The_Big_Lebowski

Spoilers...des détails du film seront révélés !

Parlez d'un film culte. Un vrai film culte : du genre qui n'a pas foncièrement marché à sa sortie (les critiques furent assez partagées) mais est devenu de plus en plus apprécié et réputé au fil du temps. Ca, c'est un vrai film culte : The Big Lebowski, septième film des frères Coen, Joel et Ethan. Sorti en 1998, ce film a fait suite au carton plein de Fargo (1996), chef d'oeuvre de comédie policière noire et absurde comme seuls les deux frangins pouvaient en faire. Et le film sera par la suite suivi, en 2000, par O'Brother, une comédie irréelle et géniale. Les frères Cohen, dès leur premier film (Sang Pour Sang, aussi connu sous son titre original Blood Simple) en 1984 à The Barber en 2001, tout compris, n'ont strictement rien raté de leur filmographie de réalisateurs/scénaristes. Après, OK, ça se gâtera un petit peu avec Intolérable Cruauté, Ladykillers, mais ils nous refileront quand même No Country For Old Men en 2007, Burn After Reading en 2008, True Grit en 2010, et rien que pour ça, on peut toujours dire d'eux qu'ils sont des géants dans leur genre.

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The Big Lebowski, c'est un film culte, donc, et un des plus représentatifs du style bien particulier des Coen fratelli. Le film est interprété par des acteurs de haute volée (certains sont des fidèles des Coen) : Jeff Bridges, John Goodman, Steve Buscemi, John Turturro, Julianne Moore, David Huddleston, Philip Seymour Hoffman, Peter Stormare, Ben Gazzara, David Thewlis, Tara Reid, Flea (le bassiste des Red Hot Chili Peppers, oui !), Sam Elliott et Jon Polito.Le film se veut une sorte de pastiche bien délirant de film noir, avec une intrigue alambiquée faisant parfois penser (ce qui est volontaire) à celle du classique absolu du genre Le Grand Sommeil de Raymond Chandler (et son adaptation par Howard Hawks). Le film possède une bande-son géniale faisant alterner Captain Beefheart & The Magic Band, Nina Simone, Bob Dylan, Moondog, Elvis Costello, Henry Mancini, Creedence Clearwater Revival, Santana, Moussorgski, Eagles, Dean Martin, Debbie Reynolds, Booker T. & The M.G.'s, Townes Van Zandt et les Gipsy Kings reprenant les Eagles. Le score usuel est, sinon, signé d'un autre habitué des Cohen Brothers : Carter Burwell. 

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Le film est devenu culte (c'est bon, je crois l'avoir suffisamment dit tout du long des premiers paragraphes de l'article, mais je ne sais pas pourquoi, je sens que je le redirai encore par la suite) en grande partie grâce à des dialogues finement ciselés et au personnage principal, joué par un Jeff Bridges qui aura rarement été aussi iconique (et qui est revenu sur le devant de la scène grâce à ce film), celui du Dude. Un personnage ahurissant, un paumé magnifique, un fainéant qui passe son temps à ne rien foutre sauf s'éclater avec des potes, et à qui il va arriver, hé bien...des bricoles. Le film est globalement raconté par un personnage type cowboy (Sam Elliott), et l'action bascule en Californie, dans le comté de Los Angeles, où vit Jeffrey Lebowski, alias The Dude (en VF : le Duc, mauvaise traduction, car 'dude', en anglais, signifie 'mec'). Le Dude passe son temps à jouer au bowling avec ses amis Walter Sobchack (John Goodman) et Théodore 'Donny' Kerabatsos (Steve Buscemi), et n'ont qu'une seule idée en tête : gagner le futur concours de bowling, qui les opposera à Jesus Quintana (John Turturro), un cador parlant de lui à la troisième personne. Tout comme le Dude, ses amis sont assez particuliers : Donny est très affable et ne cesse d'interrompre les conversations, ce qui fait qu'il se fait constamment rabrouer d'un Shut the fuck up, Donny (allusion à Fargo, où le personnage que Buscemi jouait dans le film ne cessait de parler), et Walter, vétéran du Vietnam converti au judaïsme, perd vite son sang-froid (contrairement au toujours calme Donny) et n'hasite jamais à sortir un flingue pour calmer le jeu quand ça dérape. Le Dude adore également s'enfiler des White Russians (cocktail à base de vodka, de lait et de crème de café).

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Un soir, alors qu'il retourne chez lui, le Dude est pris à parti par deux voyous qui le menacent de rendre le pognon que sa femme doit à Jeckie Treehorn  (Ben Gazzara), et l'un deux va même jusqu'à pisser sur son tapis. Ils se rendent cependant compte qu'ils ont fait erreur sur la personne et se barrent. Le Dude est poussé par Walter pour qu'il aille voir cet autre Jeffrey Lebowski, son homonyme, avec lequel les deux types l'ont confondu, pour avoir des explications. Il découvre un homme paraplégique (David Huddleston), millionnaire, qui refuse de lui donner de l'argent en guise de compensation pour les ennuis causés par cette méprise. Le Dude décide alors, en s'en allant de chez le Big Lebowski, de lui voler un tapis en compensation, et il fait la connaissance de la jeune épouse du Big, Bunny (Tara Reid), apparemment nymphomane sur les bords. Quelques jours plus tard, Brandt (Philip Seymour Hoffman), l'assistant personnel du Big, l'appelle pour lui dire que Bunny a été enlevée, et lui demande de servir d'intermédiaire pour la rançon : ainsi, il pourra par la suite dire si les mecs venus chercher l'argent sont ceux qui l'ont agressé chez lui par erreur ou d'autres. Quelques heures avant l'échange, le Dude est à nouveau agressé, chez lui, par deux nouveaux hommes, qui lui volent son tapis volé, et alors qu'il se rend à l'échange (heureusement, l'argent n'a pas été volé, lui), en compagnie de Walter, ce dernier propose au Dude de garder l'argent pour eux et de mettre des fringues dans la valise à la place (il s'agit quand même d'un million de dollars). Ce qui est fait, et l'échange a lieu de manière si précipitée que le Dude n'a pas le temps de leur demander où est Bunny ni quand elle sera rendue. Peu de temps après, la voiture du Dude, dans laquelle se trouve l'argent, est volée.

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Maud Lebowski  (Julianne Moore), fille du Big, contacte le Dude pour lui dire que les voleurs du tapis ont été envoyés par son père afin qu'il récupère son bien, et pour lui faire part, aussi, de ses soupçons vis-à-vis de Bunny, qu'elle soupçonne d'avoir elle-même organisé son enlèvement. La situation va encore plus déraper quand le Big se rend chez le Dude pour lui dire que les ravisseurs de Bunny l'ont menacé de la tuer si l'argent ne leur est pas rendu, et quand trois types allemands (Peter Stormare, Flea et Torsten Voges), font irruption chez le Dude, avouent être les ravisseurs, et le menacent de le mutiler s'il ne leur donne pas l'argent, argent qu'il n'a plus depuis le vol de sa voiture. Ces trois allemands, qui se disent nihilistes, sont en fait des amis de Bunny, et l'un d'eux a même joué, avec elle, dans un film pornographique produit par Jackie Treehorn. Il se rend chez ce dernier, qui lui avoue ne rien savoir de l'enlèvement de Bunny, lui propose de l'aider, mais le drogue et le remet aux autorités...

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On le voit dans ce résumé pas complet, mais résumant quand même pas mal du film, The Big Lebowski est un joyeux bordel ambulant, un film totalement givré qui regorge de personnages tous plus allumés ou étranges les uns que les autres, et de rebondissements à gogo. La première fois que j'ai vu le film (ce fut mon premier des frères Coen), je l'ai aimé (mais pas autant que lors de mes visionnages futurs), mais je n'ai pas réussi à tout piger, à tout suivre, tellement ça partait dans tous les sens, multipliait les pistes, les faux-semblants, les délires. C'est vraiment un pastiche de film noir, car dans le film noir (comme Le Grand Sommeil, justement, qui à ce titre en est un parfait exemple), on a souvent des intrigues complexes, riches en personnages troubles, en détails plus ou moins importants mais qui titillent le spectateur/lecteur, et qui lui font penser à peu près tout et n'importe quoi, au risque de le perdre (quand on lui demanda qui avait tué un des personnages de son roman Le Grand Sommeil, Raymond Chandler, sincèrement, répondra qu'il n'en avait aucune idée au final !). Dans le film des frères Coen (qui, par la suite, réaliseront un vrai film noir, en noir & blanc et intrigue typique du genre, The Barber), c'est pareil : il y à tellement de trucs qu'au premier visionnage, on est un peu perdu. Il faut voir ce film plusieurs fois pour bien s'en imprégner, mais je vous rassure tout de même si vous ne l'avez pas encore vu (et que, malgré l'avertissement des spoilers en haut d'article, vous avez quand même tenu à lire le résumé ; prenez-en qu'à vous-mêmes dans ce cas-là !), ce n'est pas non plus incompréhensible ! En revanche, c'est géniallissime !