Spoilers !
Un fan d'Al Pacino se doit de voir tous les films de ce grand acteur. Les classiques comme les films mineurs. Concernant ce film, je ne sais pas trop où le foutre : film mineur, accident dans sa carrière, ou classique méconnu et quelque peu oublié ? Quelque part, et malgré qu'il ait été tourné essentiellement en Italie (non loin du lac de Côme), ce film est aussi un peu une sorte de film français pour Al Pacino : pas mal d'acteurs de second plan, ici, sont français, ou francophones : Anny Duperey, André Valardy, Gérard Hernandez, Féodor Atkine, sans oublier l'actrice principale, hélvète francophone : Marthe Keller. Marthe Keller qui, durant le tournage du film, s'entendra si bien avec Pacino que les deux vivront quelques temps ensemble et ont toujours beaucoup d'affection réciproque. Ce film, réalisé par Sydney Pollack, est une libre adaptation d'un roman de l'Allemand Erich Maria Remarque Le Ciel N'A Pas De Préférés, datant de 1961. Il a été renommé du nom du personnage principal du film (lequel ne s'appelle pas ainsi dans le roman : comme je l'ai dit, le film l'adapte assez librement), autrement dit, Bobby Deerfield.
A sa sortie, le film sera assassiné par la presse en rut (et à l'heure actuelle, le film n'est toujours pas réhabilité, si on peut dire, les critiques sont toujours assez dures à son sujet) qui le qualifiera de mélodrame surchargé avec une intrigue cousue de fil blanc et des acteurs qui en font un peu trop dans le pathos. Comme je l'ai dit plus haut, je ne sais pas vraiment comment classifier le film : un navet, un film sous-estimé (au final, c'est dans cette catégorie que je classe le film), une honnête production qui, dans la filmographie de Pacino, ne ressemble à aucun autre de ses films ? Force est de constater que si vous aimez les gros mélos à la Love Story d'Arthur Hiller (l'histoire est, malgré des différences, sensiblement la même, aussi tragique), vous allez surkiffer ce film. Mais si vous avez un taux de cholestérol assez élevé, évitez de regarder Bobby Deerfield sous peine de faire une attaque. Niveau acteurs, outre Pacino, Marthe Keller, Anny Duperey et Gérard Hernandez, on a aussi Romolo Valli, Walter McGinn, Jaime Sanchez, Norm Nielsen, Stephan Meldegg et Antonino Faa Di Bruno. Il faudra attendre 2008 pour que le film sorte en DVD (pour les USA, en tout cas, car en 2006, le DVD était déjà commercialisé en France, par Warner, et il n'est pas difficile à trouver).
Bobby Deerfield (Al Pacino) est un champion de course automobile, un pilote de Formule 1 (vous vous en doutez, ce n'est pas Pacino qui a tourné les quelques scènes de course du film, mais une doublure, un vrai pilote qui, hélas pour lui, est mort dans un accident d'avion en 1977, avant la sortie du film, qui lui est dédié : José Carlos Pace). L'homme est calculateur, cynique, solitaire, il est obsédé par le contrôle, recherche la moindre faille, la moindre erreur, afin de faire la course la plus parfaite possible. Un peu comme le vrai pilote Niki Lauda, qui était (il est toujours vivant) un vrai obsédé de la perfection. Un jour, au cours d'un Grand Prix, Bobby assiste impuissant à une collision violente au cours de laquelle un de ses concurrents est sérieusement blessé, et un membre de son équipe est, lui, tué. Ce drame va toucher Bobby qui va dès lors se mettre à penser à la mort, qui, sur une course de F1, peut survenir à tout moment, la vitesse des voitures entraînant évidemment des collision d'une rare violence. En rendant visite au survivant du crash à l'hôpital, Bobby va faire la connaissance de Lilian (Marthe Keller), une jeune femme dont il va tomber amoureux. Lilian est atteinte de leucémie, ses jours sont comptés, et elle entend bien vivre le peu qu'il lui reste à fond la caisse, pour ne rien avoir à regretter...
Hé oui, le film est un bon gros mélo bien dégoulinant de gros sentiments (ceci dit, on accusera quand même le film d'être un monument de cynisme par moments), et il est difficile de le regarder de bout en bout sans avoir envie, parfois, de rire tant les violons sont sortis et tant les ressorts du scénario grincent comme un vieux lit récupéré dans un vide-grenier de la Creuse un dimanche pluvieux. Al Pacino et Marthe Keller sont cependant corrects, surtout Keller (Pacino n'est pas super convaincant en pilote de F1, on sent bien qu'il ne s'est pas vraiment mis dans la peau d'un pilote, ce n'est pas Steve McQueen dans Le Mans, qui pilotait lui-même sa voiture, et faisait des courses dans la vraie vie), et la réalisation de Sydney Pollack est très bonne, on parle de Pollack. Mais c'est ce même Pollack qui, à la sortie du film, sera qualifié de réalisateur ayant eu une crise cardiaque artistique quand il a tourné Bobby Deerfield. Vraiment, ce film a été très mal accueilli à sa sortie, et je ne sais pas trop ce qu'en pense Pacino maintenant, mais s'il n'a pas renié ce film, c'est parce que c'est pendant son tournage qu'il a rencontré Marthe Keller. Bref, ça doit quand même être un bon souvenir pour lui, meilleur que le Cruising de Friedkin (dans lequel, en 1980, il joua un flic infiltré dans la communauté gay/SM afin d'élucider une série de meurtres), qu'il a renié ! Pour finir, ce film est inégal et dégoulinant de mièvrerie, mais si vous aimez Pacino, ça reste à voir par curiosité. Et avec indulgence. Et sans avoir picolé avant ! Je parle d'expérience...car avec une paire de screwdrivers (vodka-orange) dans le gosier, ce fut épique.