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Spoilers...

J'ai toujours aimé ce film, au point, ne l'ayant pas en DVD, de l'acheter en Blu-ray, format pourtant plus cher que le DVD, et ne s'imposant pas trop avec un film aussi ancien (il date de 1989). Mais que voulez-vous. C'est un film au final très méconnu, malgré qu'il soit signé Steven Spielberg. Mais c'est un film comptant parmi les 'petits' Spielberg, et de fait, il est, dans sa filmographie abondante et impressionnante, coincée entre le troisième Indiana Jones (sorti la même année, mais avant lui), qui fut un triomphe, et Hook Ou La Revanche Du Capitaine Crochet (1991), qui fut un bide commercial et critique (surtout critique). Always, tel est le titre de ce film, un film qui se base sur un autre film, Un Nommé Joe, film datant de 1943 et réalisé par Victor Fleming, film dont on voit un extrait dans Poltergeist de Tobe Hooper (que Spielberg a écrit et produit). Mais tout en étant un remake, Always ne se passe pas du tout à la même époque (Seconde guerre mondiale)  et dans le même milieu (aviation de guerre) que le film de 1943. Ici, l'action est contemporaine (fin des années 80) et le milieu choisi est celui des pompiers aériens, pilotes de canadairs. 

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Pour ce film, Spielberg a eu envie de rendre hommage aux films dits optimistes des années 40, genre les films de Frank Capra tels La Vie Est Belle. Il a eu aussi envie de tourner avec Audrey Hepburn (dont ce sera l'ultime film, elle est morte en 1993), et qui n'aurait eu envie de tourner avec elle, de la diriger ? Richard Dreyfuss, que l'on pourrait qualifier de premier acteur récurrent du cinéma de Spielberg (Les Dents De La Mer et Rencontres Du Troisième Type), retrouve le réalisateur pour une troisième et dernière fois. John Goodman, Holly Hunter, Brad Johnson, Keith  David, Roberts Blossom, Marg Helgenberger complètent la distribution de ce film sachant parfaitement concilier humour et émotion. S'il fallait qualifier Always (qui ne dure pas 105 minutes comme indiqué sur la fiche Wikipédia française, mais 120 minutes), disons que le film est une comédie fantastique. Oui, fantastique. 

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L'histoire est d'une simplicité enfantine : Pete Sandich (Richard Dreyfuss) est un pompier du Montana, qui pilote un canadair avec son collègue et ami Al Yackey (John Goodman). Il est notoirement casse-cou, amateur de pirouettes, et follement amoureux de Dorinda Durston (Holly Hunter), qui bosse à la tour de contrôle de la caserne et n'attend de lui qu'une chose, qu'il se décide enfin à l'épouser. Un jour, au cours d'une mission, il meurt, son canadair ayant heurté un arbre et l'avion, en feu, explose en vol, sous le regard impuissant de son collègue Al qui, dans son avion, n'a rien pu faire, évidemment. Pete se réveille (n'ayant pas conscience d'être mort) dans une clairière, et une femme, Hap (Audrey Hepburn), toute vêtue de blanc, arrive et lui explique la situation (tout en lui coupant les cheveux). Désormais, Pete ne fait plus partie du monde des vivants, mais il va devoir y retourner, en esprit, afin d'inculquer sa divine inspiration à un jeune pilote, un bleu, qu'il aura lui-même choisi, afin de faire de lui un as. Pareille chose est arrivée à Pete autrefois, sans qu'il ne s'en rende compte, mais l'esprit d'un pilote décédé l'avait accompagné durant son apprentissage.

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Pete va, donc, choisir un jeune pilote, jetant son dévolu sur Ted Baker (Brad Johnson), une jeune recrue. Quand il revient sur Terre, invisible et inaudible, six mois se sont écoulés. Al ne pilote plus, il est devenu instructeur pour les recrues (dont Ted), et Dorinda a quitté la caserne. Pete va s'occuper de Ted, le coachant en esprit, mais quand il va découvrir que le jeune pilote commence à avoir des vues sur une Dorinda qui parvient tant bien que mal à se remettre de la mort de Pete, son coeur va balancer. Il est d'un côté heureux de voir Dorinda reprendre goût à la vie, mais jaloux du jeune homme qui lui 'vole' celle qui, autrefois, était sa fiancée, et qu'il aime toujours, plus que jamais...

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 Comme on le voit, une histoire de romance et de fantôme, qui pourrait faire penser à Ghost. Ce qui n'est pas forcément une super référence. Enfin, disons que ce genre de film, de la part de Spielberg, peut étonner, et ça sera quelque peu reproché au réalisateur à l'époque : comment pouvait-il faire un film de ce genre, une mélasse sentimentale remplie de bons sentiments, sans méchants, sans action (ceci dit, on a de sublimes scènes aériennes), lui qui, auparavant, nous a offert la trilogie Indiana Jones ou Les Dents De La Mer ? Pendant de nombreuses années, Always, dont le succès commercial sera correct mais vraiment pas immense, et dont l'accueil critique plutôt tiède, sera considéré comme un mauvais Spielberg. C'est clair, ce n'est pas un grand cru, franchement pas, on ne peut pas le ranger aux côtés de La Liste De Schindler, par exemple. Mais ce n'est pas non plus un mauvais film. Sincèrement, pour l'avoir revu récemment, on passe un très bon moment pendant deux heures. Les acteurs sont excellents (Tom Cruise aurait refusé le rôle de Ted), la réalisation est efficace et sans chichis, et l'alternance entre humour (le début du film est même une vraie comédie, Sandich et Yackey se comportant, aussi bien dans les airs que sur le plancher des vaches, comme deux ados attardés, surtout en compagnie de la gent féminine) et émotion est parfaite.

 

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Comme la scène où Dorinda invite à manger chez elle Ted (sous le regard à la fois attendri et jaloux de Pete). Un peu paniquée à l'idée de recevoir un jeune homme, elle fait front et la soirée se passe bien, ils finissent par danser ensemble. Pete, lui, pleure, à la fois heureux et jaloux de Ted. Et dans une autre scène du film, une des premières où Pete coache Ted en lui insufflant son inspiration, Pete ne peut s'empêcher de faire faire à Ted (qui, bien entendu, est totalement inconscient du fait qu'il est drivé par un esprit) une blague sur la personne d'Al, qui est assis dans la plaine à le regarder voler, et qui reçoit sur la tronche une cargaison de poudre (pour l'entraînement au larguage de poudre extinctrice), sous l'hilarité du fantôme. Le film n'est donc pas un chef d'oeuvre, il est certes pétri de bons sentiments un peu gnan-gnan, mais pour l'excellence de l'interprétation et la réalisation de Spielberg, il reste à voir, ne serait-ce qu'une fois. J'aime vraiment beaucoup ce petit cru de Spielberg, qui devrait passer plus souvent à la TV (il ne passe d'ailleurs quasiment plus) !