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(Pas de) spoilers !

Oui, il n'y aura pas de spoilers dans cet article, je ne révèlerai rien d'important du scénario du film, pour la simple et bonne raison que le film n'en possède pas, de scénario ! Enfin, j'exagère, il y en à un... mais l'histoire du film est tellement mince qu'elle tiendrait sur un coin de timbre-poste. Il n'y à pour ainsi dire pas de dialogues (et quand il y en à, ils sont bouffés par la bande-son de Michel Legrand), on entend plus une voix de speaker qu'autre chose, et concernant les personnages, on ne sait pas trop comment ils s'appellent. Et il s'agit pourtant d'un film de cinéma, pas d'un documentaire ! Ce film, sorti en 1971 (ou 1972 selon les pays) et réalisé par Lee H. Katzin, c'est Le Mans. Titre original identique. Il ne s'agit évidemment pas d'un film sur la conception des fameuses rillettes (qui sont issues de la ville de Conneré dans la Sarthe plutôt que du Mans dans le même département, mais ça, c'était pour l'anecdote hors-sujet, inutile et gratuite. De rien.) mais sur la très fameuse course automobile des 24 Heures du Mans. Le film dure 110 minutes, et sur ces 110 minutes, on doit bien en avoir 90 ou 95 qui proposent des séquences de course automobile. Autrement dit, bien qu'étant un film de fiction, c'est quasiment un documentaire. Certes, on y trouve des acteurs (Steve McQueen est le seul acteur connu du film, mais on a aussi Elga Andersen notamment), mais les seuls vrais acteurs du film sont les bolides.

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Le Mans raconte l'histoire d'un pilote américain (McQueen) qui, après un terrible accident de course au Mans quelques années plus tôt (accident au cours duquel il fut blessé, et où un autre pilote, concurrent mais ami, trouvera la mort), décide, contre toute attente, de revenir, probablement pour se prouver qu'il peut encore le faire, ou pour conjurer le mauvais sort. Sur place, parmi les officiels et les accompagnateurs, il retrouve la veuve (Elga Andersen) de son ami pilote mort dans l'accident, et pendant les temps de pause de la course, alors qu'il est relayé par d'autres pilote de son équipe, il va renouer le contact avec elle... Voilà pour le scénario. Comme vous le voyez, rien de grandiose dans cette histoire. Les dialogues, quand il y en à, sont insipides et quasiment inaudibles (peu importe que vous mettiez le film en VF ou en VOST, le résultat sera le même). Je crois que pendant les 20 premières minutes du film, on n'entend que les acclamations du public, les vrombissements des moteurs et les annonces des speakers

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On ne regardera pas ce film, donc, pour la maestria de son écriture, mais pour la maestria des scènes de course. Non seulement les scènes ont été tournées avec des caméras embarquées (une prouesse et quasiment une première pour l'époque), ce qui donne l'impression d'y être, mais le film a été tourné pendant les 24 Heures, avec de vrais pilotes. McQueen n'a pas été doublé, pour aucune séquence du film (ou presque), et il adorait les courses automobiles au point d'avoir, comme Paul Newman (qui fit un film, dans les années 60, sur les courses automobiles : Virages) notamment, participé à des courses, comme les 24 Heures. C'est lui qui conduit la voiture dans le film, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il se démerdait comme un chef. En fait, ce film est à conseiller à deux catégories de personnes : les fans de Steve McQueen, et les amateurs de sport automobile. Je ne suis personnellement pas fan du tout de sport automobile, mais ce film (et Rush de Ron Howard, dont je parlerai ici un jour) m'a emballé. Mais j'adore McQueen, je trouve cet acteur remarquable, aussi bien dans L'Affaire Thomas Crown, Papillon, Les 7 Mercenaires, Bullitt ou La Tour Infernale, sans oublier Le Mans, même si son jeu d'acteur est réduit à la portion congrue, par rapport à la prouesse physique et sportive.

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Voilà donc pour le film. Pas grand chose à dire dessus, donc : la réalisation est ultra efficace dans les scènes de course, et ultra banale dans le reste (heureusement, 90% du film, c'est la course), McQueen assure en pilote mais son personnage est tellement transparent qu'en fait, il joue quasiment son propre rôle, et le scénario n'existe pas. Visuellement, le film accuse le poids des années (de plus, on constatera qu'entre 1971 et maintenant, et c'est bien normal, les règles de course ont changé, parfois très fortement) mais ses scènes de course restent quand même incroyables. Le Mans se taille, dans le monde des amateurs de sport automobile, une réputation de film le plus important sur le sujet, un film certes étrange mais d'un réalisme documentaire. Limite on regarde ce film comme on suivrait une course, se demandant, durant le visionnage, qui va gagner, comme si le gagnant (et d'une manière générale le déroulé) de la course pouvait changer d'un visionnage à un autre ! Le film est à voir pour la réussite majeure de ses scènes de courses et la prouesse de pilote de Steve McQueen (on notera qu'il y à quelques années, un documentaire a été fait sur l'expérience de McQueen au Mans et le tournage rocambolesque du film : The Man & Le Mans, au jeu de mots sympathique), mais si vous n'accrochez pas trop à cet acteur et que vous n'appréciez pas du tout le sport automobile, vous risquerez sans doute de décrocher, voire même de ne pas aimer du tout. Ca reste une sorte d'OVNI cinématographique malgré tout.