Nouvel article dans la série des "Un Oeil Sur...", consacrée aux réalisateurs et brossant un rapide résumé chronologique de leurs filmographies. Après Nolan, Kubrick, Tarantino, Spielberg et Carpenter, place à un autre grand maître toujours en activité malgré son grand âge (il a atteint la huitième décennie ; son prochain film devrait sortir dans un avenir pas trop lointain, et il joue aussi dedans), et qui a démarré, tout le monde le sait, sa carrière au cinéma comme acteur avant de passer à la réalisation en 1971 : Clint Eastwood. Bien entendu, je ne parle ici que des films qu'il a réalisés (qu'il joue ou non dedans), sinon, on ne s'en sortira jamais. Cet article sera long : comme Spielberg, Eastwood est un réalisateur très prolifique, il n'a pas été rare qu'il sorte deux films en une même année, et un film par an environ, et ce, depuis 1971 (soit comme Spielberg, qui a aussi sorti son premier film en 1971) ! Allez, vu la longueur de l'article (il m'a fallu du temps pour le faire), autant raccourcir l'intro et démarrer tout de suite ! Ah, et avant de démarrer, si vous n'avez pas pigé le titre de l'article, Malpaso est le nom de la société de production créée par Eastwood, du nom d'une propriété familiale...
Clint Eastwood sort donc son premier film en 1971, après s'être définitivement fait un nom en tant qu'acteur (dans les westerns - TV avec la série Rawhide, sur le grand écran grâce à Sergio Leone - notamment, mais pas que). Sorti la même année que deux autres films dans lesquels ils ne fait que jouer (et tous deux de Don Siegel : Les Proies et L'Inspecteur Harry, sorti en dernier, et dans une scène duquel Eastwood passe devant un cinéma proposant son propre film à l'affiche), ce film s'appelle Un Frisson Dans La Nuit (Play Misty For Me) et est une sorte de Liaison Fatale avec plus de ans d'avance. L'action se passe dans une ville californienne dont Clint sera, par la suite, maire, et où il vit (le film a été tourné chez lui) : Carmel. Clint y joue un animateur radio qui, tous les soirs, reçoit de la part d'une auditrice qui l'idôlatre la demande de passer le morceau "Misty" d'Erroll Garner. Il soir, il la rencontre, ils tombent amoureux...mais la jeune femme, jouée par Jessica Walter, semble un peu étrange, très jalouse et possessive, très agressive aussi... Un film très réussi, angoissant (l'affiche française donne l'impression qu'on a affaire à un film d'horreur, le titre français, peu subtil, aussi), un coup d'essai réussi pour Eastwood passé de l'autre côté de la caméra.
Après avoir été révélé par les westerns de Sergio Leone et de Don Siegel (Sierra Torride), il était inévitable que, tôt ou tard (et de plus, l'époque le voulait : le western était à nouveau à la mode), Clint en tourne un. Dès son deuxième film, en fait : L'Homme Des Hautes Plaines, dans lequel il joue aussi (le film est aussi interprété par Verna Bloom, et on y trouve pléthore de 'tronches eastwoodiennes' telles que Stefan Gierasch, Mitchell Ryan, William O'Connel...). Un film qui doit tout à Sergio Leone et qui raconte l'histoire d'un cavalier solitaire qui débarque, un jour, dans la petite ville isolée de Lago, où un crime atroce fut commis des années plus tôt : le shérif y fut lynché, en pleine nuit, par une bande de hors-la-loi, et devant les habitants, qui regardèrent, mais ne firent rien pour empêcher le meurtre. L'homme va rapidement prendre le contrôle de la ville (les habitants sont du genre mollassons) afin de les préparer à un futur affrontement : en effet, les truands ayant, quelques années plus tôt, tué l'ancien shérif viennent de sortir de prison. Le film possède une ambiance poisseuse, glauque, à la lisière du fantastique, ce que vient corroborer le final du film, via une réplique de l'homme sans nom, réplique modifiée en VF afin de rationaliser un film qui, même sans ça, est assez surnaturel (la musique, et certaines séquences, sont sans équivoque). Une totale réussite du genre et sans doute mon film préféré de Clint réalisateur. La même année, Clint sort son troisième film, et le premier dans lequel il ne joue pas (ce qui n'empêchera pas l'affiche américaine de montrer son visage dans un médaillon en bas, histoire de miser sur sa popularité) : Breezy, avec William Holden et Kay Lenz. L'histoire d'amour entre un quinquagénaire divorcé revenu de tout et une jeune hippie qui pourrait être sa fille. Un mélo plutôt convaincant, mais qui ne sera pas un triomphe au box-office. Clint (qui apparaît tout de même quelques instants dans un rôle non crédité) retiendra la leçon : le film suivant où il ne fera que réaliser ne sortira qu'en...1988, et surtout, il ne fera plus de film à la Love Story. Mais ce n'est pas mauvais pour autant.
Retour à du cinoche plus populaire en 1975 avec l'adaptation d'un roman de Trevanian : La Sanction. C'est un film qui compte parmi les moins connus du réalisateur (il ne passe pas souvent à la TV, de plus), et même parmi les moins appréciés. Interprété ausi par George Kennedy, ce film est un excellent divertissement qui tient à la fois de l'aventure, de l'espionnage et du suspense. Clint y joue le rôle d'un professeur d'université et collectionneur d'art qui, pour arrondir ses fins de mois (et lui permettre de s'acheter des oeuvres d'art), travaille comme tueur pour une organisation secrète dirigée par le mystérieux Dragon. On le charge de repérer et de 'sanctionner' (autrement dit, de tuer) un espion travaillant pour l'URSS dans une cordée d'alpinistes devant gravir l'Eiger (en Suisse) par la face nord. Assez sportif, il va s'entraîner afin de rejoindre l'équipe pour cette très périlleuse expédition... Un film sympathique, assez enlevé, rempli de personnages étonnants, parfois caricaturaux (le tueur homosexuel et son petit chien). Pas le meilleur de Clint, c'est clair, mais ça reste franchement très correct, mieux que ce que l'on peut souvent lire ou entendre à son sujet. A noter que quelques passages furent virés de la version sortie en France à l'époque, et ont été remis sur le DVD. Ces courts passages n'ont pas été doublés ce qui explique que si vous regardez le film en VF, vous aurez des passages en VOST... A noter aussi que le rôle fut proposé (mais il le refusera) à Paul Newman, qui n'aurait pas été mauvais dans ce film, au passage.
1976, Clint refait un western, et pour moi, sort son meilleur western par ailleurs : Josey Wales, Hors-La-Loi. Interprété aussi par Chief Dan George, Sondra Locke (avec qui Eastwood se mariera), Bill McKinney, John Vernon (une autre tronche eastwoodienne), Sam Bottoms et Paula Trueman, le film raconte l'histoire d'un brave fermier du Missouri qui, vers la fin de la guerre de Sécession, voit survenir dans sa propriété où il vit avec sa famille, une bande de soldats nordistes, des irréguliers, menés par le capitaine Terrill. Ceux-ci le frappent, le laissent pour mort, violent et tuent sa femme, massacrent sa famille, incendient son ranch. Fou de douleur et avide de vengeance, il rejoint une bande de mercenaires à la solde des Sudistes. La guerre se finit, les Sudistes confédérés ont perdu. Josey refuse de rendre les armes (le pacte de non-violence était, de toute façon un piège) et devient hors-la-loi, traqué par le capitaine Terrill. Dans son périple, il va se lier avec un vieil Indien, une jeune Indienne, une vieille femme et sa famille... Un film à la fois violent et humaniste, un western dans la grande tradition du 'revivalisme' du genre (Un Homme Nommé Cheval, Little Big Man, Missouri Breaks, La Chevauchée Sauvage...), doté d'un scénario remarquable de Philip Kaufman. Un vrai chef d'oeuvre du genre.
L'année suivante, Clint se fait plaisir : lui qui, à deux reprises (1973 : "Magnum Force" de Ted Post ; 1976 : L'Inspecteur Ne Renonce Jamais de James Fargo) a repris le rôle du dur à cuir et intransigeant inspecteur Harry Callahan décide de faire un film dans lequel il n'aura pas le beau rôle. L'Epreuve De Force, malgré son affiche signée Frazetta (spécialiste de l'heroic fantasy à la Conan), le montre dans un rôle d'antihéros quasi absolu, un flic alcoolo, un peu minable, qui subit plutôt qu'autre chose. On le charge d'escorter, de Las Vegas à Phoenix, une jeune femme, prostituée, dont la tête a été mise à prix par la mafia, parce qu'elle a eu l'audace de parler contre eux. La jeune femme (jouée par Sondra Locke) est du genre teigneuse et caractérielle, elle a de la suite dans les idées et lui, dépassé par les évênements (et pas très chaud, au départ, pour cette mission de seconde zone), va finalement voir les rôles s'inverser : au lieu de la protéger, elle, c'est elle qui finira par le protéger ! Un film remarquable, culte (le bus scolaire blindé, la maison qui s'effondre, sous les balles, comme si elle avait été rongée par des termites...), une sorte de récréation pour Clint. Parmi les acteurs, Pat Hingle, Bill McKinney, William Prince. Un des meilleurs films d'Eastwood, un divertissement imparable qui, avant que Clint ne prenne le projet, a failli être fait par Sam Peckinpah (qui préfèrera faire Le Convoi, vraiment pas un de ses meilleurs films, à la place). Après ce film, Clint, durant deux ans, se contentera de jouer (Doux, Dur Et Dingue, L'Evadé D'Alcatraz...).
Clint revient à la réalisation en 1980 avec Bronco Billy, un film qui a failli mettre un terme à son contrat avec Warner : la société a en effet misé à fond sur le côté 'tough guy' de Clint, flingue en pogne, faisant des affiches trompeuses, et le mettant en rogne. Bronco Billy, qu'il interprète aux côtés de Sondra Locke, Scatman Crothers, Bill McKinney, Sam Bottoms, Geoffrey Lewis et du chanteur de country Merle Haggard (dans une petite apparition dans son propre rôle), est un film assez inhabituel pour Eastwood. Un film à la Junior Bonner (de Sam Peckinpah, avec Steve McQueen), sur un homme arpentant les USA avec un spectacle itinérant sur l'Ouest Sauvage, mais qui est à deux doigts de faire faillite. Il va faire la rencontre d'une jeune femme dont il tombe amoureux et qu'il engage, espérant que la chance va tourner... Le film montre au grand public plusieurs passions de Clint : le grand Ouest, la country, les chevaux. Deux de ses enfants, Kyle et Alison, jouent, non crédités, dans le film. Film qui, sorti peu après l'élection de Reagan, fera accuser Eastwood de reaganisme (rappelons que Reagan était assez conservateur, ce qu'est, aussi, ce n'est pas un secret, Eastwood). Pas un très très grand cru, et le film ne marchera pas bien, mais ce n'est pas son pire. Parallèlement à ce film, Clint joue dans Ca Va Cogner, suite de Doux, Dur Et Dingue (qui était une comédie d'action), moins réussie que l'original, qui n'est déjà pas un très grand film. Une sorte de déclin, de mauvaise passe, commence alors.
En 1982, Clint va sortir deux films. Le premier de ces deux films est Firefox, L'Arme Absolue. Rien que le titre et l'affiche (jusque dans le lettrage, même, de l'affiche) donne le ton. Ce film, un film d'action technologique à la Tom Clancy, raconte l'histoire d'un pilote de chasse à la retraite sollicité pour une mission périlleuse : entrer en URSS afin de voler un protopype ultra secret d'avion expérimental furtif et pouvant être piloté par la pensée. Carnage absolu, ce film interprété aussi par Freddie Jones, Warren Clarke, Nigel Hawthorne et Ronald Lacey est le pire de la filmographie d'Eastwood, son bide, son Hook à lui (pour mettre en parallèle l'échec de Hook dans la filmographie de Spielberg, et uniquement selon ce critère). Risible à mort, le film accentue le déclin de Clint. Honkytonk Man, sorti la même année, et dans lequel il partage la vedette avec son fiston Kyle et avec Verna Bloom, est, lui, un drame musical, Clint y jouant un musicien de country pendant la Grande Dépression. Bien que talentueux, il n'a pas connu le succès, et il entreprend un long voyage, avec son fils, afin de participer au Grand Old Opry, concours musical country bien connu. Mais il est atteint de tuberculose, et ce voyage ne va pas améliorer son état. Film larmoyant baigné de country music, ce n'est, encore une fois, pas un grand cru. L'année 1982 n'a pas été excellente pour Eastwood. L'année de ma naissance voit donc sortir son pire film et un de ses moins bons. Pas terrible pour le fan que je suis, hein ?
En 1983, heureusement, Clint revient en force avec Sudden Impact : Le Retour De L'Inspecteur Harry, quatrième volet de la saga (et le seul qu'il a réalisé). On peut d'ailleurs oublier le cinquième, sorti en 1988, réalisé par Buddy Van Horn, hein... Sudden Impact, connu pour sa réplique culte "Make my day" ("Vas-y, fais-moi jouir"), est un excellent polar, bien qu'il m'ait fallu du temps pour l'apprécier, et bien qu'il ne s'agisse pas du meilleur de la série, les deux premiers étant les meilleurs, indéniablement. C'est le dernier film que Clint fera avec son épouse Sondra Locke (par la suite ex-épouse, et le divorce sera des plus compliqués), qui joue ici le rôle d'une victime de viol qui va se venger, lentement, à sa manière, de ses bourreaux. Parmi les acteurs, notons aussi Pat Hingle, Bradford Dillman, Albert Popwell. Le film est très efficace, un peu daté (on sent bien qu'il date des années 80 dans son esthétique), mais reste très agréable. A noter que la fameuse réplique sera réutilisée par...Ronald Reagan, par la suite. Histoire d'enfoncer encore un peu plus le clou de la réputation de conservateur de Clint, même si, là, il n'y est pour rien si Reagan l'a cité !
En 1985, retour au western pour Eastwood. Le western en question, sorte de remake de L'Homme Des Vallées Perdues (avec le grand - mais pas par la taille - Alan Ladd), s'appelle Pale Rider, Le Cavalier Solitaire. On y trouve Michael Moriarty, Carrie Snodgress (ex-madame Neil Young), Chris Penn (regretté frangin de Sean), Richard Dysart, Richard Kiel (alias Requin dans deux 007), Billy Drago (qui joua un inoubliable Frank Nitti dans Les Incorruptibles de DePalma) et Sydney Penny. Ce nouveau western d'Eastwood, son avant-dernier, est, avis personnel, son moins réussi, ce qui ne l'empêche pas d'être plutôt bon. Mais la même année, un autre western le bat à plates coutures, Silverado de Kasdan (et son casting de malades). Pale Rider peut faire penser, par moments, à L'Homme Des Hautes Plaines, tout en étant le remake d'un classique du western des années 50. L'histoire d'un cowboy solitaire surgissant un jour dans une petite ville tyrannisée par un clan sans scrupules. Le cavalier solitaire va faire le ménage et défendre les opprimés, comme le chantait Eddy dans sa chanson. Quelque part, le (remarquable) Open Range de Kevin Costner, fait dans les années 2000, possède un scénario similaire. Mais pas mal de westerns possèdent ce genre d'histoires. A noter, le titre du film est une allusion à la Bible : un des quatre Cavaliers de l'Apocalypse est de couleur pâle...
L'année suivante (autrement dit 1986, bravo les gars), Clint sort un film de guerre...enfin, pas vraiment un film de guerre, car la grande majorité de ses 125 minutes ne montrent pas de séquences de guerre (seulement la dernière partie), mais un film sur l'armée : Le Maître De Guerre. Difficile de ne pas penser au classique Full Metal Jacket de Kubrick, qui pourtant, sortira l'année suivante (et que Kubrick tournait alors que Clint faisait et sortait son propre film), car les deux films possèdent des similitudes (dialogues, personnages) : on y voit une base de l'armée, un sergent-instructeur très vachard, des bleusailles, des séquences d'entraînement très coriaces, des dialogues bien vachards et vulgaires. Mais le film de Clint ne se déroule pas pendant le Vietnam. C'est l'histoire d'un ancien des Marines, vétéran de la Corée et du Vietnam, Tom Highway, qui revient chez les Marines en tant que sergent-instructeur, après en avoir été viré des années plus tôt (il est du genre rebelle et vieux jeu). Ses méthodes, contestées, vont cependant faire ses preuves avec une unité de jeunes branleurs pas vraiment motivés... Le film, excellent, est aussi interprété par Mario Van Peebles dans un de ses rarissimes bons rôles, par aussi Everett McGill, Moses Gunn, Eileen Heckart et Bo Svenson. Le film aurait dû bénéficier du soutien du Département de la Défense, qui refusera après visionnage, trouvant que le personnage principal est une caricature du Marine. Qu'ont-ils pensé du Kubrick, je me le demande...
En 1988, c'est un chef d'oeuvre qui déboule : Bird. Récompensé par un prix à Cannes (pour Forest Witaker), un Golden Globe (réalisateur), un Oscar technique, entre autres récompenses, ce film, le premier depuis Breezy dans lequel Clint se contente de réaliser, est un biopic admirable sur Charlie Parker, légendaire saxophoniste de jazz, mort en 1955 (il avait 35 ans). Admirable de bout en bout, ce film permet à Clint Eastwood de montrer une autre de ses facettes : il adore, depuis toujours, le jazz. Dans ce style musical, Parker fait partie, avec Coltrane, Miles Davis et Duke Ellington (pour ne citer qu'eux), des piliers. Le film est interprété par un Forest Whitaker grandiose (le film l'a révélé), par Diane Venora, Keith David, Samuel E. Wright et Sam Robards. Long (2h35), il se regarde avec un plaisir non feint, à moins de détester le jazz et les biopics. Dans le genre biopic, c'est au passage un des meilleurs représentants du genre. Genre que Clint revisitera à plusieurs reprises par la suite... Un classique absolu, un de ses meilleurs films !
En 1990, deux films, une première depuis 1982 (laquelle n'était pas vraiment une bonne année eastwoodienne). Cette première année de la nouvelle décennie est-elle un bon cru ? On a d'abord Chasseur Blanc, Coeur Noir, film aujourd'hui, il faut le reconnaître, bien oublié (je crois que, coffrets intégrale exceptés, il est actuellement assez difficile de se procurer le DVD de ce film, et si c'est le cas, ça sera d'occasion, et pas forcément à bon prix), pas le meilleur que Clint ait fait, mais un film ma foi très intéressant, adapté d'un roman qui, lui-même, se basait sur des faits réels : le réalisateur John Huston, parti en Afrique y tourner L'Odyssée De L'African Queen (avec Bogart), et qui s'intéressait plus à la chasse aux animaux de la savane et de la jungle, et en particulier à un éléphant, qu'à son tournage de film (une obsession à la Moby Dick...coïncidence ou pas, Moby Dick est un film de Huston). John Huston est ici renommé John Wilson, et est interprété par Clint (le film est aussi interprété par Jeff Fahey, George Dzundza, Marisa Berenson et Charlotte Cornwell). Comme je l'ai dit, pas un grand cru, mais un film intéressant et à redécouvrir. Ce n'est pas le cas de l'autre film sorti en 1990, La Relève, film policier et d'action à la buddy movie, sans grand intérêt. Un flic tenace et proche de la retraite, dont le coéquipier vient de se faire fumer, se voit charger de faire équipe avec une jeune recrue, idéaliste, un jeune homme issu d'un milieu très favorisé (joué par Charlie Sheen). Leur équipe va faire des étincelles, le vieux flic n'étant pas vraiment du genre commode. On trouve aussi Raul Julia, Tom Skerritt, Sonia Braga et Lara Flynn Boyle dans ce film de commande (Clint a accepté de le faire à condition de pouvoir faire Chasseur Blanc, Coeur Noir) qui, franchement, ne rentre pas dans les annales.
En 1992, coup d'éclat absolu. Le dernier western, à ce jour (et nul doute, à jamais) réalisé par Eastwood : Impitoyable. Avec son casting remarquable (Morgan Freeman, Clint évidemment, Gene Hackman, Richard Harris même si son personnage ne sert à rien, n'apparaissant, au final, que le temps d'une séquence expédiée) et son atmosphère fin de siècle/les héros sont fatigués, ce film, qui récoltera quatre Oscars dont meilleur film et meilleur réalisateur (et d'autres récompenses), est un des meilleurs films du réalisateur, et un des meilleurs westerns de l'histoire du cinéma. L'histoire d'un hors-la-loi repenti qui reprend du service afin de venger une prostituée atrocement défigurée et humiliée (son agresseur n'a pas été puni comme il se doit par le maire de la ville, lequel est un authentique truand qui fait règner la terreur dans sa ville de Big Whiskey, Wyoming). Mais les vieux réflexes sont oubliés, le tueur a pris de la bouteille, et cette croisade semblera bien être une sorte de baroud d'honneur. Tout est sensationnel dans ce film : les acteurs, les images, la musique, la réalisation, le scénario. Impitoyable est un classique absolu du genre.
L'année suivante, en 1993 donc, encore auréolé du succès de son western, Clint dirige un acteur révélé par ce genre cinématographique (Silverado) et ayant de son côté livré un grand classique du genre (Danse Avec Les Loups), j'ai nommé Kevin Costner, pour le drame policier Un Monde Parfait, splendeur totale également interprétée par Laura Dern, T.J. Lowther (le gamin) et Jennifer Griffin. L'histoire se passe en 163 : deux types s'évadent de prison et cavalent dans le Texas après avoir enlevé un petit garçon, Philip, dont la mère est Témoin de Jéhovah. Ils sont traqués par la police, et notamment par un Texas Ranger expérimenté et une criminologue. Au fil de la cavale, Butch (Costner), un des deux truands, se prend d'amitié, et même d'affection, pour le gamin, qui le lui rend bien... Un film sublime, touchant, humain, tragique, remarquablement interprété. A noter que la photo sur l'affiche du film a été faite spécialement pour l'affiche : à aucun moment du film le gamin n'est habillé comme ça ! A noter, la même année, Clint jouera pour la dernière fois (pendant de longues années) dans un film d'un autre réalisateur, en l'occurrence Dans La Ligne De Mire de Wolfgang Petersen. Jusqu'en 2008, et ça ne sera ensuite que très rarement (Une Nouvelle Chance), il ne jouera plus que dans ses propres films.
Deux ans plus tard, en 1995, Eastwood adapte un roman à succès de Robert James Waller, et va se payer un très très gros succès commercial et critique : Sur La Route De Madison. Bénéficiant d'une VF différente (suite à une grève des doubleurs, le doubleur habituel de l'époque, pour Clint Eastwood, n'était pas disponible), ce qui peut perturber un peu au début, ce film, interprété aussi par Meryl Streep, est un drame romantique, un mélo, genre que je n'affectionne vraiment pas. Conséquence : ce film n'est vraiment pas un de mes préférés du réalisateur, c'est même un de ceux que j'aime le moins, je ne le revois jamais. L'histoire d'un photographe chargé, par le National Geographic, de photographier les ponts couverts du comté de Madison (Iowa), en 1965, et qui, par le biais d'une rencontre fortuite avec une habitante du coin temporairement seule (son mari et ses enfants sont partis en excursion), va tomber amoureux d'elle, et réciproquement. Les amateurs de ce genre de films considèrent souvent que c'est un des meilleurs du genre, un vrai tire-larmes à l'ancienne, bien réalisé et interprété (je le reconnais sans peine, et la musique est sublime), mais, vraiment, ce n'est pas mon genre.
En 1997, Clint Eastwood sort un polar complotiste qui marchera plutôt bien (malgré des critiques mitigées) : Les Pleins Pouvoirs. Le casting est remarquable (Gene Hackman comme toujours dans un rôle de salaud, il sait si bien les jouer ; Ed Harris ; Scott Glenn ; Laura Linney ; Clint lui-même évidemment), l'histoire est intéressante (un cambrioleur vétéran surprend par hasard un meurtre perpétré, sur une jeune femme, par deux agents de sécurité du Président, alors que le Président s'apprêtait à la violer et qu'elle ne faisait que se défendre ; le meurtre est déguisé en accident, et Luther, le cambrioleur, va tout faire pour que la vérité éclate). Le problème du film est qu'il est poussif, très moyennement intéressant malgré le postulat de départ. Je n'ai jamais réussi à totalement accrocher à ce film, qui ne compte pas parmi les meilleures productions d'Eastwood. Dommage, ça aurait vraiment pu être un grand film, mais la sauce ne prend pas...
L'année suivante, Clint est seulement réalisateur avec Minuit Dans Le Jardin Du Bien Et Du Mal, adaptation d'un roman de John Berendt qui (le film, pas le roman), ne sera pas un gros succès commercial. On le jugera long (2h30), étrange, alambiqué même...Interprété par John Cusack, Kevin Spacey, Jude Law, Lady Chablis Deveau (dans son propre rôle, c'est une drag-queen), Alison Eastwood et Jack Thompson, le film se passe à Savannah, en Georgie. Un journaliste est envoyé à Savannah pour couvrir une grande fête organisée, annuellement, à Noël, par Jim Williams, un antiquaire richissime local, figure importante de la ville. Au cours de la fastueuse soirée, le secrétaire particulier de Williams est assassiné, et on accuse Williams du meurtre. L'enquête et le procès suivent alors... Le film, doté d'une atmosphère étrange, quasi fantastique (et très Sud profond, comme Dans La Brume Electrique de Tavernier) se base sur des faits réels, Jim Williams a vraiment existé, et a vraiment été accusé (mais acquitté après moult procès) de meurtre. Les acteurs sont excellents, le scénario, étonnant, est un peu complexe parfois, et le film un peu long, mais je pense vraiment que le film est sous-estimé. A redécouvrir !
En 1999, Clint revient dans les deux fonctions de réalisateur et acteur pour Jugé Coupable (la VF offre à Clint sa nouvelle voix, l'ancien doubleur étant décédé en 1998), un très bon film qui, hélas, sera un échec commercial, le deuxième d'affilée pour le réalisateur (car Minuit Dans Le Jardin Du Bien Et Du Mal n'a, on s'en doute, pas cartonné). Dans ce film, on suit l'enquête d'un journaliste vétéran, à moitié moqué par ses collègues car considéré comme vieux jeu, qui est persuadé, et va tout faire pour le prouver, qu'un homme, qui doit bientôt être exécuté pour meurtre, est innocent. Noir, il a été cependant formellement reconnu par des témoins et jugé coupable, mais Steve, le journaliste (à la vie privé chaotique), est persuadé du contraire. L'exécution devant aloir lieu d'ici quelques jours, le temps presse... Le film est interprété par James Woods, Michael Jeter, Isaiah Washington, Diane Venora, Bernard Hill et LisaGay Hamilton, et est un très bon film de suspense, un peu maniériste par moments, il est vrai, mais il mérite bien mieux que sa réputation. Je l'aime beaucoup, ce 'petit' Eastwood. On notera une très amusante (mais inutile) scène où Steve fait visiter (pressé par le temps mais tenu par des obligations familiales) le zoo en quatrième vitesse à sa fille !
En 2000 (un film par an, c'est pas mal, non ? Mais à ce rythme-là, on peut comprendre que certains films ne soient pas toujours top), Clint se fait plaisir avec une comédie. Space Cowboys, qu'il interprète aux côtés de Tommy Lee Jones, James Garner et Donald Sutherland (James Cromwell, Marcia Gay Harden, William Devane et Toby Stephens jouent aussi dans le film) est en effet un film assez léger sur quatre vétérans de aérospatiale, qui auraient dû partir dans l'espace autrefois mais furent remplacés par un singe (une mésaventure similaire, et totalement véridique, est dans le film L'Etoffe Des Héros). 40 ans plus tard, ça fait longtemps qu'ils sont à la retraite, mais on les rappelle, afin d'aller récupérer, ou en tout cas de neutraliser, un satellite russe qui menace de tomber sur la Terre. Dans le satellite, un module inventé, autrefois, par Corvin (Eastwood), un des quatre astronautes. Bien que pas vraiment génial (mais sincèrement, chez Clint, il y à bien pire), Space Cowboys marchera mieux que les trois précédents films du réalisateur. On sent que les acteurs se sont bien marrés à faire ce film, qui reste tout de même divertissant et léger. Sympa, quoi, mais pas transcendant.
Il faut attendre 2002 pour le film suivant, qui sera une adaptation d'un excellent roman policier de Michael Connelly (un de ceux mettant en scène le flic McCaleb), sur un scénario de Brian Helgeland : Créance De Sang. L'histoire d'un profiler du FBI qui se fait greffer un nouveau coeur, et qui, pendant sa convalescence, reçoit la visite d'une femme lui apprenant que le coeur qui lui a été greffé est celui de sa soeur, qui fut tuée. McCaleb, qui se sent furieusement endetté vis-à-vis de la malheureuse, décide de reprendre l'enquête, au point mort, sur le meurtre de sa donneuse involontaire, et va peu à peu découvrir que si elle a été tuée, c'est parce qu'elle était compatible avec McCaleb... Un polar efficace (même si le roman est meilleur) Interprété aussi par Anjelica Huston, Jeff Daniels, Wanda De Jesus et Dylan Walsh, et dans lequel Clint Eastwood est très convaincant en vieux flic affaibli par sa greffe, et rongé par une sorte de culpabilité. Un très bon film, mais pas un de mes films préférés de Clint.
En 2003, Clint réalise un des segments d'une série documentaire sur le blues. Il réalise aussi ce film, Mystic River, adaptation d'un roman de Dennis Lehane, et un de ses plus gros succès commerciaux et critique (deux Oscars, deux Golden Globes à chaque fois pour Sean Penn et Tim Robbins, César du meilleur film étranger), sur un scénario, encore une fois, de Brian Helgeland. Clint ne joue pas dans ce film, interprété par des acteurs prodigieux : Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon, Larry Fishburne, Marcia Gay Harden, Eli Wallach, Laura Linney. L'histoire de trois amis d'enfance, à Boston (la rivière qui borde la ville s'appelle la Mystic). En 1975, l'un d'entre eux est enlevé, sous leurs yeux, par deux hommes en voiture, et sera retrouvé, traumatisé mais vivant, quelques jours plus tard. 25 ans plus tard, leurs chemins, séparés (l'un est truand, l'autre, Sean, bosse pour le FBI, celui qui fut victime de rapt n'a pas vraiment réussi sa vie), se retrouvent quand la fille de l'un d'entre eux (le truand, Jimmy) est retrouvée morte, assassinée. C'est sur Dave, qui fut enlevé autrefois, que les soupçons vont se porter... Un film remarquable, doté d'une atmosphère poisseuse et mélancolique, nostalgique et oppressante en même temps. Le final est absolument immense, et les acteurs, sensationnels. Un chef d'oeuvre du genre, et évidemment, un de ses meilleurs films, ainsi qu'un des meilleurs films pour chacun des trois acteurs principaux.
Encore un chef d'oeuvre, couronné par des Oscars, pour Clint avec Million Dollar Baby, en 2004. Le film, qui a aidé à révéler Hilary Swank, est aussi interprété par Clint, par Morgan Freeman et par Jay Baruchel, et est un drame prenant sur une jeune femme, déterminée à s'en sortir via la boxe, et qui parvient à convaincre deux anciens boxeurs de renom, devenus gérant d'une salle, de l'entraîner. D'abord réticents, ils acceptent, et vont faire d'elle une championne. Un film prenant et passionnant, triste comme un jour de pluie et inoubliable. Deux Golden Globes (meilleure actrice, meilleur réalisateur), quatre Oscars (dont les mêmes catégories, et aussi meilleur film et meilleur second rôle pour Freeman), entre autres récompenses, pour cet incroyable succès commercial et critique qui rentre probablement dans un Top 10 des films d'Eastwood. Inoubliable. Mais attention, c'est un tire-larmes, parfois...
Après un tel succès, Clint prépare un duo de films, qui sortiront en 2006 et 2007 respectivement, et qui sont deux facettes d'une même histoire. Deux films de guerre. Le premier, sorti en 2006, c'est Mémoires De Nos Pères. Interprété par Ryan Philippe, Adam Beach, Jesse Bradford, Barry Pepper et Paul Walker (entre autres), le film prend place pendant la Seconde Guerre Mondiale, sur le front du Pacifique, et relate précisément l'histoire de trois soldats américains au cours de la bataille d'Iwo Jima et après la bataille, alors qu'ils sont devenus des héros nationaux. Un film à la fois nationaliste, patriotique donc, et très réaliste et critique : la fameuse photo (voir l'affiche) prise sur les lieux, comme il est dit dans le film, ne montre pas vraiment les vrais soldats, mais fut une reconstitution, et les trois soldats considérés comme des héros car apparaissant sur la photo ne sont pas les vrais dresseurs du drapeau, et ils le savent très bien. L'autre film, sorti en 2007, Lettres D'Iwo Jima, est le pendant japonais (la distribution est entièrement nippone, avec Ken Watanabe en acteur principal) et relate la bataille d'Iwo Jima vue du côté de l'ennemi japonais. Un film que je trouve plus réussi que le premier, mais les deux oeuvres sont intéressantes et totalement complémentaires.
En 2008, deux films. Le premier d'entre eux est L'Echange, avec Angelina Jolie et John Malkovich (première fois que ces deux acteurs bossent avec Eastwood, lequel ne joue pas dans le film), un film que je n'aime pas trop (et qui ne fut pas un retentissant succès, au demeurant) sur une jeune femme qui, en 1928 à Los Angeles, laisse son fils seul à la maison pour aller travailler, et ne le retrouve pas en rentrant chez elle. Quelques mois plus tard, la police de la ville retrouve un enfant, du même âge (9 ans), et le restitue à la jeune femme en lui disant que c'est son fils. Mais elle ne le reconnaît pas, et sait que ce n'est pas lui. Mais on la force à soutenir la version de la police et à se taire. Tout en s'occupant du gamin, elle va mener son enquête pour retrouver son vrai enfant... Le film est inspiré d'une histoire vraie. La reconstitution du L.A. des années 20 est excellente, les acteurs sont très bons, mais je n'arrive pas à totalement entrer dans ce film pourtant loin d'être foiré. Je ne sais pas pourquoi, sans doute est-ce parce que je ne suis pas fan du tout de l'actrice principale. Le film suivant sera un gros succès et est un vrai monument d'émotion : Gran Torino. Interprété par Eastwood qui y excelle dans le rôle d'un retraité de l'industrie automobile possesseur d'une Gran Torino d'époque, récemment veuf, et plutôt du genre acariâtre et raciste, le film raconte sa rencontre avec le fils de ses voisins, qui sont d'origine hmnong (originaires du Vietnam), comme pas mal d'habitants du quartier où il réside. Bien qu'à moitié d'origine polonaise, Kowalski est raciste, il a fait la guerre de Corée, et inutile de dire qu'il n'aime pas ses voisins, mais il va se lier d'amitié avec le garçon, jusqu'à le prendre sous son aile quand celui-ci commence à se faire harceler par un gang local qui veut qu'il les rejoigne. Un film absolument remarquable, interprété magnifiquement (Bee Vang, qui joue le garçon, est non-professionnel). Un de ses meilleurs films. César du meilleur film étranger.
En 2009, un de mes films préférés d'Eastwood sort : Invictus. Pas un film sur le parfum (ah ah), mais sur deux sujets, en fait : le rugby et Nelson Mandela. Le film est interprété par Morgan Freeman, Matt Damon, Scott Eastwood, Tony Kgoroge. Il prend place en Afrique du Sud au moment de la coupe du monde de rugby, en 1995, peu après que Mandela soit arrivé au pouvoir. Pour Mandela, une bonne occasion de réunir l'ensemble du pays, afrikaners et natifs, est le sport, et il encourage François Pienaar (Damon), capitaine de l'équipe nationale, les Springboks, à tout donner. Jusqu'à la victoire... Bien que rempli d'anachronismes et de petites erreurs, le film, qui tire son nom d'un poème distribué aux joueurs de l'équipe pour les booster, est une fidèle reconstitution. C'est surtout un fim passionnant, brillamment interprété par Morgan Freeman (parfait en Mandela) et Damon. Même si on n'aime pas particulièrement le sport (c'est mon cas, mais je préfère le rugby au foot, ceci dit), Invictus est un film à voir, et vraiment prenant de bout en bout. Ce n'est vraiment pas le cas du film suivant, sorti en 2010, également interprété par Matt Damon (et avec Cécile De France, Bryce Dallas Howard, Thierry Neuvic, Marthe Keller, Derek Jacobi et Jay Mohr ; mais pas Clint) : Au-Delà. Une des rarissimes incursions de Clint dans le domaine du surnaturel, le film raconte plusieurs histoires imbriquées les unes avec les autres : une journaliste française de la TV témoin du tsunami de 2004, qui a failli y rester et a vécu une Expérience de Mort Imminente ; un ouvrier américain, ancien médium, tiraillé par son passé ; un jeune londonien qui vit avec son frère jumeau, qui va mourir. Le survivant va se sentir coupable de cette mort pour laquelle il n'y est, en fait, pour rien (un accident de la route) et va à son tour vivre une expérience traumatisante. Le film est un gros pensum assez insipide malgré les acteurs. Un coup dans l'eau.
En 2011, Clint Eastwood revient en grande forme avec un biopic, son premier depuis Bird. Un film remarquable intitulé J. Edgar, et interprété par un Leonardo Di Caprio absolument dantesque (cet acteur, quand il le veut, est vraiment bluffant), qui partage le film avec Arnie Hammer Naomi Watts, Judi Dench et Lea Thompson. Parfait de bout en bout, le film raconte l'histoire du premier directeur du FBI, J. Edgar Hoover, personnage complexe, craint et respecté, détesté aussi, qui aurait tenu les USA par les couilles durant plusieurs décennies (des années 20 à sa mort en 1972), par le biais de dossiers secrets et compromettants sur des hommes politiques, des célébrités, etc. Un homme influent qui a dirigé sa création, le FBI, d'une main de fer dans un gant de fer garni de pointes. Un homme qui avait aussi des choses à cacher, des complexes, des zones d'ombre, et le film ne les néglige pas, sans pour autant en faire le point principal du film. Di Caprio est bluffant, le film est sobrement mais efficacement réalisé, et est une incontestable réussite. Mais il ne fait pas partie des films les plus connus du réalisateur, j'en ai l'impression, du moins en France. Sans doute est-ce parce que le personnage de Hoover est moins connu et important en France qu'aux USA. Après ce film, il faudra attendre 2014 pour qu'Eastwood fasse un film, et ça sera Jersey Boys, biopic musical sur les Four Seasons, groupe vocal américain des années 50, mené par Frankie Valli, des chanteurs italo-américains qui connurent une belle carrière. Pas le film, du moins, pas chez nous. Interprété par des acteurs peu connus (John Lloyd Young, Vincent Piazza...bon, on a aussi Christopher Walken), le film est intéressant mais mineur dans la filmographie imposante du réalisateur.
L'année suivante, en 2015 donc, arrive le plus gros succès commercial d'Eastwood réalisateur (qui, tout comme pour les quatre précédents films, ne joue pas dedans), un film qui sera aussi source de polémique (toujours ce coté réactionnaire et conservateur qui touche Clint depuis 1971) et est adapté de l'autobiographie de Chris Kyle, un ancien sniper de la Navy SEAL, mort en 2013 dans un accident de tir : American Sniper. Le film est interprété par Bradley Cooper, Sienna Miller et Jake McDorman et raconte la vie de ce héros américain, tueur d'élite durant la seconde guerre du Golfe, et qui s'est engagé dans l'armée (après une brillante carrière de champion de rodéo dans son Texas natal) suite aux attentats du 9/11. Après la fin de sa carrière militaire, il est devenu enseignant pour les vétérans souffrant, comme lui, de stres post-traumatique ou étant revenus amoindris de la guerre. Encore une réussite absolue (Cooper y est incroyable, sans doute dans son meilleur rôle) pour Clint, même si le côté ultra patriotique et assez conservateur du film et de son personnage principal peut faire grincer des dents. Mais le film est passionnant.
En 2009, un accident d'avion, qui s'est miraculeusement bien terminé (le pilote ayant réussi à se poser en urgence dans le fleuve Hudson, à New York), fait la une de toute la presse internationale. Une histoire comme on n'en voit que dans les films. L'occasion est trop belle : Eastwood achète le droits du livre que le pilote héroïque a écrit, et en fait un film en 2016 : Sully. Premier film qu'il tourne avec Tom Hanks (étonnant que ces deux monstres sacrés n'aient jamais collaboré auparavant), et interprété aussi par Aaron Eckhart et Laura Linney, c'est un film court (95 minutes) et très prenant sur cette histoire incroyable survenue au pilote Chesley 'Sully' Sullenberger...mais aussi sur les suites de l'histoire : il passera en commission dirigée par la FAA (organisme qui gère l'aviation civile aux USA), c'est tout juste si on ne l'accusera pas de malveillance ou de défaillance... Un film remarquable malgré sa trop courte durée, qui laisse un sentiment un peu mitigé. Mais les acteurs, à commencer par Hanks, sont parfaits. Un excellent cru, donc. Meilleur que son dernier film à ce jour, sorti en 2018 et inspiré par un autre fait réel (survenu en France en 2015 : une attaque terroriste foirée, dans un train, grâce à l'héroïsme des passagers, et notamment de soldats américains en permission à bord du train) : Le 15h17 Pour Paris. Coup de génie du film : les trois héros sont interprétés par eux-mêmes, acteurs non-professionnels donc. Le film, court (même durée que Sully), est très réaliste rien que par rapport à cette distribution, qui donne un côté docufiction à l'ensemble. N'ayant pas été montré à la presse au moment de sa sortie (pourquoi ? Pour éviter d'éventuelles mauvaises critiques, qui auraient été mal venues compte tenu du sujet du film et de sa distribution no shit ?), le film n'a pas été un très gros succès, n'a pas été très bien accueilli, et n'est pas, il faut le dire, immense. Mais c'est tout de même un assez bon film. En espérant que le film suivant, La Mule, que Clint a tourné (il joue dedans, une première, le concernant, depuis 2008), et qui doit sortir dans quelques mois (janvier 2019 en France, décembre 2018 aux USA) l'histoire vraie d'un vieillard devenu convoyeur de drogue afin d'échapper à l'endettement, soit un bon cru...