Spoilers !
Co-production franco-britannico-espagnole, ce film, à sa sortie, a cassé la baraque. Personne ne pouvait alors savoir que ça serait le dernier bon film de Ridley Scott pour une période dramatiquement longue de 8 ans. En effet, après ce film sorti en 1992 (année évidente pour la sortie du film : 500 ans après les faits relatés), Ridley sortira Lame De Fond en 1996 et A Armes Egales en 1997, deux films franchement ratés (surtout le second : personne n'a oublié ce gigantesque moment nanardesque où une Demi Moore crâne rasé prononce un suce ma pine ! réjouissant), et ne reviendra aux affaires sérieuses qu'avec Gladiator en 2000. A ce moment-là, plus personne ou presque ne croyait en lui. Mais en 1992, quand il a sorti 1492, Christophe Colomb, Ridley Scott, c'était déjà quelqu'un, qui avait eu un gros succès avec son précédent film, Thelma Et Louise, et avait réussi, encore avant, un des meilleurs polars de tous les temps, Black Rain (qui, cependant, n'obtint pas un gros succès). De quoi faire oublier ses quelques ratages (les deux cités plus haut, mais aussi Les Associés, Hannibal, Une Bonne Année).
1492, Christophe Colomb, on trouvera difficilement un titre plus explicite quant au sujet du film, marchera donc très fort à sa sortie. Le film a beaucoup de choses pour lui : Ridley Scott encore auréolé de gloire, un casting des plus efficaces (Depardieu qui n'était pas encore la caricature vivante qui aurait besoin de maigrir pour pouvoir jouer Obélix à nouveau ; Sigourney Weaver qui portait alors une perruque car elle s'était rasé le crâne pour jouer dans Alien 3 de Fincher, sorti la même année que le film de Ridley ; Michael Wincott, décidément génial en salopard après sa prestation dans le Robin Des Bois, Prince Des Voleurs de Kevin Reynolds, et avant The Crow ; Tchéky Karyo, toujours parfait ; Armand Assante ; Fernando Rey), un sujet en or, des décors sublimes, une durée pas trop éreintante (2h30, ça aurait facilement pu être 3 heures ou plus, vu l'étendue du sujet), et une bande-son juste divine du grand Vangelis, qui livre ici une de ses plus belles (si ce n'est la plus belle) partitions pour le cinéma. Personne n'a oublié le fameux thème "Conquest Of Paradise" (par ailleurs titre d'exploitation international du film).
L'histoire ? Oh, franchement ? L'action démarre en 1492. Christophe Colomb (Gégé), navigateur italien (il serait né à Gênes, mais c'est relativement incertain), est enfin mandaté par la couronne d'Espagne (le royaume est dirigé par la reine Isabelle - Sigourney Weaver) pour monter une expédition afin d'ouvrir une nouvelle route maritime en direction des Indes, en passant vers l'ouest plutôt qu'en contournant l'Afrique. Colomb est persuadé qu'en allant vers l'ouest, on arrivera plus vite à destination. L'expédition, constituée de trois bateaux (la Nina, la Pinta, la Santa Maria), va au bout du compte, au bout d'un long périple (l'équipage perdra confiance en Colomb et demandera qu'on fasse demi-tour, mais Colomb tiendra bon), découvrir de nouvelles terres : la future Amérique (les îles découvertes par Colomb sont aujourd'hui Haïti, et la République Dominicaine). De retour en Espagne, il fait part de ses découvertes à la Reine et obtient une nouvelle expédition, chargée de coloniser l'île et ses sauvages habitants. Il fait fonder la ville de La Isabela. Mais les choses vont rapidement péricliter, entre l'environnement plutôt hostile, le comportement de certains colons, l'éloignement d'avec la mère patrie et les ressources qui viennent à manquer, sans parler la difficulté à coloniser les indigènes, qui se portaient bien avant l'arrivée des étrangers...
Magistralement réalisé, ce film n'est jamais longuet malgré ses 150 minutes, et bénéficie, comme je l'ai dit, d'un casting à la hauteur. Depardieu est très convaincant en Christophe Colomb (un Colomb quelque peu habité et utopiste ; il est cependant difficile de décrire historiquement le personnage, car on a finalement peu d'informations avérées, fiables, sur lui, et beaucoup d'informations contradictoires), Wincott est glaçant, Sigouney Weaver (qui a failli ne pas faire le film, elle était prise sur Alien 3 et Ridley Scott a failli engager Anjelica Huston à sa place) est excellente dans un role peu présent, mais important. Le scénario de Roselyne Bosch est très bien écrit, la bande-son est juste inoubliable, la photographie de même, tout concourt à faire de 1492, Christophe Colomb un film à grand spectacle qu'on ne se lasse pas de voir et de revoir. Pour l'époque, ce film était vraiment un des meilleurs du réalisateur, qui fera cependant encore plus fort avec Gladiator 8 ans plus tard. Mais avec le temps, ce film reste tout de même sublime à voir, j'ai l'impression qu'il a un peu perdu de sa superbe niveau réputation, mais je ne peux que vous conseiller de le voir, si ce n'est déjà fait ! Petite anecdote inutile pour finir : la scène d'exécution (un bûcher d'hérétiques) au début du film est tellement réaliste par moments qu'elle m'a traumatisé quand j'ai vu ce film, alors que j'avais dans les 11 ans !