Spoilers ! Révélations sur le sujet du film !
Le Golden Globe du meilleur film dramatique et, aux USA, quatre Oscars, en 2002, ont couronné ce film : meilleure actrice en second rôle, meilleur scénario adapté, meilleur réalisateur et, surtout, meilleur film. Je ne vais pas vous dire que le film est sublime, quiconque l'ayant déjà vu le sait, et pour ceux qui ne le savent pas, la seule mention de cette moisson de récompenses (dont les deux plus importantes) suffirait à le prouver. Un Homme D'Exception, car c'est de ce film qu'il s'agit, film sorti en 2002 chez nous (et en 2001 aux USA), est un film de Ron Howard, adapté de la biographie de John Nash (Un Cerveau D'Exception) par Sylvia Nasar. Le titre original du film est le même que celui du livre : A Beautiful Mind. Le titre français est très bien, mais, encore une fois, une mauvaise traduction. Le film est interprété par Russell Crowe (qui aurait mérité de gagner sa statuette pour le rôle : mais en cette année 2002, c'est Denzel Washington pour Training Day, qui l'a eu, devenant d'ailleurs le second acteur masculin Black à obtenir l'Oscar du meilleur acteur après Sidney Poitier, Crowe n'ayant été que nominé), Jennifer Connelly (qui a été récompensée), Ed Harris, Paul Bettany, Judd Hirsch, Christopher Plummer, Adam Goldberg, Josh Lucas et Roy Thinnes.
L'action du film commence à la fin des années 40, quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. En 1947, précisément. John Nash (Russell Crowe) est étudiant à l'Université de Princeton (dans le New Jersey), où il vient d'arriver, afin d'étudier les mathématiques. Il va, lentement mais sûrement, élaborer, durant ce cursus (partageant sa chambre avec un étudiant en littérature, Charles Herman - Paul Bettany), une théorie mathématique qui, par la suite, le rendra célèbre dans le monde entier : sa version de la théorie des jeux, qui s'intéresse aux interactions entre des choix d'individus conscients de l'existence de ces interactions (et si vous n'avez rien pigé, rassurez-vous, moi non plus, mais en même temps, les maths et moi, ça fait 12, et pourtant, j'ai vraiment aimé ce film). Il achève brillamment ses études et, au début des années 50, a publié ses travaux et est devenu professeur au Massachusetts Institute of Technology. Il est marié avec Alicia (Jennifer Connelly).
Un jour, William Parcher (Ed Harris), un agent du FBI, vient le voir pour lui demander d'aider secrètement, les USA dans leur guerre larvée contre l'URSS. La mission de John, s'il l'accepte, serait de décrypter dans la presse les messages secrets des espions soviétiques basés sur le territoire américain, et qui seraient amenés, un jour où l'autre, à tenter un attentat nucléaire sur le territoire américain. Nash accepte, fier de pouvoir aider son pays. Comment Nash pourrait-il savoir que Parcher n'existe en réalité que dans sa tête ? Nash est en effet schizophrène, et son état mental n'ira pas en s'améliorant au fil de son existence, entre séjours à l'hôpital et hallucinations... Un combat qu'il va devoir mener en compagnie de sa femme, qui va l'aider du mieux qu'elle pourra...
On le voit, Un Homme D'Exception est un biopic sur un homme tourmenté, un peu comme le sera Imitation Game de Morten Tyldum (film remarquable sur Alan Turing, sa machine à décoder Enigma, et les relativement gros problèmes de communication et de comportement du personnage). Ayant vraiment existé, donc, et mort en 2015 (il avait 86 ans) dans un accident de voiture), John Nash (John Forbes Nash de son nom complet) était donc un personnage complexe, mentalement malade mais aussi un génie dans son domaine, un personnage qui, comme tous les génies, surtout dans les sciences, était un peu à part, dans son monde. Sauf que le sien était bien rempli ! Russell Crowe parvient sans aucun effort à rendre attachant ce personnage difficile, toujours al limite, un homme à moitié fou, hallucinant, s'imaginant des choses, vivant dans la parano et la folie complotiste (il voit des espions russes complotant contre les USA un peu partout), mais capable aussi de briller comme une étoile dans son domaine. Il est absolument grandiose dans ce film. Les autres acteurs sont excellents, et le scénario adapté est remarquable.
Bref, voici un des meilleurs films de Ron Howard, un réalisateur qui, vraiment, possède un grand talent. Entre Au Coeur De L'Océan, Backdraft, Rush, Apollo 13 et ce film, l'ancien acteur à la chevelure en feu prouve qu'il est un excellent faiseur. Le film, du long de ses 130 minutes (ce qui, compte tenu du sujet, est une durée des plus acceptables, pas trop long, mais suffisamment pour tenir en haleine), n'exclut certes pas quelques oublis dans la carrière du mathématicien, j'en suis sûr (à mon avis, résumer la vie, surtout aussi difficile, d'un homme tel que Nash en 2 heures est impossible, même si on démarre l'action avec un personnage âgé de 20 ans et déjà bien calé dans son domaine), mais A Beautiful Mind est, tel qu'il est, une pure merveille, un film passionnant sur la folie et le génie, parfois indissociables. Un film qui aborde bien son époque, une époque très troublée (guerre froide, mccarthysme, chasse aux 'rouges' et parano), peut-être pas aussi troublée que le cerveau de Nash, mais quand même un peu schizo aussi !
