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SPOILERS...

Réalisé par John Huston, Robert Parrish, Val Guest, Joseph McGrath et Kenneth Hughes, Casino Royale, adaptation assez libre du roman de Ian Fleming (qui est le premier roman avec le personnage de James Bond) est sorti en 1967. C'est un James Bond, mais un non-officiel (pour des raisons que j'ignore, les droits d'adaptation du roman Casino Royale n'avaient pas été obtenus par la société EON, qui fait les films officiels, et donc, le film adaptant le roman n'a pas pu être fait officiellement avant 2006). Le fait que le roman n'était pas dans la liste des romans adaptables par EON a fait qu'une autre société de production a pu l'adapter sans crainder des soucis juridiques avec EON. Le film a été fait à dix mains, ce qui est rare (et rarement synonyme de réussite artistique, car plusieurs réalisateurs = plusieurs styles, et résultat, souvent, bancal).

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Le fait est que la réalisation n'est pas le point le plus fort de Casino Royale, version 1967. Niveau scénario, il y à pas moins de trois scénaristes crédités, et des participations non créditées de sept autres, dont Woody Allen, Terry Southern, Billy Wilder, l'écrivain Joseph Heller et Peter Sellers). Là où le film fait fort, c'est dans son interprétation (un casting de folie furieuse, je le cite plus bas) et dans son ambiance. Car ce film fait à dix mains (deux par réalisateur, ah ah) n'est pas un film d'espionnage, mais une comédie, une parodie. Pastiche fut le terme officiellement utilisé pour parler de ce film faisant fortement penser aux comédies de Blake Edwards du style La Panthère Rose ou The Party. Avec une bande-son très pop (Burt Bacharach et son tube The Look Of Love, immortalisé par Dusty Springfield dans la VO, mais malheureusement remplacé, dans la VF, par une reprise en français chantée par Mireille Mathieu).

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Le film possède donc un casting de malades : David Niven, Ursula Andress, Orson Welles, Peter Sellers, Woody Allen, Daliah Lavi, John Huston, Peter O'Toole, Jean-Paul Belmondo (ne clignez pas de l'oeil, vous le louperiez, il joue un légionnaire français), Jacqueline Bisset, Charles Boyer, William Holden, Deborah Kerr, Barbara Bouchet et, dans son propre rôle, George Raft. Sorti à peu près en même temps qu'un James Bond officiel (On Ne Vit Que Deux Fois), il ne parviendra pas à faire autant d'entrées, à avoir autant de succès que l'officiel (qui, lui-même, bien qu'ayant marché, n'a pas autant cartonné que les précédents). Il est aujourd'hui devenu totalement culte, et représentatif du cinéma pop.

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James Bond (Niven), anobli, est devenu Sir James, et il vit dans sa luxueuse propriété, avec majordome, félins dans le jardin, en Ecosse. Il a pris sa retraite bien méritée. Mais un jour, M (John Huston) vient lui demander de reprendre du service. Bond refuse. M lui remet un pli de la Reine, lui enjoignant de reprendre du service. Il refuse. M fait sauter son château. Il accepte. Manque de bol pour M, qui meurt dans l'explosion du château. Ce qui fait que, pour lui rendre hommage, Bond se rend chez sa veuve, Lady Fiona McTarry (Deborah Kerr). Bond ignore que le château de McTarry a été pris en possession par les agents du SMERSH (organisme de contre-espionnage soviétique), et qu'une espionne, Mirabelle, a pris l'identité de Lady Fiona McTarry.

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Après avoir réussi à se tirer des pattes du SMERSH, Bond, qui prend la fonction de feu M, se rend à Londres, au quartier général des services secrets, et monte une stratégie pour faire face au SMERSH : nommer tous les agents secrets du pays James Bond, avec matricule 007, pour embrouiller le SMERSH. Evelyn Tremble (Peter Sellers) est mandaté, en prenant l'identité de 007, pour aller affronter un des membres du SMERSH, Le Chiffre (Orson Welles), au baccarat, au Casino Royale. Mata Bond (Joanna Pettet), fille cachée de Bond et Mata Hari, en sera une autre sous le matricule 007...

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Casino Royale, version 1967 (il faut désormais préciser l'année quand on parle de ce film, vu que le roman a été officiellement adapté dans la série en 2006, et c'est même le sommet de la série officielle) est un vrai bordel psychédélique, de plus en plus barré au fur et à mesure que le film avance (au point même que la dernière demi-heure est un foutoir absolu limite sans queue ni tête, hilarant, mais vraiment inclassable). Se finissant en queue de poisson par un retournement de situation aussi drôle que fainéant (qui a vu le film sait de quoi je veux parler), c'est une oeuvre pop et légère, qui parodie allègrement les films de la série. Officiellement, ce n'est pas un vrai James Bond (pas produit par EON) ; officieusement, ç'en est un, en fait (adaptation libre d'un roman de Fleming, mais adaptation quand même).

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Existant en DVD (heureusement), ce film est une des plus évidentes références de la fameuse série de parodies d'espionnage Austin Powers. Si le personnage d'Austin Powers est plus une parodie déjantée de celui joué par David Hemmings dans Blow-Up d'Antonioni (photographe), le reste, que ce soit l'époque où évolue, à la base, Powers (Swinging London, soit milieu des 60's à Londres), et l'ambiance pop psychédélique du film, avec musique lounge de Bacharach, est totalement puisé dans ce pastiche des 007, pastiche hilarant et jubilatoire. Un film, donc, totalement culte !