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Pour ce nouveau numéro (publié tardivement après le dernier de la série, mais il m'a fallu du temps pour le faire, vu le sujet !) de la série "Un Oeil Sur...", consacré aux filmographies des réalisateurs, je n'ai vraiment pas choisi la facilité. Non seulement la filmographie de ce réalisateur est longue, mais elle est, de plus, du genre à être découpée en plusieurs segments. Je veux bien entendu parler de Steven Spielberg. J'ai hésité (non pas à aborder ce réalisateur dans la série, car au contraire, je tenais vraiment à le faire) entre faire un article global qui parle rapidement de l'ensemble de ses films, chronologiquement parlant, ou bien faire deux articles : un sur ses films type blockbusters, et un sur ses films dits 'adultes', moins évidents, mais tout aussi spielbergiens. J'ai choisi la première solution, ce qui explique la longueur marathonienne de cet article. Voici donc la filmographie de Steven Spielberg. Uniquement pour les films cinéma (plus Duel, quand même), parce que sinon, on ne s'en sort plus. Né à Cincinnati dans l'Ohio le 18 décembre 1946, Steven était un élève assez moyen, mais passionné de cinéma. Il n'a pas pu entrer dans l'école de cinéma qu'il voulait, rapport à ses résultats, mais a intégré des cours d'art dramatique en Arizona. Il a tourné son premier film en 1959, un court de 4 minutes, totalement amateur, un western. Il avait 12 ans. En 1964, il a tourné un film de SF de plus de deux heures, Firelight, tourné en Super 8 (plus de 300 bobines de ce format ont été nécessaires, certaines ont été depuis perdues) puis, en 1968, un court-métrage dont le nom sera par la suite celui de sa société de production : Amblin. Avec ce film de SF, il obtiendra plusieurs récompenses.

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A partir de 1968, il a réalisé des épisodes de séries TV telles que Night Gallery, Docteur Marcus Welby, Columbo et Les Règles Du Jeu, mais il faudra attendre 1971 pour que son premier film officiel ne sorte...à la TV, car c'est un TVfilm (qui sortira en salles deux ans plus tard suite à son succès d'audience, et obtiendra le Grand Prix à Avoriaz en 1973) : Duel. Ce film, d'une durée de 75 minutes lors de sa diffusion TV (et rallongé de 15 minutes pour l'étoffer quelque peu, à l'occasion de sa sortie salles, c'est la version longue qui existe en DVD et passe désormais de temps en temps à la TV, comme récemment sur Arte), est interprété par Dennis Weaver, un acteur habitué des séries TV et TVfilms (Gunsmoke, La Quatrième Dimension), qui joue le rôle d'un homme partant au boulot en voiture, par des routes secondaires en Californie. Il rencontre un immense et crasseux semi-remorque polluant sur la route, parvient difficilement à le doubler, mais le camion revient à la charge, le dépassant, l'empêchant de le doubler, lui fonçant dessus quand il y parvient, et, d'une manière générale, tente de le foutre dans le décor. Adapté d'une nouvelle de Richard Matheson, Duel est un monument de suspense douloureux (le passage à niveau...) presque sans paroles (la version longue inclut une voix-off et des scènes de dialogues rajoutées, qui n'apportent rien sauf 15 minutes en plus), dans lequel on ne voit jamais le conducteur du camion, sauf un bras ou une jambe. A se demander si le camion ne serait pas un authentique monstre n'ayant pas besoin de conducteur...

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Duel cartonnera niveau audience et aura de bonnes critiques, on en parle encore, avec raison, comme du meilleur TVfilm jamais tourné. C'est un des rares TVfilms qui passent encore à la TV et existent en DVD. Comme je l'ai dit, il sort en salles deux ans plus tard (pour les USA, il ne sortira en salles qu'en 1983, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'entre 1971 et 1983, il a très certainement dû être rediffusé plein de fois). Un an après la sortie salles française de son TVfilm, Spielberg sort son premier film cinéma achevé et digne de ce nom : Sugarland Express. Interprété par Goldie Hawn, William Atherton et Ben Johnson, ce film se base sur des faits réels et est à la fois un road-movie, un polar et une comédie dramatique, sur un couple de paumés (le mec vient de s'évader d'une ferme-prison et est un petit délinquant sans envergure) qui partent récupérer leur bébé, confié à une famille d'accueil. En route, pourchassés par la police, ils prennent justement un jeune flic en otage, et partent dans sa voiture de patrouille. Le film, qui ne sera pas un succès commercial et est aujourd'hui encore assez peu connu sauf des fans et des cinéphiles, sera présenté à Cannes en sélection officielle, et obtiendra le prix du scénario. C'est le seul film de Spielberg a avoir été présenté en compétition à Cannes. C'est un excellent film qui, déjà, présente pas mal d'éléments du cinéma spielbergien : la fascination pour les petites gens, un certain génie pour capter les regards...

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Mais c'est le film suivant qui va tout changer : une adaptation d'un best-seller remarquablement mal écrit, signé Peter Benchley (un journaliste à la base). Le film s'appelle comme le roman, soit Les Dents De La Mer, et dès sa sortie en 1975, va casser la baraque. Interprété par un trio de choc (Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss), et avec aussi Lorraine Gary et Murray Hamilton, le film, dans lequel Benchley apparaît dans un rôle de reporter TV, est un classique du suspense horrifique, un film terrifiant et stressant dont je ne vous ferai pas l'affront de vous dire de quoi il parle. Toujours aussi traumatisant qu'à l'époque de sa sortie (la scène du radeau pneumatique, et le final, restent dans toutes les mémoires), le film engendrera trois suites de plus en plus médiocres (nulles, même, pour les deux dernières), ainsi qu'une succession de films sur les attaques de requin, tous épouvantablement mauvais, la palme revenant aux Sharknado de sinistre mémoire nanardesque... L'original de 1975 restera à jamais un classique. Deuxième film cinéma de Steven, et déjà un triomphe au box-office. Si on rajoute le prix à Cannes pour son précédent film, plus le succès du TVfilm Duel, la carrière démarre donc vraiment sous les meilleurs auspices. 

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Et ce n'est pas le film suivant, sorti en 1977, et toujours interprété par Richard Dreyfuss (et avec aussi Melinda Dillon, Teri Garr, Bob Balaban et le réalisateur français François Truffaut, dans son seul rôle dans un film hollywoodien), qui va entacher cette petite réputation : Rencontres Du Troisième Type. Ce film est assurément un des plus grands triomphes du réalisateur (et pour moi, son meilleur film des années 70). Un classique absolu de la SF, mais de la SF sérieuse, adulte, réfléchie. Certes, des effets spéciaux, il y en à, ici, dans ce film sorti la même année qu'une certaine Guerre Des Etoiles, mais ce n'est pas un blockbuster qui en met plein les yeux en vous faisant oublier le cerveau au vestiaire. Film sur les OVNIS plus que sur les extra-terrestres, c'est aussi un film profondément humain, positif, optimiste, touchant, parfois drôle, parfois émouvant, jamais brutal, jamais stupide. Comme pour le précédent film, la musique de John Williams est inoubliable (cinq notes que l'on retient à vie), les acteurs sont parfaits, plusieurs scènes sont cultes. A noter que le film ressortira en 1980 dans une version quelque peu modifiée (le final changé, notamment), puis à nouveau en 2001, dans une version dite director's cut. Le Blu-ray (et probablement DVD, aussi) du film propose les trois versions, toutes belles. Quelle que soit la version, le film est un chef d'oeuvre.

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Tout réussit à Spielberg, donc. Tout ? Heu, attendez un peu... 1979. Fort du succès monumental de ses deux précédents films, et ayant refusé de tourner Les Dents De La Mer 2 parce qu'il ne sentait pas le film et n'avait pas envie de faire une suite à son succès (dont le tournage fut très difficile ; la réalisation de la suite sera confiée au français Jeannot Swarc), Steven réalise une comédie complètement dingue (screwball, comme on dit aux USA) avec un scénario de Robert Zemeckis et Bob Gale, et un casting totalement fou : Dan Aykroyd, le regretté John Belushi, Warren Oates, Ned Beatty, Toshirô Mifune, Christopher Lee, Robert Stack, Lorraine Gary, Nancy Allen, Treat Williams, Murray Hamilton, Elisha Cook Jr, John Candy, Slim Pickens, Mickey Rourke, Lionel Stander, John Landis, Penny Marshall, Eddie Deezen, Tim Matheson... 1941, tel est le nom de ce film, est un pur délire totalement fou furieux se passant à Hollywood quelques jours après l'attaque de Pearl Harbor, et raconte l'histoire totalement fictive d'une attaque japonaise sur la cité du cinéma. Un gag par seconde ou presque, et une ambiance totalement dingue et camp font de ce film un grand moment de bonheur décomplexé...qui sera hélas un retentissant échec commercial et critique. Jamais plus Spielberg ne refera un film aussi libre. Sa comédie suivante sera Le Terminal, on voit le genre de comédie... 1941 est un de ses meilleurs films, selon moi. Mais c'est clairement un sacré gros bordel (ça l'a été à tourner : Steven était obligé de tirer en l'air avec une mitraillette pour signifier aux acteurs la fin de la scène, car quand il gueulait coupez ! dans le bordel ambiant, personne ne l'entendait) !

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Après ce deuxième échec (n'oublions pas Sugarland Express), Spielberg va s'associer avec George Lucas, et à eux deux, vont créer un personnage inoubliable : Indiana Jones. Le premier film mettant en scène cet aventurier charismatique des années 30 sort en 1981 : Les Aventuriers De L'Arche Perdue. Succès monumental au box-office, le film est interprété par Harrison Ford, que Lucas a révélé dans La Guerre Des Etoiles. A la base, c'est Tom Selleck qui devait jouer l'aventurier, mais il refusera de se raser la moustache et on lui retirera le rôle (et ce fut un soupir de soulagement collectif). Ambiance serial et exotique, acteurs parfaits, scénario inventif et génial, scènes cultes (le final...mais aussi la gigantesque séquence d'introduction, un climax plus fort que le final de bien des films d'aventures qui seront faits après ce film) et musique inoubliable. Un chef d'oeuvre qui va engendrer trois suites tout du long de la carrière de Spielby (et un cinquième film n'est pas inenvisageable, selon le réalisateur et Harrison Ford), ainsi que plein de copies de moindre qualité, et même parfois franchement nulles. Cette première collaboration Spielberg/Lucas (les autres seront...les autres volets de la saga) est parfaite, et pour moi, le meilleur de la saga, même si les autres sont vraiment sublimes aussi. Spielberg est revenu en forme, et son film suivant va complètement entériner cet état de fait.

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1982 : année de ma naissance. Année du Thriller de Michael Jackson. Année, aussi, d'un des plus gros succès commerciaux du réalisateur : E.T. L'Extra-Terrestre. Pour être honnête, je n'ai jamais été fanatique de ce film, interprété par Peter Coyote, Dee Wallace et deux enfants qui, par la suite, deviendront des stars : Henry Thomas et Drew Barrymore. Le film est un tire-larmes par excellence, tout le monde a pleuré (ou tout du moins, senti ses yeux lui piquer) en regardant le film, et notamment sa scène finale des adieux. Spielberg (qui ressortira le film en 2002 à l'occasion de ses 20 ans, en le modifiant quelque peu, rajoutant des scènes et des effets spéciaux...et effaçant les revolvers des agents gouvernementaux et flics pour les remplacer par des talkie-walkies ridicules) avait à la base l'intention de faire un film sur un méchant extraterrestre, mais il décidera finalement d'en faire un gentil. L'histoire ? Des extraterrestres arrivent sur Terre pour prendre des échantillons de la flore, pour analyse. S'éloignant un peu trop du groupe, l'un d'entre eux loupe la navette, reste paumé sur Terre (en Californie), et est récupéré par des enfants qui l'hébergent secrètement dans leur chambre, s'attachant à lui (et c'est réciproque), pendant que des agents gouvernementaux le traquent et que lui n'aspire qu'à rentrer chez lui (Téléphone...maiiiison). Difficile de critiquer un tel film, qui sera un triomphe, un phénomène de société, et le film préféré de pas mal de fans du réalisateur. Comme je l'ai dit, je n'en suis pas fan, c'est un de ses films que je revoit le moins souvent (je l'ai cependant vu en salles à l'occasion de sa ressortie 2002, alors que je le connaissais déjà par coeur), mais il faut reconnaître que c'est vraiment un beau et bon film dans son genre. Un peu trop tire-larmes par moments, un peu trop gentillet, mais tellement humain...et la marionnette de l'ET est remarquable ! La même année, Spielberg écrit et produit (et apparemment, co-réalise pas mal) Poltergeist, de Tobe Hooper, classique absolu de l'horreur. Difficile de se dire que le film, d'une violence brutale, proprement flippant, a été écrit par celui qui, la même année, a signé E.T. L'Extra-Terrestre, mais c'est pourtant le cas !

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En 1983, Spielberg s'associe avec trois autres réalisateurs (John Landis, Joe Dante, George Miller) pour un film collectif à sketches, produit par ses soins et ceux de Landis, et basé sur la fameuse série TV des années 60 La Quatrième Dimension. Le film s'appelle logiquement La Quatrième Dimension : Le Film (comme c'est original) et contient donc quatre sketches, plus ou moins adaptés d'épisodes mythiques de la série TV de Rod Serling. Je ne vais pas parler des sketches réalisés par  Landis, Dante et Miller, allez voir l'article consacré au film, sur le blog, pour en savoir plus sur le sujet. Le sketch de Spielberg est le deuxième du film (j'ai cité les réalisateurs selon l'ordre de passage de leurs segments dans le film), et il s'appelle "Jeux D'Enfants" ("Kick The Can" en VO, et s'inspire de l'épisode du même nom, issu de la saison 3. Scatman Crothers y joue un vieillard arrivant dans un hospice et faisant réveiller les joies de l'enfance aux pensionnaires, les faisant littéralement, le temps d'une nuit magique, retomber en enfance, grâce à un jeu enfantin, cogner dans une boîte de conserve (jouer au foot avec, en gros). L'ambiance globale est des plus mièvres, gnian-gnian, gentillettes pour être poli. C'est un fait : si le film est sympathique, il est aussi inégal, et le segment spielbergien est de loin le moins réussi du lot, une contre-performance étonnante de la part d'un réalisateur qui, en 1983, n'a déjà plus rien à prouver. Bref, Steven a foiré son coup ici, ce segment d'environ 25 minutes est franchement chiant et même embarrassant. Malgré la performance de Scatman Crothers. Heureusement, les autres segments sont meilleurs, mais je suis ici pour parler de Spielberg, pas des autres, alors autant le dire franchement : ce segment de La Quatrième Dimension : Le Film est assurément Spielberg à son plus bas...en attendant un certain film de 1991.

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Le retour d'Indiana Jones se fait en 1984 avec Indiana Jones Et Le Temple Maudit, un film culte qui revisite encore plus le genre serial que les autres volets de la saga. Interprété par Harrison Ford, Kate Capshaw (future femme du réalisateur) et Ke Huy Quan (qui jouera aussi dans Les Goonies de Richard Donner, film écrit et produit par Steven Spielberg), le film est un régal d'aventures à l'ancienne, se passant en Inde, et au cours duquel l'aventurier, accompagné de deux sidekicks étonnants (une chanteuse de cabaret capricieuse, gueularde et vantarde, et un gamin des rues chinois malicieux, débrouillard et fort en gueule), affronte une secte de Thugs, adorateurs de la déesse Kali et adeptes de sacrifices humains sanglants. Sanglant, le film l'est : il sera classé film le plus violent de l'année, est d'une noirceur d'encre, nihiliste au possible, avec ses morts spectaculaires (écrasement par un rouleau, coeur arraché et corps brûlé vif, empalement par une pique de brochette, corps dévoré par des crocodiles...), ses enfants fouettés au sang, son repas folklorique assez visuel et peu ragoûtant, ses cadavres à profusion... Spielberg reniera quelque peu le film, vraiment très sombre, un des films les plus brutaux et violents du réalisateur. C'est un des meilleurs de la série, mais c'est aussi un film éprouvant parfois, quand on est gosse (un de mes premiers souvenirs de film, à la TV, j'avais dans les 6 ans). Encore une fois, un gros succès commercial, et des scènes cultes (encore une fois, l'intro et le final, inoubliables). Visuellement, le film est un enchantement defan de cinéma d'aventures qui rappelle parfois Le Tigre Du Bengale et Le Tombeau Hindou, les deux films de Fritz Lang. Il inspirera une attraction des parcs Disney.

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Toujours en 1984, Spielberg produit Gremlins de Joe Dante. En 1985, il produit Les Goonies de Donner, et Retour Vers Le Futur de Robert Zemeckis (ainsi que les deux suites qui seront faites en 1990). Et toujours en 1985, il réalise un de ses films les plus atypiques, une adaptation d'un roman d'Alice Walker, mis en musique par Quincy Jones : La Couleur Pourpre. Ayant révélé Whoopi Goldberg (qui ne sera pour ainsi dire jamais plus aussi grandiose qu'ici), et aussi interprété par Danny Glover, Oprah Winfrey et Laurence Fishburne, le film se passe dans la première moitié du XXème siècle dans le Sud des USA, et aborde la vie, difficile (ségrégation, misère...) des Noirs. Rien n'est épargné : violences familiales, inceste, pauvreté, racisme, humiliations... Le film est dur, âpre, tragique (c'est le premier film 'adulte' du réalisateur, tout sauf un blockbuster), sublime aussi. On critiquera Spielberg, réalisateur Blanc, et Juif, pour avoir fait un film sur les Noirs. Spielberg s'offusquera quelque peu de ne pas avoir été nominé à l'Oscar du meilleur réalisateur. Le film obtiendra plusieurs récompenses, et s'il ne fait pas partie des plus connus du réalisateur, c'est en tout cas un de ses plus beaux, à voir absolument. 

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Spielberg mettra deux ans avant de refaire un film. 1987, donc (le film a été tourné tout du long de 1986, en fait). Empire Du Soleil, un des premiers films occidentaux à avoir été tourné, ne serait-ce qu'en partie, en Chine communiste (ce qui est rassurant, quand on sait que le film se passe en Chine), est l'adaptation du livre du même nom, écrit par J.G. Ballard, dont c'est justement, de manière romancée, l'histoire (britannique ayant vécu, enfant, à Shanghaï, alors sous protectorat britannique, il a été, durant la Seconde Guerre Mondiale, parqué, adolescent, dans un camp de prisonnier tenu par l'occupant japonais, séparé de ses parents). Niveau interprétation, on a Christian Bale, 13 ans à l'époque, dans son premier rôle, et qui crêve l'écran. On a aussi John Malkovich, Joe Pantoliano, Ben Stiller dans un petit rôle. Le film est parfois un petit peu confus et un peu trop lyrique, mais il est superbe. Il est aussi très sombre, rapport à son sujet (la guerre vue par un enfant), rapport aussi à la psychologie de certains personnages (John Malkovich, qui protège l'enfant, mais se sert aussi de lui, et n'a pas de scrupules à le quitter s'il le faut). Semi-échec commercial, le film, qui a été rediffusé récemment à la TV, est très bon, mais n'a jamais fait partie des plus grands films de Spielberg. Ceci dit, je l'aime énormément, en partie parce que ce fut un de mes premiers Spielberg, avec le deuxième volet d'Indiana Jones et E.T. L'Extra-Terrestre.

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Il faudra attendre 1989 pour que Spielby revienne. Et ça sera avec Indiana Jones Et La Dernière Croisade, troisième volet (et pendant presque 20 ans, le dernier) de la saga du plus fameux aventurier qui soit. Toujours avec Harrison Ford  (et aussi Denholm Elliott et John Rhys-Davies qui reprennent leurs rôles de Marcus Brody et Salah, qu'ils jouaient dans le premier opus), ce film bénéficie aussi et surtout de la présence, dans le rôle du père d'Indy, du grand Sean Connery. Plus une comédie d'aventures qu'un film d'aventures, se passant en 1938 (le premier volet se passait en 1936, et le second en 1935), le film montre Indiana Jones à la recherche de son père, enlevé par les Nazis parce qu'il est le spécialiste du Graal, relique que les Nazis entendent bien trouver pour qu'elle leur apporte la puissance. Encore une fois, un défilé de scènes cultes (le prologue, qui met en scène River Phoenix dans le rôle d'un jeune Indiana Jones, mènera par la suite à une série TV contant les aventures du héros, enfant), avec un scénario inventif, des acteurs époustouflants, une musique parfaite... Le film est un régal de fan ! La même année 1989, Spielberg retrouve Richard Dreyfuss pour Always, comédie fantastique inspirée par un vieux film des années 40. Aussi interprété par Holly Hunter, Audrey Hepburn (dans son ultime rôle) et John Goodman, le film parle d'un pompier des airs, pilote de canadair, qui décède dans un accident aérien, se retrouve au Paradis, et est renvoyé sur Terre, en tant que fantôme, pour distiller son savoir en tant que bon esprit, pour un jeune pilote inexpérimenté. Mièvre, le film ne sera pas un gros succès, et est aujourd'hui bien oublié (à quand date sa dernière diffusion TV ?), ce n'est pas un des meilleurs films du réalisateur, il a un peu le cul entre deux chaises (la première partie, avant l'accident, est très drôle, puis le film plonge dans une histoire de romance inachevée). Mais ce n'est pas mauvais, juste inférieur à ce qu'on est en droit d'attendre de Spielby.

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Après avoir produit les deux suites de Retour Vers Le Futur, Spielberg sort son nouveau film en 1991 : Hook Ou La Revanche Du Capitaine Crochet. Sur le papier, l'idée était pas mal : revisiter le monde de Peter Pan avec un personnage-titre devenu adulte, et forcé de retourner à Neverland pour affronter à nouveau son ennemi, le Capitaine Crochet. Hélas, le film est aussi raté qu'il est possible de l'être, et ce, malgré un Dustin Hoffman absolument génial en Capitaine Crochet. Robin Williams campe Peter Pan, Bob Hoskins joue Monsieur Mouche et Julia Roberts la Fée Clochette. Tout part en couilles dans ce film : les acteurs cabotinent (Hoffman excepté), les décors puent l'explosion de budget, le scénario s'embrouille, la durée du film (2h25) est éreintante, l'humour tombe à plat... Avec Hook, Spielberg signe le pire film de sa carrière ; après un Always déjà mitigé sur le plan commercial et critique, inutile de dire que les années 90 commencent mal pour le réalisateur. Il mettra deux ans avant de revenir, mais attendez de voir !

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1993 est en effet l'année de deux des plus gros succès commerciaux du mecton : l'adaptation cinéma du best-seller de Michael Crichton, Jurassic Park, est le premier des deux. Interprété par Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum, Richard Attenborough et Samuel L. Jackson, le film est un régal d'aventures fantastique, aux effets spéciaux parfaits et au suspense redoutable (on en a parlé, avec raison, comme d'une version dinosaures des Dents De La Mer). On a un peu reproché au film son merchandising éhonté, mais comme l'action se passe dans un parc d'attractions (pas encore ouvert), on voit pas ml de produits dérivés autour des dinosaures, des objets estampillés du nom du film (qui est aussi et surtout celui du parc)... Rien que de très logique, et ça ne m'a jamais choqué. Le film adapte plutôt correctement le roman, même si des personnages qui, dans le roman, meurent ne meurent pas dans le film, et réciproquement. Enorme succès au box-office, le film entraînera deux suites, dont une signée Spielberg, et un reboot, Jurassic World, vraiment réussi (plus réussi que les suites). Quant à l'autre film de 1993, il sera 12 fois nominé aux Oscars et en rajoutera au prestige de Spielby : La Liste De Schindler. 3 heures, en noir & blanc, d'un tragique absolu, sur la Shoah. Liam Neeson, Ralph Fiennes et Ben Kingsley sont inoubliables (Fiennes campe un monstre absolu). L'histoire ? Un industriel allemand associé au parti Nazi va sauver des centaines de Juifs de la déportation en les inscrivant sur une liste de travailleurs essentiels au bien-être de sa société, avec l'aide de son comptable, lui-même Juif... Un grand film, d'une profonde dureté, d'un humanisme total. Essentiel.

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 Pendant quatre ans, rien. Puis, en 1997, Spielberg revient avec, chose unique dans sa filmographie, une suite. Celle de son succès Jurassic Park de 1993. Le réalisateur convaincra Crichton d'écrire une suite à son roman (ressuscitant pour la peine un personnage qui, dans le roman Jurassic Park, mais pas dans le film, mourait : Ian Malcolm), suite que Spielberg adaptera dans la foulée. C'est Le Monde Perdu : Jurassic Park, interprété par Jeff Goldblum (qui reprend son rôle de Malcolm), Julianne Moore, Vince Vaughn, Pete Postlethwaithe, Arliss Howard et Peter Stormare. Je ne sais pas ce que vaut le roman, n'ayant jamais voulu le lire, mais le film est franchement un ratage. Effets spéciaux réussis, mais scénario invraisemblable qui se résume en gros à des dinosaures nous courent après ; vite, fuyons. Beaucoup trop longuet, de plus, le film se termine sur un climax à la King Kong, assez lourdaud. Le film marchera au box-office, mais récoltera des critiques assez acerbes. Il faut dire qu'il y à de quoi, c'est vraiment pas glorieux. Jurassic Park III (réalisé par Joe Johnston, produit par Spielby) et surtout Jurassic World sont nettement meilleurs. Toujours en 1997, Spielby sort Amistad, film fleuve de 2h30 inspiré de faits réels : la révolte d'esclaves Noirs à bord d'une goélette espagnole, la "Amistad", au XIXème siècle. Le bateau est arrivé à New York, à bon port, et les esclaves ont été arrêtés et accusés de meurtre sur la personne de leurs geôliers. Le film raconte le long et laborieux procès de ces esclaves. Interprété par Matthew McConaughey, Morgan Freeman, Djimon Hounsou, Anthony Hopkins, Stellan Skarsgard et Pete Postlethwaithe, le film est très académique, un long pensum contenant quand même de très très bons moments, des acteurs en forme, et de sublimes images et musiques. Mais, semi-échec commercial, le film n'est pas à classer parmi les meilleurs du réalisateur. 1997 : pas une très grande année spielbergienne, en somme. 

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L'année suivante, 1998, arrive le nouveau film de Spielberg : Il Faut Sauver Le Soldat Ryan. Première collaboration avec Tom Hanks, le film est aussi interprété par Matt Damon, Tom Sizemore et Vince Diesel (petit rôle), et est un film de guerre se passant en France durant la Seconde Guerre Mondiale. Pas une comédie, donc, que ce film au fort succès commercial, un peu dissolu parfois, mais comprenant une des séquences les plus fortes jamais filmées : le Débarquement du 6 juin 44, 17 minutes ou peu s'en faut de boucherie absolue, une séquence d'un réalisme et d'une violence ahurissant(e)s, séquence située en ouverture du film. Quelques séquences de combat, durant le film, sont également très fortes, mais pas autant que le prologue. Dans l'ensemble, c'est un excellent film, très patriotique, un peu trop tire-larmes parfois (le final, au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, tout près d'Omaha Beach), mais qui rattrape le ratage quasi-total des deux précédents films de Spielberg. 

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En 1999, Stanley Kubrick décède. Le cinéma perd un de ses plus grands maîtres. Kubrick avait, durant les dernières années de sa vie, bossé sur un scénario de film de science-fiction adapté d'une nouvelle de Brian Aldiss (lui-même mort récemment, il me semble), et avait commencé la préparation du film (storyboards, ce genre de choses). Mais il confiera le projet à Spielberg qui, après la mort de Kubrick, mettra un point d'honneur à accomplir ce projet : A.I., Intelligence Artificielle. Le film sortira en 2001, sur un scénario achevé par Spielberg. Niveau casting, on a Haley Joel Osment (l'enfant-star de Sixième Sens, qui, depuis, est retombé dans un quasi-oubli, même s'il tourne toujours), Jude Law, Frances O'Connor, William Hurt, Sam Robards, Brendan Gleeson et  les voix (en VO) de Robin Williams, Ben Kingsley et Meryl Streep. Le film est une sorte de variation futuriste de Pinocchio, dans laquelle un robot à l'apparence d'un enfant, capable de ressentir de l'amour filial malgré son statut mécanique, ne rêve que d'une chose : devenir un vrai garçon. Il va vivre diverses aventures aux côtés d'un robot-gigolo. Visuellement, le film est sublime. Scénaristiquement, c'est autre chose. On aa eu du mal à vraiment critiquer le film à sa sortie : film-hommage à Kubrick qui avait prévu, à la base, de le faire, c'est aussi un film typiquement spielbergien, malgré des séquences d'une grande noirceur et même dureté (en même temps, certains films de Spielberg ont des séquences vraiment dures). C'est à la fois complexe (trop, parfois : la dernière partie du film a été assez incomprise de pas mal de spectateurs) et très mièvre, un film trop long, surtout (2h25), et inégal, mais il contient de très beaux moments. Une oeuvre à part chez Spielberg. A noter la participation du groupe de metal industriel Ministry (qui, de plus, signe des chansons pour le film) dans une scène.

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On est toujours dans la SF avec le film suivant de Spielby, sorti en 2002 : Minority Report est en effet une adaptation de la nouvelle du même nom, écrite par Philip K. Dick, le grand Philip K. Dick, un des plus majestueux auteurs de science-fiction de l'histoire du genre. Si A.I. a été moyennement accueilli, Minority Report a, lui, été encensé, dès sa sortie, comme un des meilleurs films du réalisateur (c'était d'ailleurs fièrement indiqué sur l'affiche, voir ci-dessus). Première collaboration avec Tom Cruise, le film se passe dans le futur, un futur dans lequel, grâce à des médiums (des Précogs), la police peut savoir à l'avance quel crime va être commis, et par qui, afin d'arrêter les criminels avant qu'ils ne passent aux actes. Le service de police s'appelle Pre-Crime, et John Anderton (Cruise) en est le chef...jusqu'au jour où il et lui-même le sujet d'une prédiction selon laquelle il va bientôt assassiner un homme qu'il ne connaît pas. Traqué, il va chercher la vérité... Une oeuvre totalement dickienne, donc, plus que spielbergienne ; un futur très sombre, glauque et oppressant, servi par la photographie, assez froide. Niveau acteurs, outre Cruise, on a Max Von Sydow, Colin Farrell, Peter Stormare, Samantha Morton... Un grand cru spielbergien de plus. La même année (aux USA, car en France, le film sortira en 2003), Spielberg nous offre un deuxième film, un vrai petit bonbon celui-là : Arrête-Moi Si Tu Peux. Basé sur une histoire vraie, le film est interprété par Leonardo Di Caprio, Tom Hanks, Nathalie Baye, Christopher Walken, Amy Adams, Josh Brolin, Martin Sheen. C'est Gore Verbinski qui, à la base, devait réaliser ce film, qui se passe dans les USA des annés 60 et conte l'histoire incroyable d'un jeune escroc qui, à 16 ans, a réussi une arnaque ahurissante et sera traqué par un agent du FBI tenace joué par l'excellent Hanks. Une comédie au rythme enlevé et à l'ambiance gentiment rétro, et dont le générique et la musique dudit générique ne sont pas sans rappeler les films de Blake Edwards. Un excellent film familial !

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Troisième collaboration entre Spielberg et Tom Hanks, Le Terminal, basé sur des faits réels (qui étaient encore en cours au moment de la sortie du film : la nationalité du protagoniste et les lieux ont été changés, à la base, c'est un Iranien, à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle), à savoir un apatride coincé durant des années (seulement quelques mois, dans le film) dans l'interzone d'un aéroport en raison d'un embrouillamini administratif et politique, est un film sorti en 2004. Comédie romantique interprétée aussi par Catherine Zeta-Jones, Stanley Tucci, Chi McBride et Zoë Saldana, le film est indéniablement un des plus mineurs du réalisateur. C'est sympathique, souvent drôle (mais jamais hilarant), ça se laisse vraiment regarder d'autant plus que Tom Hanks, dans le rôle de ce ressortissant d'un pays slave en situation compliquée à l'aéroport JFK de New-York (suite à une guerre civile dans son pays, un pays fictif), est vraiment excellent. Mais si le postulat de base est intéressant, le film s'enlise progressivement dans une mélasse à la Julia Roberts/Hugh Grant, et si les acteurs secondaires sont très bons, ça ne suffit pas (surtout que le film dure 2 heures). Bref, un cru très mineur de Spielby. 

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2005 est une autre grande année spielbergienne, car, encore une fois, il y aura deux films (le deuxième sortira en fait en janvier 2006, même aux USA, mais a été tourné en 2005). Le premier des deux est un film de SF, un remake modernisé du fameux roman de H.G. Welles : La Guerre Des Mondes. Deuxième collaboration avec Tom Cruise (et à ce jour, la dernière), le film est aussi interprété par Dakota Fanning, Miranda Otto, Tim Robbins (le temps d'une séquence grandiose), Henry Jane Watson et Justin Chatwin. C'est un film dur, assez oppressant, flippant même, qui sent bon son syndrôme traumatique post-9/11 (la première attaque des tripodes extraterrestres est des plus angoissantes, surtout que tout est filmé au niveau humain, ras du sol, ce qui rend les tripodes encore plus effrayants). Un des films les plus sombres et violents de Spielberg. On lui a reproché son final un peu facile (la manière dont les extraterrestres sont vaincus), mais il ne faut pas oublier que dans le roman (un roman datant du XIXème siècle, et qui se passe en Angleterre), c'est la même chose ! Pas le plus connu de Spielberg, et j'ai même l'impression qu'il a été un peu oublié, mais c'est une réussite majeure dans le genre. La même année (et le film sortira début 2006 comme je l'ai dit), Spielberg réalise Munich, un film inspiré de faits réels, la vengeance du Mossad (services secrets israéliens) suite aux attentats des Jeux Olympiques de Munich en 1972, au cours desquels des terroristes palestiniens de l'organisation Septembre Noir ont abattu des athlètes israéliens. Eric Bana, Daniel Craig, Mathieu Kassovitz, Geoffrey Rush, Michael Lonsdale, Mathieu Amalric, Yvan Attal, Ciaran Hinds sont au programme de ce film très long (2h45), sans doute un peu trop long, mais quand même excellent, sombre et dramatique, tout sauf un blockbuster, et qui, commercialement parlant, ne cassera pas la baraque. Mais c'est cependant un excellent cru.

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19 ans qu'on l'attendait, et en 2008, la récompense (immédiatement suivie, dès la sortie du film, de nombreuses critiques) : le quatrième volet de la saga ddu plus fameux aventurier du cinéma : Indiana Jones Et Le Royaume Du Crâne De Cristal. Retour d'Harrison Ford dans le rôle, évidemment, et retour aussi de Karen Allen, dans le rôle qu'elle tenait dans le premier opus. On a aussi Cate Blanchett, Shia LaBeouf (meilleur que ce qui était craint de sa part quand son nom a filtré dans le casting), John Hurt, Ray Winstone et Igor Jijikine. Le film se passe en 1957, finis les Nazis, les méchants sont les Soviétiques. Indy a vieilli, son interprète aussi, ça a donc été pris en compte (difficile de faire autrement, en même temps) dans le scénario. L'ambiance est excellente, avec pas mal de références aux autres films (on aperçoit l'Arche d'Alliance, au début, dans la scène de l'entrepôt). De l'humour à la pelle, un rythme enlevé, un scénario assez bien écrit, mais un final un peu lourdaud dans le temple. Ce n'est pas le meilleur de la série, c'est même, en fait, le moins bon, mais on ne boude pas son plaisir non plus, et franchement, c'est déjà bien que ce film ai pu être fait, après presque 20 ans pendant lesquels on ne savait pas si, un jour, il y aurait un quatrième opus... J'ai personnellement adoré ce  film à sa sortie, en salles, et je continue de l'adorer, c'est un bon film d'aventures comme on aime, peut-être pas un chef d'oeuvre, mais certainement pas un ratage. OK, Cate Blanchett en fait sans doute un peu trop...

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Autre projet qu'on attendait le slip tendu, et qui a finalement déboulé en 2011 en tant que premier opus d'une trilogie (dont on attend toujours que les deux autres volets se fassent, mais rien ne filtre) : Les Aventures De Tintin : Le Secret De La Licorne. Sorti en 2011, ce film est réalisé par Spielberg et Peter Jackson (Spielberg devrait faire seul un autre film, et Jackson seul le dernier ; ou l'inverse !). Spielby projetait depuis des années (il en avait parlé à Hergé qui, peu de temps avant sa mort en 1983, l'autorisera à le faire) de faire un film sur Tintin, ce héros dont il a découvert l'existence en lisant des critiques européennes concernant Les Aventuriers De L'Arche Perdue. Un peu comme Cameron avec Avatar, il attendra que les techniques s'améliorent pour faire le film rêvé, en motion capture, avec acteurs, mais en film d'animation. Si Daniel Craig joue le méchant, c'est avec l'apparence de Spielberg qu'il est à l'écran ! Jamie Bell joue Tintin, Gad Emlaleh joue un petit rôle, Andy Serkis joue Haddock (cet acteur ne joue que des rôles en motion capture, quasiment...). Visuellement, c'est un enchantement de tous les instants, surtout en salles et en 3D (à la TV, ça perd un petit peu de sa superbe, et encore). En revanche, en tant que grand fan de la BD, j'ai hurlé devant le massacre : un mélange entre plusieurs albums, des différences aussi nombreuses et importantes que peu utiles... Un vrai bordel qui m'a déçu et me déçoit encore. A l'heure actuelle, je ne sais pas exactement ce que je pense de ce film, que je n'ai pas envie de revoir. J'espérais vraiment un meilleur traitement de l'histoire, et j'ai un peu peur de ce que donneront les deux autres films, s'ils sont faits un jour. A noter qu'aux USA, ce film a été un semi-échec, logique : Tintin, là-bas, est très peu connu... 

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La même année 2011, un autre film de Spielberg sort, une adaptation de roman qui, à sa sortie (le film), ne récoltera pas un gros succès : Cheval De Guerre. Se passant pendant la Première Guerre Mondiale et contant les histoires d'un cheval et de son jeune maître, séparés par le conflit (le cheval est partie intégrante de la cavalerie, le jeune homme un simple soldat dans une autre arme), le film est interprété par Jeremy Irvine, David Thewlis, Emily Watson, Niels Arestrup et Peter Mullan. C'est un très beau film, parfois dur et violent (des scènes assez brutales de combat, parfois même cruelles, même si aucun animal n'a été blessé ou tué durant le tournage), parfois un peu tire-larmes, mais à voir vraiment, d'autant plus qu'il est assez peu connu, il fait partie des oeuvres un peu 'oubliées' du réalisateur. Peut-être pas son meilleur (clairement pas, même), mais c'est vraiment intéressant.

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En 2012, Spielberg s'attelle à un projet qui lui tenit à coeur depuis des années : Lincoln. Ce biopic sur la vie d'un des plus fameux Présidents des USA (un des plus populaires, si ce n'est le plus populaire) est interprété par un Daniel Day-Lewis absolument criant de vérité, qui partage l'affiche avec Sally Field, Tommy Lee Jones, David Strathairn, Joseph Gordon-Levitt, Tim Blake Nelson, James Spader, Walton Goggins et Hal Holbrook, notamment. Un drame historique qui conte les derniers mois de la vie d'Abraham Lincoln, entre l'abolition de l'esclavage, le discours de Gettysburg, et bien entendu, son assassinat en 1865 dans un théâtre. 2h30 pour ce film au rythme assez lent, mais néanmoins passionnant de bout en bout, interprété avec passion, sobrement réalisé et magnifiquement écrit. Un des films les plus touchants du réalisateur, mais hélas, Lincoln ne sera pas un triomphe au box-office malgré cela. A voir à tout prix. 

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 Il faudra attendre 2015 pour voir le nouveau cru de Spielberg, et ça sera une nouvelle collaboration avec Tom Hanks : Le Pont Des Espions. Basé sur un scénario des frères Coen inspiré de faits réels, le film est aussi la première collaboration avec Mark Rylance, qui joue un espion russe arrêté aux USA, dans les années 50, accusé d'espionnage et risquant la peine de mort. Hanks joue son avocat, qui sera chargé de procéder à un échange, à Berlin-Est, entre cet espion russe et deux otages américains (dont un espion), dans une atmosphère de paranoïa conspirationniste aigüe. On trouve aussi Alan Alda et Sebastian Koch dans ce film magistral, reconstitution parfaite d'une époque troublée (les années 50 aux USA, la guerre froide, le bloc de l'Est, la parano du style tout le monde peut être un Rouge caché), l'ensemble m'a parfois fortement fait penser au Rideau Déchiré d'Alfred Hitchcock, qui se passait aussi à la même époque, et en Allemagne de l'Est (ou RDA), avec une histoire d'espionnage. Un Spielberg qui me semble un poil méconnu, tout comme les deux précédents, mais, sincèrement, c'est pour moi son meilleur film depuis La Guerre Des Mondes. Voire depuis Minority Report

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L'année suivante, 2016, voit la sortie du deuxième film d'animation de Spielberg : Le Bon Gros Géant, ou Le BGG. Adaptation du fameux roman pour la jeunesse du spécialiste Roald Dahl, ce film est interprété par Mark Rylance dans le rôle du BGG, et il y est absolument excellent. Drôlissime, visuellement sublime, ce film est avant tout pour les enfants (c'est d'ailleurs dans les rayonnages 'DVD pour la jeunesse' que ce film est généralement vendu en magasins). Le film est dédié à Melissa Mathison, une des créatrices à l'origine, avec Spielberg, d'E.T. L'Extra-Terrestre, décédée avant le tournage du film. Ce n'est pas un cru exceptionnel de Spielby, le scénario est basique, mais en même temps, c'est un film d'animation pour la jeunesse. C'est également très gentillet, mais pour les mêmes raisons. C'est en tout cas un spectacle absolument sublime d'un point de vue esthétique, une prouesse totale qui rend chaque image totalement réaliste, et on ne s'ennuie pas en le regardant. Beau et touchant, ce 'petit' Spielberg est son dernier film à ce jour, même si, entre la fin 2017 et le début 2018, sortira son prochain film, The Post, avec Tom Hanks, Meryl Streep et Bruce Greenwood, un film qui abordera les Pentagon Papers, un des premiers scoops de l'histoire du journalisme américain des années 70, la révélation, par le Washington Post (Hanks y jouera Benjamin Bradlee, son rédacteur en chef, que Jason Robards avait joué dans Les Hommes Du Président, qui parlait du Watergate), de documents confidentiels, secret-défense, sur l'implication politique et militaire américaine au Vietnam. Et il y aura un autre film, Ready Player One, qui devrait sortir en 2018/2019 et sera interprété par Mark Rylance, Olivia Cooke et Tye Sheridan, film de SF adapté d'un roman d'Ernest Cline, sur un futur bouleversé par les changements climatiques. Bref, comme on le voit, Spielbeg n'en a pas fini, et c'est tant mieux !