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En 1940, John Ford adapte un roman de John Steinbeck paru un an plus tôt. Les Raisins De La Colère est un film interprété par Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin, Russell Spimson, John Qualen, Eddie Quillan, O.Z. Whitehead et Dorris Bowdon. C'est un drame intense, en noir & blanc, un des films américains les plus emblématiques et réussis de sa décennie, qui se passe pendant une des périodes les plus noires de l'histoire américaine (voire de l'Histoire tout court), la Grande Dépression consécutive à la crise boursière de 1929. Le roman de Steinbeck est inoubliable, le film l'est tout autant, ce qui est rare pour une adaptation de roman.
Pendant la Grande Dépression des années 30, Oklahoma. Tom Joad (Henry Fonda) sort de prison et retrouve par hasard, alors qu'il rentre chez lui, à pied, un ancien prédicateur, Jim Casy (John Carradine), qui était un ami d'enfance. Ils font la route ensemble, et arrivée à la ferme Joad, ils découvrent que la ferme est vide, désertée. Les Joad, tenus par Ma Joad (Jane Darwell), matriarche de la famille, sont chez John Joad, frère du père de Tom (qui porte le même prénom que son fils et est appelé Pa). Les Joad sont en train de charger un camion avec leurs possessions, car, les cultures ont été anéanties par une tempête de poussière (le dust bowl) et la famille est sur la paille, chassés de chez eux.
Les Joad empruntent la Route 66 pour se rendre en Californie, où, ils espèrent, la vie leur sera plus favorable. Mais les routes sont surchargées de familles partant en exode pour l'ouest, comme les Joad. Le temps est à la crise, la misère, la pauvreté, et les Joad entendent même les histoires de certaines personnes qui reviennent de Californie avec la frustration de ne pas avoir vu leurs rêves se réaliser sur cette terre réputée fertile et promise. Mais les Joad poursuivent leur route, tant bien que mal, ayant perdu, pendant le voyage, le grand-père et la grand-mère...
Le film, qui obtiendra un gros succès, sera un des rarissimes films américains à avoir été diffusés en salles en URSS. En effet, le pouvoir stalinien en place, voyant que ce film montrait les USA sous un aspect défavorable (en crise, pauvres, tout le contraire des USA capitalistes), en avait autorisé la projection. Mais devant la réaction des spectateurs soviétiques (qui s'émerveilleront du fait que, même pauvres et sur les routes, les Américains ont une voiture), le pouvoir retirera bien vite le film de l'affiche et le censurera !
Sinon, le film est admirable, interprété par des acteurs épatants, notamment Henry Fonda et John Carradine. La réalisation de Ford est magnifique, bien que très sobre, et l'adaptation du fameux roman de Steinbeck, mis à part dans le final (qui est différent), est réussie, et fidèle. Une évocation d'une période douloureuse de l'histoire américaine, un film limite biblique car il fait fortement allusion à l'Exode vers la Terre Promise. Le personnage de Tom Joad est tellement mythique qu'il est quasiment devenu synonyme de celui qui ne se laisse pas abattre par la fatalité. Bruce Springsteen appellera un de ses albums de son nom (The Ghost Of Tom Joad).
The Grapes Of Wrath est, donc, un sommet du cinéma américain (du cinéma tout court, même), un film qui, malgré son grand âge (il date de 1940, est en noir & blanc, a visuellement un peu vieilli) est absolument magistral. Comme le roman de Steinbeck, d'ailleurs !
