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Spoilers...

Vous le savez, je suis fan inconditionnel de Stephen King. Je me rue comme un affamé sur chacune de ses sorties littéraires, que cela soit un roman, un recueil de nouvelles ou un essai, et il pourrait sortir un livre de cuisine traditionnelle moldave ou un ABC du bricolage que je l'achèterais quand même. En 1998, le King a sorti un roman sublime, un des préférés de ses fans les plus fans : Sac D'Os. Ce roman n'est ni un thriller, ni de l'épouvante (mais un peu du fantastique quand même), mais un roman qui, selon les propres termes de son auteur, raconte une histoire d'amour hantée, et parle du veuvage et de la douleur de perdre l'être aimé. Quelque part, c'est le premier roman traditionnel de King, qui en fera d'autres par la suite, comme le quasi-recueil de nouvelles Coeurs Perdus En Atlantide ou Histoire De Lisey. Il faudra attendre un sacré bon bout de temps (jusqu'en 2011 !) pour que ce roman sublime sorti donc 13 ans plus tôt ne soit adapté à l'écran. Et pas sous la forme d'un film, mais d'un TVfilm en deux parties (ce qui ne l'empêche pas de ne durer que 2h35 : les deux parties font respectivement 76 et 79 minutes !) réalisé par celui qui avait déjà signé les adaptations TV du Fléau, de Shining et de Désolation, notamment : Mick Garris.

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Diffusé en France, assez discrètement (mais en première partie de soirée cependant) sur une chaîne de la TNT (HD1) en 2015 et sous le très discret et banal titre français de La Maison Sur Le Lac, ce TVfilm, Bag Of Bones en VO, existe en DVD également. Je le possède dans une édition DVD allemande (tout est écrit en allemand au dos), mais proposant aussi bien la VF que la VOST, et le menu du DVD en lui-même est d'ailleurs en franzosische. Le film est interprété par Pierce Brosnan, Melissa George, Anika Noni Rose, Matt Frewer et Jason Priestley (qui n'apparaît quasiment qu'au début de la première partie) notamment, et possède une ambiance similaire à celle du roman, c'est à dire mélancolique (pour ne pas dire triste, vu l'histoire, je la décrit dans quelques lignes) et enivrante. J'ai pu remarquer, au fil de mes pérégrinations internétiques, que Bag Of Bones (je ne l'appellerai plus par son titre français ridicule, pourquoi ne pas avoir traduit le titre du TVfilm et lui avoir, par conséquent, donné le même titre que le roman initial ?) a récolté, et continue de récolter, des critiques plutôt acerbes de la part de ceux  qui l'ont regardé. J'ai pu lire quelque part, sur un site ou blog français, que c'était mal joué. Ici, je dois préciser un truc : non, ce n'est pas mal joué ; en revanche, le doublage VF est calamiteux, et croyez-moi, voir un film étranger avec un mauvais doublage VF donne l'impression que c'est mal joué ; j'ai personnellement regardé le TVfilm en VOST, ainsi qu'en VF, et franchement, j'ai eu l'impression, parfois, de ne pas voir la même chose ! Et bien entendu, j'ai préféré en VOST. De loin. D'au moins 300 kilomètres 25 grammes.

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Pour ce qui est de la réalisation, en revanche, c'est clair, ce n'est pas du Kubrick sous amphétamines. La réalisation de Mick Garris n'a jamais été (et ne sera probablement jamais) géante. Mais c'est correctement bien foutu, du niveau d'un TVfilm lambda, rien de plus. Ne pas trop en espérer, tel est le credo du spectateur de TVfilms. Le scénario quant à lui adapte plutôt bien, en faisant des raccourcis et coupes, le roman, qui reste évidemment meilleur que son adaptation. Mais si vous avez lu Sac D'Os (et si ce n'est pas le cas, je vous  le conseille franchement), vous devriez retrouver vos petits sans trop de problèmes. L'histoire, sinon, la voici : Mike Noonan (Pierce Brosnan, dans sa deuxième participation à l'univers kingien après Le Cobaye qui, en fait, n'adaptait pas King, mais surfait frauduleusement sur son nom) est un écrivain à succès qui vit un parfait bonheur avec sa femme Jo (Annabeth Gish). Il vient d'achever son dernier roman (un pavé) et le jour de sa sortie, alors qu'il signe des dédicaces dans une librairie de New York, il vit une immense tragédie : Jo, qui vient de temporairement s'absenter pour faire des courses, est renversée par un bus et meurt sur le coup.

Bag of Bones - Mike and the ''Green Lady''

Totalement dévasté, Mike n'arrive plus à rien, et commence à voir et entendre Jo un peu partout chez lui. Il décide, après avoir envoyé à son éditeur un manuscrit écrit il y à un bail afin de combler un vide (son éditeur lui réclamant, devant le succès du nouvel opus, un nouveau roman), de s'en aller passer quelque temps dans la maison familiale qu'il possède dans le Maine, au bord du larc Dark Score, et où il n'a pas été depuis au moins deux ans. Jo, elle, y a passé une année, seule, pendant que lui écrivait son pavé à New York. Elle y aurait effectué des recherches étranges, et aurait peint, et surtout, a laissé une telle trace dans le coin que tout le monde est dévasté d'apprendre la nouvelle de sa mort. S'installant dans la maison, encore imprégnée du souvenir de sa femme, Mike n'arrive plus du tout à écrire, blocage de l'écrivain, et est surtout de plus en plus persuadé que sa femme le hante : il entend sonner la cloche du trophée de caribou (une tête de caribou orné d'une cloche, et que le couple Noonan baptisa Bunter) alors que rien ne devrait la faire sonner (pas de courant d'air, pas de tremblement de terre), et les lettres magnétiques sur le frigo se positionnent parfois pour lui écrire des messages.

Bag of Bones - Mike and Bunter

Un jour, en ville (une petite ville du Maine), Mike manque de renverser une petite fille d'environ 5 ans. Sa mère, Mattie Devore (Melissa George) arrive en courant, affolée, et remercie Mike d'avoir sauvé la vie de sa fille Kyra. En entendant le prénom, Mike sursaute un peu, car Jo et lui avaient autrefois prévu, mais ce ne fut pas possible pour des raisons médicales, d'avoir un enfant, et si ça avait été une fille, ils l'auraient appelée Kya. Coïncidence. Allant manger juste après, Mike reçoit du patron du petit restaurant le conseil de ne pas trop s'approcher de Mattie Devore car elle a des ennuis et elle en cause. Mattie est la jeune veuve du fils d'un grand industriel du coin, Max Devore (William Schallert), un vieillard impotent mais riche et sadique qui, depuis la mort de son fils (qu'elle a abattu car il tentait de noyer leur fille Kyra), veut obtenir la garde de Kyra par tous les moyens, et rien que parce que Mike est entré en contact avec Mattie, il est convoqué, officiellement, dans le bureau du tuteur légal de Kyra.

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Parvenant sans problèmes à se dépatouiller des questions ambigües de l'avocat (qu'il soupçonne d'être aux ordres de Max Devore alors que logiquement, il se doit d'être impartial), Mike, de retour chez lui, aperçoit sur son frigo un message fait avec les lettres : help r (aide-la), qu'il comprend comme un message de Jo, de l'au-delà, pour lui demander d'aider Mattie à récupérer complètement la garde de sa fille. Parallèlement, il commence à faire de curieux rêves, très réalistes, où il se retrouve en 1939, dans une fête foraine qui fut organisée au bord du lac Dark Score, rêve dans lequel il ne cesse d'écouter et de voir une chanteuse de blues de l'époque, Sara Tidwell (Anika Noni Rose), chanter. Se documentant sur cette chanteuse dont il retrouve des disques dans la maison (et une peinture faite par sa femme, la représentant, dans l'atelier), il découvre qu'elle a mystérieusement disparu en 1939. Progressivement, il va de plus en plus vivre des expériences troublantes où le passé et le présent vont s'entremêler, et il va de plus découvrir de bien sinistres secrets sur les habitants du coin...

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Pierce Brosnan est franchement convaincant en écrivain endeuillé et n'arrivant plus à écrire (le fait que Brosnan, il y à plusieurs années, a vécu une situation similaire, sa première femme est décédée d'un cancer en 1991, ils étaient mariés depuis 11 ans, ajoute une part de crédibilité à son rôle), et les autres acteurs, s'ils ne sont pas forcément aussi bons (William Schallert en fait probablement un peu trop  dans le registre du vieil enculé impotent et riche désireux d'en faire voir de toutes les couleurs à ses ennemis, par tous moyens), ne sont pas mauvais pour autant. Le gros problème réside dans la réalisation, statique, sans âme, avec beaucoup de fondus au noir, de plans très courts façon clip (dans les séquences les plus 'fantastique' de l'histoire). Mais comme je l'ai dit, c'est un TVfilm, pas un film cinéma. 

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Enfin, l'adaptation en elle-même n'est pas à 100% fidèle, il manque des trucs (la relation entre Mike et Mattie prend plus d'importance dans le roman; ainsi que la gué-guerre entre Mike et Max Devore), il manque des personnages secondaires (qui, finalement, manquent peu), des détails, mais dans l'ensemble, tout y est, et ayant lu le roman plusieurs fois, j'ai retrouvé l'histoire de Sac D'Os (l'explication du titre du roman est donnée quelque part : c'est une citation de l'écrivain anglais Thomas Hardy qui disait que n'importe quel personnage de fiction, comparé à une personne réelle, n'est rien d'autre qu'un sac d'os). Au final, si vous aimez Stephen King, je vous conseille de regarder, ne serait-ce qu'une fois, ce TVfilm qui, bien que constitué de deux parties, est nettement moins long que de coutume : 2h35 seulement. Certes, ce n'est pas rempli d'action, et il ne fout pas les jetons, mais c'est quand même vraiment pas mal du tout.