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Spoilers...

J'adore Stephen King, aussi bien ses romans que ses recueils de nouvelles. Parmi ses recueils, il y en à un, paru en 2003, que je trouve remarquable : Tout Est Fatal. Un y trouve de vrais régals, comme la nouvelle-titre, "Les Petites Soeurs D'Eluria" (dans lequel King nous replonge dans son univers de la saga de La Tour Sombre, univers récemment et enfin adapté au cinéma, et dans un film vraiment pas terrible), "L.T. Et Sa Théorie Des A.F." ou bien encore "1408". Certaines des nouvelles (deux) ont été adaptées dans la série anthologique Nightmares And Dreamscapes en 2006, que j'ai abordé ici il y à quelques semaines. Une autre l'a été en TVfilm ("Un Tour Sur Le Bolid'"). Il y à aussi eu un film cinéma, sorti en 2007, ce film précisément, réalisé par Mikael Hafström et interprété par John Cusack et Samuel L. Jackson (avec aussi Mary McCormack et Tony 'Monk' Shalhoub) : Chambre 1408. Comme vous vous en doutez bien, vu son titre, ce film adapte la nouvelle "1408". 

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J'ai décidé de placer ce film, qui a plutôt bien marché aux USA et y a même récolté d'assez bonnes critiques (en France, en revanche, ça a été plutôt mitigé), dans la catégorie des 'nanars de chevet', car tout en aimant assez bien ce film (mais je l'aime nettement moins que la nouvelle, une des meilleures du recueil), je suis obligé de reconnaître qu'il n'est pas bon. Il y à un paquet de trucs, dans le film, qui me font limite envie de hurler, à la face du monde et du haut d'un gratte-ciel, NANAR !, un paquet de trucs qui fonctionnent plus ou moins bien selon la sensibilité du spectateur, mais qui, au final, font entrer ce film dans la catégorie des nanars. Par exemple, l'interprétation. Surtout l'interprétation, en fait. Samuel L. Jackson en fait trop dans le registre du mec qui veut faire peur, mais pas trop. Et John Cusack n'est pas convaincant. Il ne cesse de faire sa fameuse, et brevetée, expression John Cusack N°1, à savoir sourcils levés, regard en billes, moue circonspecte, joues affaissées, une tronche de cake ultime. OK, son personnage est un mec circonspect, incrédule, mais sincèrement, il en fait beaucoup trop. La réalisation est assez plate, mais le scénario adapte correctement la nouvelle (c'est déjà ça).

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Mike Enslin (Cusack) est un auteur de romans d'épouvante, et un réputé qui plus est. Mais il y à un petit souci : bien qu'écrivant des livres sur des fantômes et maisons hantées, bien qu'habitué à écrire là-dessus, il n'y croit absolument pas, il est très terre-à-terre, cartésien. C'est quand même un petit peu emmerdant, quand on écrit des romans d'horreur, de ne pas y croire ne serait-ce qu'un peu (si on ne s'intéresse pas à ce qu'on écrit, comment peut-on faire des livres intéressants ?). Il a passé pas mal de nuits dans des lieux soit-disant hantés, n'a jamais eu à subir la moindre apparition spectrale, le moindre petit évênement surnaturel. Un jour qu'il travaille sur son nouveau roman, il apprend qu'un hôtel de New York, le Dolphin Hotel, aurait lui aussi son histoire de hantise : une de ses chambres, la 1408, aurait été le décor de nombreuses morts inexpliquées, souvent brutales et violentes, et n'est plus proposée à la location depuis lors.

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Mike arrive à l'hôtel avec la ferme intention de louer la chambre 1408 pour y passer la nuit et voir de lui-même (bien qu'incrédule, il ne lâche rien ; après tout, peut-être que cette chambre lui fera changer d'avis sur la question !) le bien-fondé de cette réputation glauque. Olin (Samuel L. Jackson), le directeur de l'hôtel, lui raconte par le menu l'histoire de cette sinistre chambre, et n'a de cesse, durant leur entretien, de le convaincre de ne pas louer la chambre, mais, le client étant roi, il cède, et lui loue la 1408. Afin de l'aider à encaisser sa future nuit, Olin offre à Enslin une bouteille d'alcool. Enslin s'installe dans la chambre, et assez rapidement, des faits étranges vont survenir. Notamment le radio-réveil qui, au lieu d'indiquer l'heure, se met à afficher un compte à rebours : 60:00, puis 59:59, 59:58, etc. Au fur et à mesure que le temps avance, les phénomènes surnaturels, de plus en plus forts et inquiétants, vont survenir, et, tentant de sortir de la chambre (au risque de se faire méchamment moquer par Olin, et de passer pour un con), Enslin se rend compte qu'il ne peut pas sortir, la porte est bloquée. Il va aperçevoir les fantômes des personnes mortes dans la chambre, ainsi que les fantômes de son père et de sa fille (morte jeune), qui n'ont cependant aucun lien avec la chambre. Durant une heure, Enslin va vivre un vrai enfer personnel entre ces quatre murs...

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Existant avec une fin alternative (sur les DVD et BR collectors, pas sur les versions classiques) que je ne révèlerai pas car je n'ai déjà pas révélé comment se termine le film dans sa version cinéma (autant le dire, dans une version, Enslin meurt, mais pas dans l'autre, mais je ne dirai pas dans quelle version il meurt), Chambre 1408 est un film plutôt bien écrit, même si la nouvelle est meilleure. Dans les deux oeuvres, écrite ou filmée, c'est cependant identique, on a d'abord une partie introductive dans laquelle Olin raconte l'histoire de la chambre à Enslin et tente de le convaincre d'abandonner son projet de passer la nuit dans la chambre maudite, puis une seconde partie, qui aborde la nuit dans la chambre. La nouvelle, plutôt longue (dans mes souvenirs, une cinquantaine de pages dans l'édition grand format, et donc un peu plus dans l'édition poche), est d'ailleurs découpée en plusieurs chapitres. Ceci dit, je ne suis pas certain que le format long-métrage était le plus indiqué pour aborder la nouvelle, il aurait sans doute été préférable d'en faire un épisode de série TV ou un court-métrage dans un film à sketches. Ceci dit, le film ne dure que 100 minutes. 

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Mais il y à des longueurs évidentes, et au fur et à mesure que le film avance, on est un peu comme le personnage de Cusack au début : incrédules. Enfin, disons plutôt que, comme le disait Platini pour tout autre chose, enough is enough. Les effets spéciaux sont corrects, mais il y à une surenchère. Ceci dit, on suit quand même l'ensemble avec un certain plaisir, parfois coupable car le film n'est vraiment pas excellent du tout, il est même foncièrement médiocre. Certains ne seraient probablement pas d'accord pour placer Chambre 1408 (au passage, additionnez les quatre chiffres du nom de la chambre, ça donne 13) dans la catégorie des nanars, c'est vrai que c'est limite, mais en même temps, le film ne fait vraiment pas partie des meilleures adaptations de King, et il est assez mal fagotté par moments. Mais je ne peux m'empêcher de plutôt bien l'aimer quand même ! Plaisir coupable, donc. Et puis, il faut mettre au crédit du film que non seulement, il respecte assez bien le très sarcastique et noir sens de l'humour de King, mais qu'il est aussi franchement  angoissant par moments, et notamment dans sa première moitié (ça s'essouffle un peu vers la fin, malgré un retournement de situation final assez marquant) !