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Spoilers !

Publié en 1999 (en 2001 chez nous), Coeurs Perdus En Atlantide est un des plus beaux livres de Stephen King. Un des plus particuliers, aussi, car il est à la fois un roman et un recueil de nouvelles. Le livre est découpé en plusieurs parties (les deux premières sont de loin les meilleures et les plus longues) qui regroupent les mêmes personnages, au fil des années, de 1960 à 1999. Avec ce livre (que je considère plus comme un roman que comme un recueil), King aborde les années 60, aussi bien pour ce qui est de la vie de tous les jours quand on est enfant (il est né en 1947, il était donc ado dans les années 60) que toute la période contestataire de a seconde moitié de la décennie (la seconde histoire, ma préférée, et qui porte le même titre que le livre, se passe dans une université en 1966). Il semblait inévitable, malgré la relative complexité de l'ensemble (un roman choral et à tiroirs), que tôt ou tard, on en fasse un film. Ce fut fait en 2001 (2002 pour la sortie française) avec ce film de Scott Hicks, le réalisateur de Shine et de La Neige Tombait Sur Les Cèdres. Abordant deux des histoires du roman (hélas, l'histoire-titre, qui se passe à l'université, et qui a ma préférence, n'a pas été adaptée), ce film, qui porte évidemment le même titre malgré que l'explication du titre se trouve dans la seconde histoire et que, donc, cette seconde histoire n'est pas dans le film, est interprété par Anthony Hopkins, Anton Yelchin (dans un de ses premiers rôles, cet acteur est hélas mort en 2016, à l'âge de 27 ans, dans un stupide accident incluant sa voiture), Hope Davis, David Morse, Mika Boorem, Tom Bower et Alan Tudyk. Voici donc Coeurs Perdus En Atlantide

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Vous n'avez pas trop entendu parler de ce film ? C'est à peu près normal : mal accueilli à sa sortie (des critiques pour le moins mitigées), il sera un bide commercial et est retombé dans l'oubli. Il n'empêche qu'Anton Yelchin a remporté le Young Artist Award pour son rôle. Produit par Castle Rock Entertainment (société de production fondée par Rob Reiner, et qui a produit pas mal d'adaptations de l'univers de King ((le nom de Castle Rock est à la base celui d'une ville fictive du Maine dans laquelle se passent plusieurs romans de King), le film est scénarisé par William Goldman (qui avait déjà signé le scénario adapté pour le film Misery de Reiner, d'après King, et signera un autre scénario adapté de King, Dreamcatcher, de Lawrence Kasdan), et dure, dans les souvenirs, dans les 95 minutes, autrement dit, vraiment pas très long. Je me souviens, au moment de voir ce film (pas en salles à l'époque, mais en DVD au moment de sa sortie), d'avoir été interloqué, et pas en bien vous pouvez me croire, par sa durée. Je savais qu'il n'adaptait pas tout le roman (qui dépasse joyeusement les 500 pages en grand format), mais quand même, je trouvais ça vraiment court. Je le trouve toujours. Et je sais que vous vous demandez pourquoi j'ai appelé ainsi mon article sur le film, mais si vous vous demandez ça, c'est que vous n'avez pas lu le livre ; j'ai tout simplement repris le titre de la première histoire, celle qui représente la majeure partie du film.

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De nos jours. Bobby Garfield (David Morse) est de retour dans la ville de son enfance, afin d'assister à l'enterrement de John "Sully" Sullivan, un de ses amis d'enfance. Il se souvient de son passé. Retour en 1960. Lui (Anton Yelchin le joue enfant) et ses deux amis Sully (Will Rothhaar) et Carol Gerber (Mika Boorem) passaient leur temps à jouer, aller au cinéma, et, un jour, firent la connaissance de Ted Brautigan (Anthony Hopkins), un vieil homme paisible et lettré venu s'installer dans l'immeuble où vivait Bobby et sa mère célibataire Elizabeth (Hope Davis). Entre Bobby et Ted (qui va le prendre sous son aile), une profonde amitié va naître, assez rapidement. Le père de Bobby est probablement mort, et pour lui, Ted va devenir comme une sorte de père spirituel. Très vite, il va s'avérer que Ted possède quelques dons psychiques (télékinésie), et que c'est en partie à cause de ces dons que Ted est arrivé dans cette ville sans histoires et sans grand intérêt (qui, dans le roman, se situe dans le Connecticut, Etat dans lequel King, enfant, a vécu en compagnie de son frère et de leur mère célibataire). Ted, en échange d'un dollar par semaine, demande à Bobby de lui lire le journal à haute voix et de surveiller s'il n'y aurait pas, dans le coin, des hommes étranges en manteaux, ou bien des annonces curieuses sur les murs et poteaux, concernant des disparitions d'animaux de compagnie...

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Le film est une adaptation infidèle car incomplète du roman, mais malgré cela, reste tout de même un bon moment, même s'il ne faut pas en attendre grand chose. La réalisation de Scott Hicks est anodine, le scénario de Goldman respecte assez bien (mais pas totalement) l'histoire servant de base au film (mais il y à beaucoup plus de surnaturel, et notamment des allusions au cycle de La Tour Sombre, dans le roman, effacées du scénario ; Brautigan est un des Briseurs de Rayons, et apparaît dans le septième et ultime tome de la saga de Stephen King). En revanche, rien à dire pour ce qui est de l'interprétation : Anton Yelchin est remarquable (comme je l'ai dit plus haut, il obtiendra un prix pour son rôle), et  Anthony Hopkins et David Morse sont, comme toujours, parfaits. Coeurs Perdus En Atlantide n'en demeure pas moins une déception pour un fan de King, et surtout si on a lu le roman (et si vous n'avez pas lu le livre, et que vous le lisez après le visionnage du film, vous serez très certainement déçu, rétrospectivement, du film en le comparant au livre), mais je ne pense pas non plus que ça soit une merde. Dans les adaptations de King, il y à bien évidemment des films bien plus réussis que lui, mais on trouve aussi de vrais ratages, à côté desquels ce film de Scott Hicks passerait presque pour un monument. Bref, à voir, au moins une fois.