Spoilers...
Inutile de présenter Luc Besson. Vrai nabab du cinéma blockbustérien francaouis, le bonhomme est aussi célèbre pour ses films (dernier en date : Valerian Et La Cité Des Mille Planètes, son adaptation de la BD culte Valerian, que je n'ai pas vue, et ça ne m'intéresse pas), ses productions (rien que pour avoir produit les Taxi et Transporteur, il mériterait de brûler en Enfer, enroulé dans les bobines de ses productions, qui, avec la chaleur des flammes, fondraient lentement mais sûrement sur sa peau) et sa fameuse Cité du Cinéma à Saint-Denis (version française de Cinecitta ou de Hollywood, toutes proportions gardées). Je n'aime pas les productions de ce mec, à peut-être une ou deux exceptions près (et encore : je ne sauve personnellement que Ne Le Dis A Personne de Guillaume Canet), mais pour ce qui est des films qu'il a réalisés, il y en à quelques uns que, vraiment, j'aime : Le Dernier Combat, Subway, Nikita, Léon (encore que...) et ce Cinquième Elément sorti en 1997, qui a littéralement propulsé Besson à Hollywood. Le film a été nommé plusieurs fois aux Césars, et il a obtenu notamment le César du meilleur réalisateur. Ce fut, à sa sortie, le film européen le plus cher de l'histoire du cinéma.
Le film est interprété par Bruce Willis, Milla Jovovich (révélation et future femme et future ex-femme de Besson), Gary Oldman, Ian Holm, Chris Tucker, Maïwenn (ex-compagne de Besson), Luke Perry, Brion James, Lee Evans et John Neville. Le trip-hoppeur Tricky (de Massive Attack) apparaît, ainsi que Mathieu Kassovitz et Mia Frye. Rien que le fait d'avoir écrit Mia Frye me fout froid dans le dos. Mia Frye...brrr...Bon, passons. Ce film, de la pure science-fiction décomplexée assez cyberpunk par moments, se base sur un scénario original de Besson. Besson avait par ailleurs imaginé, adolescent, une première version, que j'imagine radicalement différente et pas aussi recherchée, de cette histoire, en s'inspirant d'une histoire du film d'animation à sketches Métal Hurlant (1981), le sketch "Harry Canyon", dans lequel un chauffeur de taxi du futur (dans un univers dystopique, c'est à dire une réalité alternée, une autre dimension de notre réalité) venait en aide à une jeune femme traquée par la police et d'autres personnes nettement moins recommandables. Officiellement, malgré le casting anglophone (essentiellement ricain) et le fait que le film ait évidemment été tourné dans la langue de Trump, Besson a insisté pour que le film soit, officiellement, français.
Le prologue du film se passe en Egypte en 1914 (ce qui explique le fait que ce prologue ait été tourné en...Mauritanie) et on découvre quelques explorateurs (parmi eux, l'acteur Luke Perry, de la série TV Beverly Hills, et on est rassurés de ne le voir que dans le prologue, donc) pénétrant dans un temple où ils découvrent des traces antiques. Des extra-terrestres, les Mondo-Shawan, ont débarqué afin de récupérer quatre pierres représentant les quatre éléments de la vie (eau, feu, air, terre) et de les conserver avec eux, face à l'imminence d'un conflit mondial qui pourrait bien les mettre en péril. Ils promettent de les ramener dans 300 ans, et annoncent que le Mal revient sur Terre tous les 5000 ans. Puis on bascule en l'an 2263 (ce qui ne fait pas 300 ans après 1914, bon Dieu, que ce scénario est bien écrit). Une grosse planète noire fait son apparition non loin du système solaire et engloutit un vaisseau spatial de guerre originaire de la Terre. Les Mondo-Shawans, comme ils l'ont promis, reviennent, mais leur vaisseau est détruit et les pierres disparaissent mystérieusement. Sur le site du crash, on retrouve une main, à partir de laquelle on parvient à reconstituer une femme, qui parle un langage extra-terrestre et dit s'appeler Leeloominaï Lekatariba Laminatchaï Ekbat De Sebat, dite Leeloo pour les intimes (Milla Jovovich), et qui serait le cinquième élément, un être doté de pouvoirsmentaux et physiques supérieurs à ceux de n'importe qui. Elle s'enfuit et trouve refuge dans le taxi volant de Korben Dallas (Bruce Willis), un ancien militaire désormais à la retraite.
Leeloo parvient à convaincre Korben de la conduire chez le prêtre Cornélius (Ian Holm), gardien actuel du savoir des Mondo-Shawans. Leeloo explique que les pierres ne se trouvaient pas dans le vaisseau détruit, mais ont été transportées par une diva intergalactique, la Diva Plavalaguna (Maïwenn, doublée, pour le chant, par Inva Mula), actuellement en série de concerts sur le paquebot spatial Fhloston Paradise. Korben et Leeloo vont devoir se rendre là-bas, traqués par les hommes de Jean-Baptiste Zorg (Gary Oldman), un fabriquant d'armes diabolique entendant bien mettre la main sur les pierres et Leeloo, car cela lui donnerait un immense pouvoir, digne de pouvoir règner sur la galaxie entière, gniark gniark gniaaaaarkkkk...
A sa sortie, le film fut un triomphe commercial un peu partout dans le monde (curieusement, aux USA, ce fut quand même assez froid), et reste encore aujourd'hui un des plus connus, cultes, de Besson. Un jeu vidéo fut fait peu après le film (je m'en souviens encore, c'était sympathique, mais graphiquement moyen, les jeux vidéo de l'époque, quoi). Les critiques étaient dans l'ensemble plutôt mitigées, certains trouvaient le scénario puéril et insipide, rempli de trous d'airs et d'incohérences, de facilités, de clichés (faut dire la vérité : c'est vraiment le cas dans l'ensemble). Mais les effets spéciaux, décors (récompensés aux Césars), sont excellents, la musique d'Eric Serra est sublime (le thème de la Diva Plavalaguna, chanté par Inva Mula, est inoubliable ; pour le faire, Serra a chanté lui-même les parties les plus graves, et la diva a chanté le reste, et l'ensemble a été mixé de telle façon que personne, au monde, ne pourrait chanter cela de cette façon, dans la réalité). Les acteurs en font parfois un peu trop (Gary Oldman, par exemple, ou Ian Holm ; quant à Chris Tucker, je préfère ne rien dire de ce que je pense de sa prestation, je serais grossier), mais Bruce Willis semble s'être assez bien amusé. La réalisation est, il faut le reconnaître, bluffante.
Dans l'ensemble, Le Cinquième Elément est un bon petit divertissement, qui a certes fêté ses 20 ans cette année, mais reste très sympathique et visuellement très bien foutu. Drôle, enlevé, inventif malgré un scénario parfois puéril, puisant des références chez Blade Runner notamment, doté d'une musique d'enfer, de décors sublimes et d'acteurs en grande forme (parfois en trop grande forme, voir encore une fois Oldman et Tucker), le film contient son lot de passages cultes. Personne n'a oublié la très minimaliste tenue de Milla Jovovich, qu'elle arbore pendant une petite partie du film, ni cette séquence du taxi volant, ou bien encore celle du chant de la diva. Pas un chef d'oeuvre, c'est clair, mais un des plus attachants de Luc Besson, et indéniablement son dernier bon film !