SPOILERS...
En 1943, les Studios Disney sortent Saludos Amigos, un dessin animé de 42 minutes constitué de courts-métrages (et de quelques séquences documentaires), qui fait partie des Grands Classiques (au même titre que Robin Des Bois ou Pinocchio, pour ne citer qu'eux) et avait pour but de faire découvrir les splendeurs de l'Amérique du Sud, via des dessins animés se passant en Argentine, Pérou et Brésil (avec un personnage de perroquet brésilien crée pour l'occasion, José Carioca, mais avec aussi Donald et Dingo). Un an plus tard, les Studios récidivent avec Les Trois Caballeros, un film nettement plus long (68 minutes) et dans lequel, en plus de revoir Donald et José Carioca, on découvre un autre personnage, Panchito Pistoles, un coq mexicain.
Les Trois Caballeros (The Three Caballeros), aujourd'hui un peu sous-estimé comme l'est Saludos Amigos, est aussi un Grand Classique, quoi qu'on en dise. Contenant quelques passages filmés (avec acteurs et surtout chanteurs/danseurs : Carmen Molina, Dora Luz, Aurora Miranda...), le dessin animé est aujourd'hui considéré, par les spécialistes de Disney (et notamment le grand spécialiste Leonard Maltin) comme offensant. Il faut dire que Les Trois Caballeros propose une vision désormais totalement surannée, kitsch, dépassée, caricaturale de l'Amérique du Sud. C'est aussi le cas de Saludos Amigos, mais à un degré un peu moindre.
Mais, personnellement, j'aime énormément ce film d'animation, malgré un final qui se traîne un peu en longueur (à partir du moment où le trio revient de son voyage mexicain en tapis volant, ça devient barbant) et quelques chansons franchement médiocres (Je ne supporte absolument pas Os Quindines de Yaya, chanson interprétée par Aurora Miranda dans le segment brésilien se passant dans une Bahia aux décors de papier - et pour cause, les décors sont ceux d'un livre avec pop-ups dépliants !).
DVD
Les Trois Caballeros raconte l'histoire d'un cadeau fait à Donald par ses amis d'Amérique du Sud : une boîte remplie de petites boîtes, de paquets. En déballant fébrilement le premier, Donald découvre un projecteur et des films. Le premier s'appelle Aves Raras (Oiseaux Rares en espagnol) et montre notamment l'histoire d'un pingouin, Pedro, qui déteste le froid et ne rêve que d'une chose, vivre au soleil. On y voit donc le périple assez amusant de ce pingouin frileux. Puis on assiste à une description de quelques oiseaux sud-américains, comme le toucan ou l'aracuan (ce dernier est un petit oiseau débile, que l'on reverra dans un segment de Mélodie Cocktail (1948), et est surtout un oiseau n'existant pas dans la réalité). Puis, un dernier dessin animé indépendant montre l'histoire d'un petit gauchito découvrant un âne ailé dans la Cordillière des Andes.
Après l'ouverture de ce premier cadeau, Donald ouvre le deuxième, un livre sur le Brésil, d'où sort une version miniature de José Carioca, son ami brésilien, qui lui fait découvrir les joies de Bahia, magnifique ville brésilienne. S'ensuit un long passage musical très kitsch. Le dernier cadeau sera mexicain, avec l'arrivée de Panchito Pistoles, qui fait découvrir les joies (musicales, culturelles) de son pays à ses deux amis...
Sans être un immense Grand Classique de Disney, Les Trois Caballeros contient de très grands moments : les petits courts-métrages du début, concernant Pedro le pingouin, le gauchito volant ou les oiseaux de la jungle (comme l'aracuan, à se tordre de rire), la description chantée (belle chanson, d'ailleurs) de la ville de Bahia, ou la description, non chantée mais en aquarelles, du conte mexicain de Las Posadas (un conte de Noël) sont de pures merveilles. Après, c'est vrai que le long passage chanté/dansé de Os Quindines De Yaya, avec Aurora Miranda et ses danseurs/danseuses caricaturaux, et le passage final montrant la mexicaine Carmen Molina entourée de cactus dansants, sont pesants, à la longue. L'ensemble des passages musicaux, en fait, sauf Bahia, vraiment une merveille.
L'aracuan
Mais, dans l'ensemble, c'est une petite merveille, un peu kitsch, un peu dépassée et caricaturale (avec une dimension sexuelle évidente qui gêne un peu, via les nombreuses crises de sueurs et de bave de Donald, à chaque fois qu'il aperçoit une belle sud-américaine, et il en voit beaucoup !), mais visuellement bien foutue, en Technicolor, et le mélange animation/prises de vue réelles est, surtout pour l'époque, bien fait. Un Grand Classique mineur, mais un Grand Classique tout de même, un film d'animation à voir, en lui pardonnant ses défauts, qui ne parviennent cependant pas à effacer ses qualités : faire découvrir un superbe continent par la magie des images et de la musique !