Spoilers...
Un des plus grands (et des plus ambitieux) romans de Stephen King est publié en 2011 aux USA et en 2013 chez nous : long d'un peu plus de 900 pages en grand format, c'est par conséquent un véritable pavé du nom de 22/11/63, une histoire grandiose sur un sujet quelque peu éculé (le voyage temporel), que King a magnifiquement réussi à traiter. Dès ma première lecture du roman, à sa sortie, j'ai eu envie d'en voir une adaptation cinéma, me disant que, tôt ou tard, une telle histoire serait adaptée. Elle l'a bien été, mais pour la télévision, en série TV, en 2016. En fait, ce n'est pas pour la TV, mais pour une plateforme de VOD, Hulu, que cette série a été faite aux USA. En France, elle a été diffusée sur Canal + en janvier dernier, et elle existe en DVD et Blu-ray. Il s'agit d'une mini-série de huit épisodes d'une heure, une saison unique, contrairement à Under The Dome et Dead Zone, autres adaptations en séries TV de romans de King qui ont été l'ojet de plusieurs saisons. 22.11.63 (oui, pour le titre de la série TV, les slashes ont été remplacés par des points...) est réalisée par Kevin Macdonald et interprétée, pour les rôles principaux, par James Franco, Chris Cooper, Cherry Jones, Sarah Gadon, Lucy Fry, Daniel Webber, Josh Duhamel, George MacKay et Kevin J. O'Connor. Il y à d'autres acteurs, évidemment, mais je ne vais pas les citer tous. Niveau scénario, c'est signé Bridget Carpenter d'après le roman de King, lequel est un des producteurs délégués du bouzin. La production en tant que telle est signée, notamment, J.J. Abrams.
Je ne vais pas rentrer dans le détail de tous les épisodes de la série TV. Jake Epping (James Franco) est professeur d'anglais au lycée de Lisbon, dans le Maine, et accessoirement un écrivain, qui traverse une crise d'inspiration. Un de ses étudiants, Harry Dunning (Leon Rippy), plus âgé que lui, lui raconte un jour une histoire sordide mais hélas authentique : il a vu, en 1960, le soir de Halloween, son père tuer sa famille, à Holden, dans le Kentucky, où il vivait alors. Cette histoire va marquer Jake. Un jour, Al Templeton (Chris Cooper), un ami de Jake, qui tient un snack-bar dans lequel vient souvent Jake, lui révèle que dans le placard de son snack-bar se trouve une faille temporelle, ce qu'Al a découvert il y à peu, et grâce à laquelle on peut traverser le temps pour se retrouver en 1960. Atteint d'un cancer, Al utilise souvent cette faille pour replonger dans un idyllique passé, d'autant plus que chaque traversée, peu importe le temps qu'elle dure, ne fait perdre que quelques minutes de présent (on peut rester 10 ans dans le passé, quand on reviendra, seulement quelques minutes se seront écoulées en réalité).
Mais Al est malade, et il demande à Jake de continuer pour lui la mission qu'il avait entrepris, au fil de ses traversées temporelles : essayer d'empêcher l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas. Al avait commencé à mener son enquête, restant plusieurs fois trois ans durant dans le passé pour essayer d'empêcher cet évênement, mais la maladie le rattrape. Par amitié pour son ami, et par curiosité aussi, Jake accepte. Traversant la faille, il arrive le 21 octobre 1960 (cette date est toujours celle de l'arrivée, de même que les lieux ne changent jamais : Lisbon, Maine), et prend l'identité de George Amberson, s'installe dans une petite pension de famille, commence doucettement à gagner de l'argent en jouant à des paris sportifs dont il connaît déjà le résultat via un almanach sportif (ce qui n'est pas sans rappeler Retour Vers Le Futur 2), et il commence ses investigations autour du personnage de Lee Harvey Oswald et de ses fréquentations.
Mais l'histoire que son étudiant âgé Harry lui avait raconté (comment son père, à Halloween 1960, a massacré les siens sur un coup de folie) lui trotte dans la tête, aussi. Jake va donc essayer d'empêcher ce drame familial d'arriver, et décide de faire de ça son coup d'essai de changement du passé. Il parvient à éviter ce drame (il ne peut empêcher de tuer Frank, le père de Harry, dans l'affaire, mais la famille est sauve). Le barman de la ville, Bill Turcotte (George MacKay), découvre un morceau de papier sur lequel Jake a écrit Kennedy sera assassiné dans une rue de Dallas, interroge Jake qui lui révèle le pot aux roses. Les deux hommes vont collaborer, Bill, d'abord incrédule et menaçant, décide en effet d'aider Jake dans sa mission. Ils mènent leurs investigations ensemble, allant jusqu'à louer une maison en face de celle d'Oswald, dans la petite ville de Jodie, Texas, où Jake se fait engager comme professeur. Il va y rencontrer Sadie (Sarah Gadon), charmante bibliothécaire dont il va tomber amoureux...
Remplie de suspense, cette mini-série TV en huit épisodes est un régal pour amateurs de Stephen King, de fantastique et d'intrigues bien menées, remplies de détails (le personne ne cesse, parfois, de revivre certaines choses, au fil de ses allers/retours, car il revient toujours au même endroit et à la même date : s'il a fait quelque chose d'important, il doit le refaire à chaque fois, en mieux ou en aussi bien), et en reconstitutions historiques. On comprend bien évidemment pourquoi empêcher l'assassinat de JFK est important : s'il n'est pas tué à Dallas en 1963, il ne sera pas remplacé par Johnson, la guerre du Vietnam n'aura très certainement pas lieu, ainsi que, probablement, d'autres évênements politiques ultérieurs. Un peu comme l'assassinat de l'archiduc à Sarajevo en 1914 a entraîné à peu près tout ce qui s'est par la suite passé dans le XXème siècle (Première guerre mondiale, nazisme, fascisme, Seconde guerre mondiale, Shoah, URSS...), l'assassinat de Kennedy a eu d'importantes répercussions dans l'Histoire moderne des USA, et on comprend vraiment pourquoi empêcher sa mort par assassinat est un enjeu crucial, et que le jeu en vaille la chandelle (Jake risque sa vie à de nombreuses reprises, et il n'a évidemment pas envie de mourir à une époque où il n'est probablement même pas encore né ; sans parler que sa mort aurait de graves répercussions sur le présent).
Les acteurs, James Franco pour commencer, sont vraiment excellents (j'avais au départ des réticences vis-à-vis de Franco, mais il se démerde comme un chef dans le rôle principal, même si ce n'est pas lui que j'aurais engagé, personnellement), le scénario adapte bien (avec des différences, mais c'est quasiment inévitable) le long et passionnant roman-fleuve de King (avis aux lecteurs n'aimant pas le genre de romans que King écrit : ce n'est pas un roman d'horreur, mais un thriller historique, et je ne peux que vous conseiller sa lecture, c'est parmi ce que l'auteur a fait de mieux), le format est idéal pour une telle histoire (même avec un film de 3 heures, ou deux films de 2h30, il aurait été compliqué d'adapter un tel roman sans, quelque part, tailler dans le gras et faire des sacrifices dans l'histoire et les personnages ; et ça aurait été vraiment dommage). Cette mini-série est donc une vraie réussite, avis aux amateurs !