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Grand Prix du Jury à Cannes en 1949 (bref, la Palme d'Or avant la création de cette distinction), Le Troisième Homme est un film de Carol Reed (malgré son nom, c'est un homme), interprété par Joseph Cotten, Orson Welles, Alida Valli et Trevor Howard. On y trouve aussi Bernard Lee (futur interprète de M dans les premiers James Bond), Wilfrid Hyde-White et Ernst Deutsch. C'est un film qui donnera lieu, par la suite, à un roman de Graham Greene, qui portera le même nom. Greene a par ailleurs collaboré au scénario avec Alexander Korda, Carol Reed et Orson Welles (mais ces trois derniers ne sont pas crédités). Le film est produit par Reed, Korda et David O. Selznick (là aussi, les deux derniers, non crédités à l'époque). C'est un film considéré comme un des jalons du film noir, et bénéficiant d'une musique inoubliable de Anton Karas, à la cithare.
Holly Martins (Joseph Cotten), auteur de romans (des westerns), arrive à Vienne, Autriche, sur invitation d'Harry Lime (Orson Welles), un ancien ami d'études. A peine arrivé, il a tout juste le temps d'assister...aux obsèques de Lime, apparemment décédé dans un stupide accident de voiture. Pour Martins, l'annonce subite de la mort de son vieil ami qu'il n'avait pas revu depuis des lustres, et qu'il venait justement voir, est un choc. Dans la Vienne encore meurtrie par les séquelles de la seconde guerre mondiale et divisée, comme Berlin, en plusieurs secteurs alliés (USA, France, Royaume-Uni, URSS...) Martins apprend que Lime aurait participé activement à la vente de médicaments contrefaits (de la pénicilline) au marché noir, et il décide de mener son enquête...et si Lime était encore en vie ?
Que dire au sujet de ce Troisième Homme (dont Verhoeven, en 1983, pastichera le titre via son film Le Quatrième Homme, au demeurant un film dont le sujet n'a rien à voir avec le film de Carol Reed) qui n'a déjà été dit cent fois ? Interprétation éblouissante de Cotten et Welles, séquences magnifiques avec cadrages obliques (une innovation pour l'époque), visage de Welles subitement éclairé dans l'embrasure d'une porte cochère, final dans les égoûts viennois, totalement cultissime... De la musique inoubliable de Karas à la photographie tout aussi inoubliable (rarement un film aura aussi bien mérité le terme de 'noir') de Robert Krasker, The Third Man est un joyau.
Un film, cependant, assez court, 1h45 en France, dix minutes de moins dans sa version américaine (le film est britannique), tourné dans trois langues (anglais, allemand, russe). Les acteurs assurent, la réalisation innove avec ces cadrages étranges (mais, mis à part ça, la réalisation est quand même assez dans les normes de l'époque), la musique est culte, l'histoire est digne des meilleurs romans et films noirs...Un classique du cinéma, tout simplement !