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Spoilers...

Comment un cinéphile ne pourrait pas aimer ce film ? Premièrement : un réalisateur de génie, qui nous manque vraiment depuis sa disparition en 2006, j'ai nommé Robert Altman. Altman, quoi, excusez du peu, mais c'est M.A.S.H. (Palme d'Or en 1970), Short Cuts, Nous Sommes Tous Des Voleurs, Nashville, Le Privé, John McCabe, Quintet... Bon, OK, c'est aussi Popeye et Prêt-A-Porter, mais deux ratages sur une aussi impressionnante carrière, c'est pas grave. Ensuite, ce film parle du cinéma, de Hollywood plus précisément, et est de ce point-de-vue là une vraie satire, bien cinglante et assez drôle (au dos du DVD, j'y reviendrai sur le sujet de ce DVD, il est indiqué 'drôlissime', ce qui est un peu exagéré, mais le film est loin d'être tragique, c'est cependant vrai), jubilatoire, un film sur le cinéma par un des plus grands réalisateurs américains, et même tout court ; ça se pose là, quoi. Enfin, le casting est hallucinant : Tim Robbins, Greta Scacchi, Whoopi Goldberg, Fred Ward, Peter Gallagher pour les acteurs principaux, et parmi les acteurs secondaires, apparaissant dans leurs propres rôles (à chaque fois le temps d'une courte apparition où ils n'ont souvent même pas une réplique), rien de moins que : John Cusack, Bruce Willis, Cher, Anjelica Huston, Peter Falk, Harry Belafonte, Rod Steiger, Jeff Goldblum, Julia Roberts, Susan Sarandon, Burt Reynolds, James Coburn, Nick Nolte. Et j'en oublie. Enfin (le dernier 'enfin' du premier paragraphe, enfin, je crois, et par conséquent, je me suis trompé ; enfin...), le film montre un extrait du classique Le Voleur De Bicyclettes de Vittorio De Sica, classique absolu du cinéma réaliste italien des années 40 (et du cinéma tout court). 

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Ce film, qui a obtenu deux prix à Cannes (meilleur acteur, et la mise en scène) en 1992, année de sa sortie, c'est The Player, bien entendu. Un film absolument quintessentiel pour tout fan de cinéma. Je vais pousser un gros coup de gueule avant de commencer à faire le résumé du film : son édition DVD, au rabais (un éditeur médiocre, Aventis), est absolument épouvantable : qualité vidéo assez déplorable qui fait qu'on a l'impression que le film est plus vieux que son âge (il date de 1992, il a donc 25 ans, ce qui n'est pas rien, mais la qualité du DVD, amplement inférieure à la qualité des images sur l'article, fait qu'on a l'impression que le film a 40 ans), et qui gâche pas mal du plaisir de voir et/ou revoir The Player. Sans parler du sous-titrage qui est, parfois, à la ramasse (OK, dans ce film, les acteurs parlent parfois tous en même temps, mais de là à ne pas sous-titrer les petites scènes de ce genre, c'est lourd). Voir le film en VF ? C'est possible, la VF est sur le DVD, mais sincèrement, il y à des films qui sont bien doublés en VF, et d'autres qui souffrent d'un doublage épouvantable. The Player, c'est dans la seconde catégorie. Sans parler que la VF est en mono d'époque...

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Mais heureusement, le film, long de 2 heures de bonheur, est génial. L'action se passe à Hollywood. Griffin Mill (Tim Robbins, grand acteur, dans un de ses meilleurs rôles) est un producteur-vedette d'un important studio de cinéma (un studio fictif baptisé Movies), et il est pressenti pour, un jour, prendre la place du directeur du studio. Les films qu'il produit sont des cartons, mais aussi des oeuvres bien commerciales, avec happy end, stars, répliques qui tuent, stéréotypes... Un jour, il reçoit, par la poste, une carte postale non signée et remplie d'une menace de mort. Puis une autre. Puis une autre. Il finit par se dire que celui qui lui envoie ces menaces est probablement un scénariste qu'il a négligé de rappeler, un certain David Kahane (Vincent D'Onofrio), qu'il rencontre un soir, à la sortie d'un cinéma d'art et d'essai de Pasadena qui repassait Le Voleur De Bicyclettes. L'entretien avec Kahane se passe plutôt mal : après une vive altercation avec lui sur un parking public, Griffin, accidentellement, le tue en l'assommant et l'envoyant se noyer dans une petite mare d'eau (il a plu). Paniqué, Griffin fait passer ce meurtre accidentel pour une tentative de vol ayant mal tourné, et s'en va. 

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Alors que dans son boulot, tout va aller assez mal (un autre producteur est pressenti pour prendre la place de directeur, qui normalement, aurait dû échoir à Griffin, et plusieurs projets importants vont lui passer sous le nez, sans parler d'une tension avec sa fiancée), Griffin va continuer à recevoir des menaces de mort par carte postale interposée, ce qui va lui faire penser qu'il n'a pas du tuer la bonne personne. Il va aussi se lier d'amitié (et plus si affinités) avec l'ancienne petite amie de Kahane, une artiste peintre islandaise qui répond au doux nom de June Gundmundsdottir (Greta Scacchi). Il va aussi être la cible privilégiée d'une inspectrice de police tenace et curieuse, Susan Avery (Whoopi Goldberg), aussi affable qu'entêtée, qui semble le soupçonner du meurtre, lequel meurtre a fait couler pas mal d'encre dans le milieu du show-biz...

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Démarrant par un long (8 minutes) et époustouflant plan-séquence qui n'a rien à envier à celui de La Soif Du Mal d'Orson Welles (film cité dans les dialogues du film au cours de ce plan-séquence, via deux employés du studio qui discutent, dans la rue, de...plans-séquences, justement !), et possédant beaucoup de références au cinéma (et on aperçoit de très nombreuses affiches de films, certaines en français malgré que les films en question ne le soient pas, dans le film), The Player est au cinéma ce qu'un futur film d'Altman, Prêt-A-Porter, sera au milieu de la haute couture : un défilé de stars dans leurs propres rôles et une satire féroce et jubilatoire. Mais si Prêt-A-Porter est raté, The Player est une totale réussite, parfois très drôle (le personnage de Whoopi Goldberg est impayable), parfois assez sombre, et totalement vicieux et immoral, aussi (le final, plutôt inattendu et qui prouve que dans un film hollywoodien, la morale ne l'emporte pas toujours). Les acteurs sont excellentissimes (concernant les stars qui apparaissent dans leurs propres rôles, c'est de la figuration de quelques secondes à chaque fois, ce n'est pas notable, mais ça fait tout de même plaisir de les voir), le scénario (adapté d'un roman de Michael Tolkin, qui a adapté lui-même son livre) est génial, et la réalisation est du pur Altman des grands jours. Bref, impossible, si vous aimez le cinéma, de passer à côté de The Player. C'est juste dommage que son édition DVD ne lui fasse pas justice...