avec le peu d'argent qu'il avait, une petite tablette de chocolat. Fou de joie, il ira avec son grand-père Joe (Jack Albertson) visiter ce lieu incroyable où se trouve une rivière de chocolat sur laquelle évolue un bateau, des chocolats se faisant téléviser, des chewing-gums dont le goût ne disparait jamais, le tout étant rythmé par les chants des étranges employés de la chocolaterie, un peuple de pygmées aux cheveux verts et au visage orange du nom de Oompa-Loompas...

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Enchanteur, Willy Wonka Au Pays Enchanté est une adaptation certes un peu libre du roman (moins libre que la suivante, très burtonienne), mais absolument charmante. Je trouve personnellement que Gene Wilder, habitué aux rôles rigolos, fait un très bon Willy Wonka, n'en déplaise à ce que l'auteur du roman lui-même pensait de sa prestation. L'acteur s'amuse à deux-trois reprises à parler dans une autre langue, présentant à ses convives le bateau dans la langue de Molière et la salle des inventions dans celle de Goethe (pour bien apprécier les subtilités, voir le film en VOST). Les passages musicaux sont sympathiques, la chanson des Oompa-Loompas vous restera longuement en mémoire, je m'en souvenais encore assez clairement lorsque j'ai revu, après des années, ce film. Je pensais d'ailleurs que ça n'allait plus trop me plaire, mes goûts ayant changé en 20 ans, mais au final, j'ai adoré comme autrefois, le visionnage avait un petit côté madeleine de Proust, un plaisir d'enfance, pas un plaisir coupable du tout car le film n'est pas un navet, ni un nanar. C'est dommage que ce film ne passe plus à la TV (ou alors sur des chaînes du satellite), de même que c'est dommage qu'il ait été 'écrasé' par la seconde version de 2005, très bonne mais pas aussi bonne que lui. Alors certes, ça a pris un coup de vieux, et il vous faudra aimer les films musicaux, mais c'est une vraie féérie pour les yeux et les oreilles, un film bon enfant, fantaisiste, qui donne furieusement envie de visiter cette fictionnelle et géniale chocolaterie. Vraiment, je n'ai aucune honte à le dire, je suis fan de ce film relativement méconnu et à découvrir ou redécouvrir !