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Pour ce nouvel article de "Un Oeil Sur...", place à un réalisateur assez à part. Pas David Lynch, même si je pense que lui aussi (vraiment à part) aura droit, un jour, à son article dans la série, mais Tim Burton. Né à Burbank (ville californienne où se trouvent les studios de cinéma de Warner et Disney) en 1958 et passera son enfance dans une sorte de solitude, il est assez timide, introverti même, et passe sa jeunesse dans les salles de cinéma, à voir et revoir des films de monstres (Godzilla, les films de la Hammer, des films sur les extra-terrestres), se découvrant ainsi une passion pour le 7ème Art. Son père bosse dans un parc d'attractions, sa mère dans une boutique vendant des objets en rapport avec les chats. Parmi les idoles, au cinéma, de Burton, figurent Vincent Price, acteur à la voix caverneuse et au regard perçant, qui s'est spécialisé dans les films d'horreur, et Ed Wood, réalisateur mythique des années 50 car considéré, probablement à raison, comme étant le pire de tous les temps. Sachant très bien dessiner, il se tourne, après ses études, vers l'animation en intégrant la California Institute of Arts en 1976. Trois ans plus tard, en 1979, il achève ses études et le film d'animation qu'il a conçu le fait remarquer des studios Disney qui l'engagent. Il travaille sur Rox Et Rouky, bosse sur le projet Taram Et Le Chaudron Magique (qui sortira en 1985), et parallèlement, commence à réaliser ses propres oeuvres, des courts-métrages d'animation au style éminemment gothique : Vincent (narré par son idole, Vincent Price), Frankenweenie (qu'il adaptera en long-métrage par la suite) et il écrit ce qui, bien des années après, deviendra L'Etrange Noël De Monsieur Jack. Il quitte Disney en 1984, ayant suffisamment effrayé les exécutifs des studios avec ses courts-métrages gothiques trop impressionnants pour les gamins. 

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En 1985, il intègre Warner qui le laisse faire son premier film avec acteurs, et de long-métrage. Ca sera Pee-Wee's Big Adventure, comédie basée sur un personnage de comique alors très connu à la TV, Pee-Wee Herman, joué par Paul Rubens. Le film, tourné en moins d'un mois, avec un petit budget, est aussi interprété par Elizabeth Daily, Mark Holton et Diane Salinger et raconte l'histoire d'un personnage excentrique, sorte d'enfant dans un corps d'adulte, qui vit dans une maison loufoque et voue un culte à son antique bicyclette, que quelqu'un va, un jour, voler. Il part à sa recherche, à travers les USA. Le film est la première collaboration de Burton avec le compositeur Danny Elfman, à la base musicien et chanteur au sein de Oingo Boingo, un groupe de new-wave. Le film est moyennement reçu par la presse, mais marche très très bien (une suite sera faite, Burton n'y a aucun lien). Malheureusement pour Burton, le succès du film le voit se faire proposer de faire diverses comédies du même genre, ce qu'il ne veut pas. Il ne fera son deuxième film qu'en 1988, et c'est le premier de ses films de long-métrage à posséder sa patte : Beetlejuice. Interprété par Geena Davis, Alec Baldwin, Michael Keaton, Winona Ryder, Jeffrey Jones et Catherine O'Hara, le film est une comédie fantastique hilarante sur un couple de jeunes mariés récemment décédés qui vont tout faire pour chasser de leur maison une famille venue s'y installer, l'ayant rachetée après leur mort. Ils vont engager un chasseur de vivants, un spectre délirant du nom de Beetlejuice, sorte de clown sinistre, pour le boulot. Immense succès, le film a révélé Winona Ryder et lancé la carrière de Keaton. C'est un sommet d'humour à l'ambiance gentiment gothique. Un de ses meilleurs films. 

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Le succès de Beetlejuice fait que Warner confie à Burton la lourde tâche de réaliser Batman. Un film avec acteurs, dans les années 60, basé sur la mythique mais vieillotte série TV avec Adam West qui joua dans ce film à l'époque), avait été fait, mais sans succès. Burton réalise le film en 1989, avec Michael Keaton dans le rôle principal, Jack Nicholson (en premier au générique) qui est imparable dans le rôle du Joker, Kim Basinger, Jack Palance, Pat Hingle, Michael Gough, Billy Dee Williams, Robert Wuhl, Jerry Hall et Lee Wallace. Le film est mis en musique par Elfman, avec des chansons de Prince (qui rencontrera Kim Basinger à l'époque), et son budget est de 35 millions de dollars. Il va en rapporter plus de 400, des millions. Succès phénoménal, ce film, qui possède la touche burtonienne tout en étant grand public, est un sommet du film de super-héros. Batman est un super-héros assez particulier (il n'a pas de super-pouvoirs, et est assez sombre, tuant parfois ses adversaires au lieu de simplement les arrêter ; voir la trilogie faite par Christopher Nolan, qui montre bien le côté sombre du personnage), et Burton l'a bien compris. Keaton est juste excellent dans le rôle, mais c'est Nicholson qui remporte les suffrages, il campe un méchant anthologique, à la fois terrifiant et hilarant. Même si le regretté Heath Ledger, dans le The Dark Knight de Nolan, sera encore plus terrifiant (une interprétation torturée) dans le même rôle, qui fut un de ses derniers (film sorti posthume). Bref, ce Batman burtonien est une incontestable réussite. 

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En 1990, Burton fait une infidélité à Warner, en signant pour la 20th Century Fox (la Warner n'apprécie pas trop le projet et le cède à la Fox ; Burton reste à Warner tout en faisant ce film pour eux), une pure merveille de fantastique gothique qui est indéniablement un de ses plus beaux films : Edward Aux Mains D'Argent. Première collaboration de Burton avec Johnny Depp, le film est aussi interprété par Winona Ryder (qui vivra un temps avec l'acteur), Vincent Price, Dianne West, Anthony Michael Hall, Alan Arkin et Robert Oliveri est raconte l'histoire d'un jeune homme du nom d'Edward, conçu par un vieux scientifique (Price) qui meurt avant d'avoir pu le finir : à la place des mains, il a des lames de ciseaux. Esseulé, innocent, le jeune homme va être ramené en ville par une représentante de commerce venue vendre ses produits chez le vieil homme et le découvrant. Pour les habitants de la ville, Edward va d'abord être considéré comme un monstre, mais très vite, va susciter de l'amitié autour de lui. Enfin, presque chez tout le monde, car certains vont rester très critiques à son sujet... Film sur la différence, chef d'oeuvre gothique (la musique, la photographie, les décors, tout participe à l'atmosphère), le film est une pure splendeur à voir à tout prix. Deux ans plus tard, en 1992, Burton signe Batman : Le Défi, suite de son gros succès de 1989. On retrouve Keaton (pour la dernière fois, ceci dit) dans le rôle principal, on y retrouve aussi Michael Gough et Pat Hingle. Le film est aussi et surtout interprété par Danny De Vito, qui joue le Pingouin, Michelle Pfeiffer, qui joue Catwoman, Christopher Walken, Vincent Schiavelli et Michael Murphy. Plus sombre et gothique que le précédent opus, ce second volet est une totale réussite, meilleur encore que Batman (on reprochera cependant à Burton le fait que le personnage-titre semble un peu sous-employé ici, par rapport aux méchants, ce n'est pas totalement faux). De Vito campe un Pingouin inoubliable, à la fois émouvant et angoissant, et le look de Catwoman est génial. Burton, d'abord réticent à faire le film (on voulait que Robin apparaisse dans le film, il refusera et tiendra bon), qui marchera bien, mais on lui reprochera sa violence et son côté sombre. A noter que le personnagé joué par Walken, Max Shreck, est jusque dans son nom un hommage à l'expressionnisme allemand, Max Shreck étant l'acteur ayant joué le rôle-titre dans le Nosferatu de Murnau. A noter, également, que Burton n'aurait pas été contre le fait de faire un troisième volet, mais l'aspect sombre des deux Batman de Burton entraînera un refus de Warner, qui confiera à Joel Schumacher Batman Forever (1995) et Batman Et Robin (1997). Le premier marchera bien et n'est pas terrible, le second foirera et est épouvantable...Et Nolan revampera bien la série au milieu des années 2000.

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En 1993, Burton cède à Disney le scénario de L'Etrange Noël De Monsieur Jack, film d'animation réalisé par Henry Selick, et en partie produit par Burton. Utilisant le principe de l'animation en volume, le film, magnifique, est un conte de Noël gothique, que je me souviens d'avoir vu en salles à l'époque, c'était enchanteur et, aussi, assez impressionnant, j'avais pourtant 12 ans (le film est sorti en France un an après sa sortie américaine, et il est sorti en début décembre ; aux USA, ce fut pour Halloween 93). L'histoire d'un épouvantail squelettique, Jack, surnommé le roi des citrouilles, qui vit dans la ville de Halloween, et qui, lassé de cette vie de représentant de l'épouvante, veut partir. Il découvre la ville de Noël, et veut dès lors prendre la place du Père Noël. On imagine bien à quoi un Noël organisé par Jack pourrait bien ressembler ! Parmi les voix originales, Chris Sarandon, Danny Elfman, Paul Reubens. Le film, pas vraiment destiné aux tout-petits, est sublime. Un vrai classique qui permet à Burton (on pense souvent à tort qu'il a réalisé le film) de se diversifier. Il ne fera son prochain film que l'année suivante. On est en 1994 (pour la France, c'est en 1995 que sort le film) quand Burton sort son nouveau film. Nouvelle collaboration avec Johnny Depp, le film, tourné en noir & blanc (sublime photographie) s'appelle Ed Wood et est un biopic sur la carrière de ce réalisateur des années 50, considéré comme le plus mauvais de tous les temps. Le film est interprété par Depp donc, mais aussi par Martin Landau (qui joue Bela Lugosi et aura l'Oscar et le Golden Globe du meilleur second rôle pour ce film, entre autres récompenses), Patricia Arquette, Sarah Jessica Parker, Lisa Marie, Bill Murray, Jeffrey Jones, Mike Starr et Juliet Landau, fille de Martin. Vraie déclaration d'amour au cinéma de série B (voire Z) des années 50 et à ce réalisateur en particulier, le film est brillamment interprété par un Depp tout simplement sensationnel. Le film sera malheureusement un échec commercial. A noter que la musique du film est signée Howard Shore, en raison d'une brouille entre Burton et Elfman (brouille qui sera temporaire). 

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 En 1996, Tim Burton red un autre hommage au cinéma populaire des années 50 (et 60) avec Mars Attacks !, sorte de remake des Soucoupes Volantes Attaquent La Ville en version délirante. Le film, que j'ai vu en salles à l'époque et qui fut pendant longtemps un de mes films cultes (sans doute mon film préféré étant ado), est doté d'un casting hallucinant : Jack Nicholson (dans un double rôle), Pierce Brosnan, Michael J. Fox, Annette Benning, Glenn Close, Danny De Vito, Martin Short, Lisa Marie, Sarah Jessica Parker, Rod Steiger, le chanteur Tom Jones dans son propre rôle, Lukas Haas, Natalie Portman, Paul WInfield, Joe Don Baker, Pam Grier, Jack Black, Christina Applegate, Sylvia Sidney et dans de petits rôles, les réalisateurs Barbet Schroeder et Jerzy Skolimowski. C'est un film délirant qui raconte l'invasion de la Terre par les Martiens, à bord de leurs petites soucoupes et armés de leurs petits rayons laser colorés. Visuellement génial avec son esthétique volontairement kitschouille, interprété par des acteurs qui se sont vraisemblablement éclatés (Nicholson, à la fois dans le rôle du Président et dans celui d'un flambeur texan à Las Vegas, est parfait) et doté d'effets spéciaux très réussis, ce film de SF parodique et d'hommage n'est peut-être pas le sommet de Burton, mais c'est une agréable parenthèse qui a certes rapporté la moitié de son budget seulement, et n'est donc pas un carton, mais est vraiment attachant. Burton, après ce semi-échec commercial, mettra trois ans à faire un film. C'est en effet en 1999 que sort Sleepy Hollow, troisième collaboration avec Johnny Depp, film majeur, ans doute mon préféré de lui, et basé sur un conte de Washington Irving (1820), bien connu aux USA, et qui avait déjà été adapté, notamment, en court-métrage d'animation par les studios Disney (dans le film composite de 1949 Le Crapaud Et Le Maître D'Ecole). Le film est aussi interprété par Christina Ricci, Casper Van Dien, Miranda Richardson, Michael Gambon, Jeffrey Jones, Richard Griffiths, Christopher Lee dans un petit rôle (Burton voulait absolument que Lee joue dans le film, rien que pour l'entendre prononcer 'Sleepy Hollow'), Martin Landau, Lisa Marie, Michael Gough et, dans le rôle du Cavalier, Christopher Walken. L'histoire d'un Cavalier fantôme, décapité, qui rôderait aux alentours du village de Sleepy Hollow, y semant la terreur et la mort, et d'un policier venu enquêter. Dans le conte, c'est différent : un maître d'école d'apparence dégingandé arrive dans le village et y apprend cette légende sur le Cavalier sans tête. Burton en a fait un film d'horreur gothique qui prend certes pas mal de libertés avec le conte, mais est, de A à Z, un enchantement total. 

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Ce n'est en revanche pas le cas du tout du film suivant de Burton, sorti en 2001 : La Planète Des Singes. Je me souviens encore de mon étonnement en apprenant que Burton allait réaliser un remake du film de Schaffner (ou plutôt, une nouvelle adaptation du roman de Pierre Boulle). Le film est interprété par Mark Wahlberg, Tim Roth, Helena Bonham-Carter, Michael Clarke Duncan, Paul Giamatti, Estella Warren, Kris Kristofferson et David Warner, et on  y trouve même, dans de petits rôles, deux acteurs du film initial : Charlton Heston et Linda Harrison. Visuellement, c'est une réussite, les effets spéciaux et maquillages sont excellents. L'histoire est celle d'un astronaute parti chercher un singe dans l'espace (il entraîne des singes dans une station spatiale et l'un d'entre eux, à bord d'un module, est accidentellement parti) et arrivant, après avoir été pris dans une tempête magnétique, sur une planète peuplée par des singes parlants et des Hommes (qui parlent aussi, contrairement au film de 1968) qui sont sous leur contrôle. Le film sera mal reçu à sa sortie, on en vient à se demander comment Burton a dû faire un film pareil, qui ne lui ressemble pas du tout Un projet de suite est abandonné (par la suite, d'autres films sont faits, avec succès, relançant la série, et le film original de 1968 avait déjà connu les affres de plusieurs suites, et d'une série TV). Deux ans plus tard, Burton reprend du poil de la bête avec Big Fish, un film qui adapte un roman de Daniel Wallace. Le film est interprété par Ewan McGregor, Billy Crudup, Albert Finney, Jessica Lange, Marion Cotillard, Helena Bonham-Carter (j'ai oublié de le dire, mais c'est madame Burton à la ville), Danny De Vito, Steve Buscemi, Loudon Wainwright III et  Alison Lohman. L'histoire d'un homme fâché avec son mythomane de père, qui n'a eu de cesse, durant son enfance, de lui raconter des histoires, toutes plus invraisemblables que les autres, et qui lui seraient, toutes, arrivées. Alors que son père est malade, mourant même, il se rapproche de lui, et va même retracer le fil de sa vie, découvrant qu'apparemment, son père ne lui aurait pas menti, tout compte fait... Un film sublimissime, un enchantement visuel, poétique, à voir absolument. D'autant plus que le film n'a pas été un succès monumental (pas un bide non plus). 

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Deux ans plus tard, Tim Burton nous offre encore une adaptation de roman, et recollabore avec son acteur fétiche Johnny Depp pour Charlie Et La Chocolaterie, adaptation du fameux roman de Roald Dahl, auteur spécialisé dans les romans pour la jeunesse (mais qui a aussi parmi ses titres de gloire le scénario de On Ne Vit Que Deux Fois). Ce roman avait déjà été adapté au cinéma au début des années 70 par Mel Stuart, avec Gene Wilder dans le rôle de Willy Wonka, c'était une comédie musicale fantaisiste des plus charmantes. Cette nouvelle version est, comme la précédente et le roman, destinée à la jeunesse, et est une vraie petite merveille, pas un des meilleurs films du réalisateur, mais une parenthèse des plus agréables. L'histoire d'un gamin issu d'une famille très pauvre et qui, par le plus grand des hasards, gagne un des rarissimes Tickets d'Or permettant d'entrer, pour la visiter, la fameuse et immense (et réputée incroyable) chocolaterie du génie Willy Wonka. Dans le rôle du chocolatier gentiment fou, Depp est excellent. Les décors, effets spéciaux sont réussis, mention spéciale aux écureuils qui furent spécialement dressés (une prouesse, car dans le film, ce sont vraiment de vrais écureuils !) pour décortiquer des noisettes. L'ambiance générale du film, très enfantine, est étonnante pour du Burton (qui, pour certains de ses films suivants, récidivera dans le genre), mais pas désagréable du tout. Un très bon film, à défaut d'être un grand film. Niveau casting, c'est très réussi, avec Freddie Highmore dans le rôle de Charlie, Helena Bonham-Carter, Noah Taylor, Christopher Lee, David Kelly et James Fox. La même année, Burton nous offre un film d'animation, qu'il a coréalisé avec Mike Johnson, un film doublé par Johnny Depp et Helena Bonham-Carter en VO (c'est donc encore une collaboration avec son acteur fétiche), Les Noces Funèbres. Visuellement aussi gothique que L'Etrange Noël De Monsieur Jack, ce film d'animation pour adolescents et adultes s'inspre légèrement d'un conte juif, "La Mariée Morte", et se passe au XIXème siècle. Un jeune homme maladroit et timide se retrouve marié, par un concours de circonstance, au cadavre d'une jeune femme, qui l'entraîne de force dans le royaume des morts. Le pauvre jeune homme devait en réalité se marier avec une belle jeune femme qu'il aime, une autre, bien vivante, celle-là... Ambiance gothique à mort (sans jeu de mots) pour ce film d'animation très réussi et dans lequel on trouve aussi, en VO, les voix de Christopher Lee, Albert Finney, Michael Gough, Emily Watson et Joanna Lumley. 

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Deux ans plus tard : 2007. Nouvelle collaboration avec Johnny Depp avec Sweeney Todd, Le Diabolique Barbier De Fleet Street. Ce film violent et sanglant est une comédie musicale basée sur un gros succès théâtral de 1979 écrit par Stephen Sondheim et Hugh Wheeler, comédie musicale scénique elle-même inspirée de faits réels : Londres, XIXème siècle. Un barbier injustement envoyé aux travaux forcés et à l'exil par un juge corrompu qui draguait sa femme revient, après 15 ans. Il revient dans le quartier londonien qu'il habitait, s'installe dans une petite échoppe de barbier située au-dessus d'une boutique qui vend des tourtes à la viande, et va patiemment attendre que, tôt ou tard, ce salopard de juge (qui a causé la mort de la femme de Sweeney, qui s'est suicidée, et qui s'occupe assez mal de la fille de Sweeney, placée en institution) vienne se faire rafraîchir chez lui, le juge habitant non loin de là. Mais pour ne pas que ça passe pour de la vengeance, et pour s'entraîner, il va également égorger ses autres clients, se débarrassant des corps d'une manière assez ingénieuse, la vendeuse de tourtes étant complice. Un film noir, magistralement interprété (Depp, Helena Bonham-Carter, Alan Rickman, Timothy Spall, Edward Sanders, Sacha Baron Cohen), rempli de chansons interprétées par les acteurs eux-mêmes. Certains, à la sortie du film, n'ont pas apprécié, en raison du fait que c'est une comédie musicale, et donc rempli de moments musicaux. Et avec un côté très théâtral, vu la source du projet. Mais dans le genre, c'est une incontestable réussite, un film à la fois drôle et violent, glauque et déchirant, une des plus belles réussites du réalisateur. A noter, anecdote, que trois acteurs du film, Bonham-Carter, Spall et le regretté Rickman, ont partagé l'affiche des films de la saga Harry Potter

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2010 : Tim Burton recollabore avec Johnny Depp. Décidément, après des collaborations épisodiques, les deux hommes deviennent de plus en plus inséparables. Cette nouvelle collaboration, qui est leur septième, et leur quatrième d'affilée (et c'est pas fini), est encore une fois une adaptation de roman. Alice Au Pays Des Merveilles, d'après le chef d'oeuvre de Lewis Carroll, production Disney (le retour de Burton chez Disney !), est également interprété par Mia Wasikowska, Helena Bonham-Carter, Anne Hathaway, Crispin Glover, Michael Sheen, Christopher Lee, Alan Rickman, Stephen Fry, Timothy Spall, Michael Gough, quasiment tous en doublage de personnages tels que la Chenille (Rickman), le Chat du Cheshire (Fry) ou le Jabberwocky (Lee). A la fois proche du fameux dessin animé des studios Disney et du roman de Carroll (qui, remarquable, est assez nonsensique, rempli de jeu de mots intraduisibles et d'allusions loufoques), le film, dans lequel Depp joue le rôle du Chapelier Fou, est sympathique, mais mineur dans la filmographie du réalisateur, qui cède encore une fois à l'enfance ici et oublie ses premières amours gothiques. Un film amusant, très très regardable, mais pas un de ses meilleurs. A noter, j'en parle ici en brisant un peu l'ordre chronologique, mais en 2016, Burton produira une suite, réalisée par James Bobin, Alice De L'Autre Côté Du Miroir, adaptation du second roman de Lewis Carroll mettant en scène Alice, également un film Disney. On retrouve Les mêmes acteurs, essentiellement, pour ce film qui, hélas, n'arrive vraiment pas à la cheville du premier film, lequel n'était déjà pas génial. Je ne parle de cette suite que parce que Burton l'a produite et que c'est la suite d'un film qu'il a réalisé, sinon j'aurais fait l'impasse dessus. Je ne sais pas si on peut considérer ce film comme une collaboration Burton/Depp. Oui dans un sens, non dans l'autre...

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En revanche, pour le film suivant de Burton (sorti en 2012, donc le suivant après Alice Au Pays Des Merveilles !), oui. Adaptation d'une série TV américaine culte ayant cartonné, là-bas, dans les années 70 (elle n'a, en revanche, je crois, jamais été diffusée en France, du moins à l'époque), Dark Shadows est une comédie fantastique très drôle contant les mésaventures de Barnabas Collins, un homme du XVIIIème siècle, patron d'une florissante entreprise de pêcherie dans le Maine et qui, à la suite d'une malédiction, se retrouve vampire et enfermé dans un cercueil enterré. 200 ans plus tard, au cours de travaux, on déterre le cercueil, Barnabas, assoiffé, en sort. Il retrouve son manoir, et va s'installer chez lui, enfin, chez ses descendants, qui vont tant bien que mal accueillir ce 'cousin éloigné' un peu étrange. Choc des générations... Le film est interprété par Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Eva Green, Jackie Earle Haley, Helena Bonham-Carter, Chloë Grace Moretz, Jonny Lee Miller et Alice Cooper, qui apparaît dans son propre rôle (l'action se passe en 1972). Ce n'est peut-être pas le sommet du réalisateur, mais c'est un film très drôle et visuellement très réussi, qui offre une variation amusante sur le mythe du vampire. Avec ses mimiques et regards décalés, Depp est le plus souvent hilarant. Burton voudrait faire une suite, mais le projet est en stand-by pour le moment. La même année, Burton réalise, pour les studios Disney, un remake, en long-métrage, de Frankenweenie, son court-métrage de 1984 (réalisé en 1982, ceci dit). Chose amusante, c'est en partie à cause de ce film, à l'époque, que Burton avait quitté Disney, qui n'appréciait pas son univers gothique et un peu impressionnant pour les gamins. Et c'est le même Disney qui, presque 30 ans plus tard, produit ce remake en version longue ! L'histoire d'un enfant, Victor Frankenstein, qui, à la suite de la mort de son fidèle chien Sparky, est inconsolable, jusqu'à ce qu'il parvienne à lui redonner vie grâce à des chocs électriques, suite à un conseil d'un de ses professeurs. Sparky, qui mérite bien son nom ('spark' : 'étincelle'), va revenir à la vie, en chien zombie, et les ennuis vont arriver. Tourné en stop-motion et en noir & blanc, le film est sorti en 3D. On trouve, parmi les voix VO, Martin Short, Martin Landau, Catherine O'Hara, Winona Ryder et Charlie Tahan. C'est une très belle réussite d'animation, 87 minutes à voir absolument (le film d'époque, lui, ne dure que 30 minutes).

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En 2014, Tim Burton sort ce qui, à l'heure actuelle, est probablement (avec Pee-Wee's Big Adventure) son film le moins connu : Big Eyes. Interprété par Christoph Waltz, Amy Adams, Terence Stamp, Krysten Ritter et Danny Stamp (on y trouve aussi Jon Polito, un des acteurs fétiches des frères Cohen), le film parle d'une histoire vraie, celle du peintre Walter Keane qui, dans les années 50/60, va révolutionner le monde de l'art, et de la peinture en particulier, avec des tableaux représentant des enfants aux yeux immenses et à l'air malheureux. Peintures en réalité l'oeuvre de sa femme, car Keane ne sait pas peindre du tout, étant un agent immobilier à la base. Un scandale doublé d'une arnaque qui va bousculer le monde de la peinture. Ayant reçu d'assez bonnes critiques, le film n'a pas super bien marché en salles, le démarrage a été assez faiblard, et au final, rien de comparable avec les plus gros succès du réalisateur. C'est un de ses films les plus à part, et pas un de ses meilleurs. Pour tout dire, je l'ai vu une fois, et n'ai pas vraiment envie de le revoir. Deux ans plus tard, en 2016 donc, Burton réalise, c'est son dernier film à ce jour (son prochain sort en 2019 apparemment, et sera une nouvelle version, avec acteurs, produite par Disney comme l'original, de Dumbo), Miss Peregrine Et Les Enfants Particuliers, une adaptation d'un roman de Ranson Riggs interprétée par Eva Green, Asa Butterfield, Samuel L. Jackson et Ella Purnell. Film fantastique aux effets spéciaux très réussis et à l'atmosphère bien burtonienne, il raconte l'histoire d'un institut pour enfants situé au Pays de Galles, dirigé par une certaine Alma Peregrine, et au sein duquel on s'occupe d'enfants possédant des pouvoirs assez particuliers... Encore une fois, un film sympathique, pas le meilleur du réalisateur, donc le dernier chef d'oeuvre, pour le moment, reste Sweeney Todd en 2007, mais un film que les fans du réalisateur apprécieront. Un réalisateur atypique, attachant, qui s'est sans aucun doute un peu laissé aller à partir des années 2000 même si deux films, depuis le début des années 2000, sont parmi ses meilleurs (Big Fish et Sweeney Todd) et d'autres, vraiment très très bons.