SPOILERS...
Réalisé en 1952, Les Feux De La Rampe (Limelight) est l'avant-dernier film américain de Charlie Chaplin (par la suite il fera encore deux films, Un Roi A New-York et La Comtesse De Hong-Kong, ce dernier est même son unique film en couleurs, et britannique de production), et le premier rôle dramatique de l'acteur. Le film est aussi interprété par Claire Bloom, Sydney Chaplin (un des enfants de Chaplin), Buster Keaton, Norman Lloyd, Wheeler Dryden, Nigel Bruce et Marjorie Bennet. C'est un film poignant sur le music-hall et dans lequel Chaplin campe une sorte de Charlot fatigué et désabusé, qui lui permet en quelque sorte de tirer un trait sur son personnage fétiche, apparu pour la dernière fois dans Les Temps Modernes en 1936.
L'action se passe dans un music-hall. Calvero (Charlie Chaplin) est un chanteur de music-hall à la retraite, un tantinet alcoolo et désabusé, usé par la vie. Thérèse Ambrouse, alias Terry (Claire Bloom), elle, est une toute jeune artiste, danseuse de ballet. Se prenant de sympathie pour elle, Calvero va tout faire pour lui apprendre les rudiments du métier, comment vaincre son stress, comment évoluer, danser face au public, comment survivre dans cet univers parfois cruel qu'est celui du spectacle. En plus, ça lui permettra de se remémorer les souvenirs d'antan, quand il cartonnait, était une star, avant qu'il ne prenne sa retraite et ne sombre...
Les acteurs sont tout simplement grandioses, à commencer par le trio Chaplin/Bloom/Keaton (ce dernier, immense star comique américaine des années 20-30, sorte de rival de Chaplin en somme, est inoubliable dans le rôle du partenaire de Calvero, dans une scène anthologique), et le film est remarquablement écrit. Niveau réalisation, Chaplin était un bon réalisateur, mais il n'y à cependant rien de grandiose, c'est bien réalisé, mais selon les normes de l'époque. Limelight, dans l'ensemble, fait partie des inusables de Chaplin, avec Le Dictateur, Les Temps Modernes, La Ruée Vers L'Or, Le Kid et Les Lumières De La Ville. Un vrai chef d'oeuvre !
Après ce monument, Chaplin fera donc encore deux films, deux films assez méconnus et même peu estimés de nos jours, Un Roi A New-York et La Comtesse De Hong-Kong, dans lequel il ne jouera pas. Deux films assez réussis, surtout le dernier, mais aucun n'est du niveau de ces Feux De La Rampe de 1952, déclaration d'amour au music-hall, film plein d'espoir (un vieil artiste amer reprend le goût à la vie et à la scène en chaperonnant et aidant une jeune artiste à percer dans le milieu), mais aussi un film dramatique, le premier rôle dramatique de l'acteur, et dans lequel il est aussi sobre et élégant que parfait. Je me répête, donc, mais un vrai chef d'oeuvre que ce film, à voir absolument si vous aimez le cinéma.