Spoilers...
Soyons clairs : si je classe ce film dans la catégorie des 'films sous-estimés', c'est quasiment en tant que bon gros coup de gueule personnel. Pour beaucoup de personnes, ce film est un nanar, certains le qualifieraient même de navet. Mais il n'empêche que je l'aime beaucoup, je l'ai toujours beaucoup aimé, c'est même un de mes films catastrophe préférés, et ce, dès la première fois que je l'ai vu (au cours de sa première diffusion TV en clair, ça devait être vers 1998, le film datant de 1996). Et je me souviens comme si c'était hier (MODE [vieux con de 35 ans] OFF) de sa sortie en salles, que j'avais loupée comme il se doit, vu ma précision sur la première fois que j'ai vu le film, relisez si vous ne vous en souvenez plus, et allez consulter un toubib aussi, car si vous ne vous en souvenez plus alors que vous venez de le lire, c'est que c'est grave. Hum. Le film est sorti en été, je m'en souviens très bien, car j'étais en vacances, et j'avais lu un article sur le film dans une feuille de chou locale du coin où je me trouvais, dans le Sud-Ouest. Anecdote aussi utile qu'un slip troué en son milieu. Le film est réalisé par Jan De Bont (un Néerlandais, qui avait alors réalisé le très cartonneur Speed en 1994, qui sera son seul succès, et qui avant ça a connu une loooongue carrière de directeur de la photographie, dans son pays - Turkish Delight, Le Quatrième Homme, Katie Tippel de Verhoeven - comme à Hollywood, où il a travaillé sur, notamment, Black Rain, A La Poursuite D'Octobre Rouge et Piège De Cristal) et s'appelle Twister. Un film scénarisé par Michael Crichton et coproduit par Steven Spielberg.
C'est à partir de ce film, son deuxième, que la carrière de De Bont va s'effriter encore pire qu'un mur dont le crépi a été mal fait. Speed cartonna en 1994, et reste un très très bon film d'action, mais Twister va connaître les affres d'une critique globalement assassine (on n'a laissé strictement aucune chance au film, et cette mauvaise réputation reste en cours), et la suite sera à l'avenant : Speed 2 : Cap Sur Le Danger (naufrage intersidéral et intersidérant) en 1997, Hantise en 1999 (remake pourri de La Maison Du Diable de Robert Wise et par ailleurs deuxième adaptation du chef d'oeuvre de la littérature d'épouvante Maison Hantée, de Shirley Jackson) qui sera nominé 5 fois aux Razzie Awards (pour les plus mauvais films, acteurs, réalisateurs, etc, une cérémonie ironique) et sortira à peu près en même temps que Star Wars Episode 1 : La Menace Fantôme (pas de bol, donc) et, dernier film à ce jour, Lara Croft : Tomb Raider, Le Berceau De La Vie en 2003. Comme on le voit, seul Speed est à conserver (et pour moi, Twister aussi, sérieusement), ce qui en dit long sur le niveau et le potentiel de Jan De Bont, qui a heureusement décidé, apparemment, d'arrêter les frais il y à 14 ans. Revenons à Twister. Le film est interprété par Helen Hunt, Bill Paxton (mort il y à quelques mois, RIP), Cary Elwes, Philip Seymour Hoffman (probablement son premier rôle dans une grosse production), Jami Gertz, Lois Smith, Alan Ruck, Abraham Benrubi, Sean Whalen et Todd Field.
J'aime vraiment ce film pour plusieurs raisons : d'abord, des films sur les tornades, il n'y en à pas eu beaucoup, et de tous, c'est clairement le plus réussi (j'ai vu récemment Black Storm, alias Into The Storm, un film de quatrième zone avec Richard Armitage et datant de 2015, c'est une merde absolue, rien d'autre à dire, mais j'ai pourtant l'impression qu'il a été mieux accueilli par la presse que Twister) ; ensuite, le scénario est signé Crichton, et on sent bien la patte du regretté écrivain (même si ses romans les plus récents m'ont bien déçus), par ailleurs créateur de la série TV Urgences. Ensuite, j'ai toujours aimé Bill Paxton, trouvant qu'il n'était pas souvent utilisé comme il le méritait (souvent des seconds rôles, de gentils ou de méchants d'ailleurs), et qu'il s'agissait d'une de ses meilleures prestations en tant qu'acteur de premier plan, il tient le rôle principal ici, pas un petit rôle comme dans les films de James Cameron (Titanic, True Lies, Aliens) ; ensuite, les effets spéciaux sont vraiment bien foutus pour 1996. Le film a 21 ans, et reste des plus regardables, les effets spéciaux sont toujours bien foutus. Et enfin, les personnages sont assez amusants (pas tous, mais pas mal d'entre eux), l'ambiance du film est assez enlevée, presque légère. On regarde ce film avec le sourire aux lèvres.
L''histoire est la suivante : Bill Harding (Bill Paxton), un ancien chasseur de tornades devenu présentateur météo vedette, et sa fiancée et future femme Melissa (Jami Gertz), arpente l'Oklahoma afin de retrouver Jo (Helen Hunt), sa femme, avec qui il vit séparé depuis un moment, et ce, afin de lui faire enfin signer les papiers du divorce. Jo est une chasseuse de tornades (les deux ont d'ailleurs bossé ensemble au départ) et elle dirige une petite équipe de personnages à peu près aussi timbrés qu'elle quand il s'agit de leur passion. Quand elle avait 5 ans, Jo a vu sa maison et son père se faire emporter, arracher du sol par une gigantesque tornade, dans l'Oklahoma. 27 ans plus tard, Jo est devenue une spécialiste de la question, et elle a enfin réussi à mettre au point un appareil que Bill et elle avaient imaginé, une sorte de gros container du nom de Dorothy (allusion au Magicien D'Oz, évidemment), rempli de petites boules remplies de capteurs, et destiné à analyser une tornade de l'intérieur. Le but est de placer Dorothy sur la trajectoire de la tornade (et donc, de s'approcher le plus possible de la trajectoire, ce qui présente de terribles risques) afin que la tornade la chope. Les capteurs se libèrent et entrent en action. Personn n'a jamais réussi à analyser réellement une tornade, pour comprendre son fonctionnement de l'intérieur, et si Jo y arrive, non seulement elle deviendrait célèbre, mais ça permettrait une meilleure prévention.
Alors que Bill et Melissa arrivent au campement de fortune de Jo et de ses collègues, une tornade s'annonce, et lui et sa fiancée se retrouvent forcés de suivre Jo (qui n'a pas encore signé les papiers), ce qui rappelle de bons souvenirs à Bill et est une première pour la très timorée et new-yorkaise Melissa. Une autre équipe de chasseurs de tornades, des rivaux, menés par Jonas Miller (Cary Elwes), un homme cupide et avide de célébrité, est également sur les lieux. Après le passage de la tornade, Jo et Bill se rendent compte que Miller et ses hommes sont en possession d'une machine similaire (en dépit de la forme des capteurs et de son nom, cependant très proche : Dot-3) à celle que Jo possède, et que Miller a très certainement piqué à Jo son idée, qu'elle avait oublié d'enregistrer à son nom (aucun brevet déposé). Alors que Bill supplie Jo d'enregistrer le brevet de Dorothy avant que Miller ne lui pique l'idée pour de bon et ne vienne l'accuser de plagiat (alors que c'est lui qui a plagié), d'autres tornades sont annoncées...
Franchement, je n'ai jamais pigé pourquoi Twister avait obtenu de si mauvaises critiques (internationales, pas seulement chez nous ou aux USA). Certes, le film ne brille pas par son scénario inventif, c'est une accumulation de scènes de passages de tornades, tout simplement, mais en même temps, les films catastrophe sont souvent dotés d'un scénario indigent. La Tour Infernale (1974), un des classiques absolus du genre (si pas le meilleur film catastrophe jamais foutu, pour tout dire), possède un scénario à la con : il y à le feu dans une tour gigantesque dans laquelle a lieu une réception tout aussi gigantesque, il convient d'éteindre le feu et d'empêcher une tragédie gigantesque. Mais le film a bien été reçu, et est toujours aussi bien réputé (à raison, d'ailleurs). Twister a-t-il eu le malheur de sortir à une époque où les films catastrophe n'étaient plus à la mode ? Pourtant, deux ans plus tard, Michael Bay fera Armageddon, qui cartonnera. Deux ans, c'est pas long. Jan De Bont n'est pas un bon réalisateur, OK, mais il n'avait alors fait qu'un seul film, Speed, qui avait très très bien marché et est vraiment très bien foutu. C'est donc pas la mauvaise réputation du réalisateur qui est en cause. Le scénariste, Crichton ? En 1996, il cartonnait avec Urgences, donc non. Le producteur exécutif (c'est à dire, avec un droit de regard), Spielberg ? Clairement pas. Les acteurs ? Je ne vois pas ce qui aurait pu causer le bide du film et sa descente en flammes les concernant.
Non, à mon avis, si Twister s'est fait aussi violemment enculer par la presse en rut, c'est parce qu'ils avaient envie de descendre un film catastrophe, et que c'est tombé sur lui. Et si le film a foiré au box-office, c'est à cause de ces mauvaises critiques, car c'est quand même bien rare que les gens aillent voir en salles, par dizaines de millions, un film se faisant aussi universellement laminer par la presse (et ça perdure : quand le film passe à la TV, et il a été rediffusé très récemment sur le câble, les avis sont dans l'ensemble plus que mitigés). Moi, je pense que ce film n'a pas eu de bol du tout, et qu'il mérite bien mieux que sa détestable réputation. Les effets spéciaux valent le coup, l'interprétation est correcte, le film n'est pas trop long (un peu moins de deux heures), certaines scènes sont très amusantes (la cultissime vache emportée par la tornade) et les personnages, dans l'ensemble, plutôt délirants, et la réalisation n'est pas à chier. OK, le scénario n'existe quasiment pas, et certains personnages secondaires (la fiancée de Bill, archétype de la citadine coincée qui a peur de se salir et frémit à l'idée de boire une bière au goulot ; Miller et son équipe de chasseurs de tornades aussi cons qu'avides de pognon) sont caricaturaux, mais citez-moi un film catastrophe, de quelque génération qu'il soit, qui n'a pas son lot de personnages caricaturaux et un scénario ridiculement mince. Quasiment tous les films catastrophes sont concernés, alors si on pouvait arrêter de casser du sucre sur le dos de Twister pour ces raisons, merci bien ! Je n'hésite vraiment pas à dire que j'aime énormément ce film.
