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En 1961, Henri Verneuil réalise une adaptation d'un roman de Antoine Blondin, adatpation dialoguisée par Michel Audiard, Un Singe En Hiver. Interprété par Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo (avec aussi Suzanne Flon, Noël Roquevert, Gabrielle Dorziat et Paul Frankeur), le film fait partie des classiques du cinéma français, une comédie dramatique à la fois drôle et émouvante. Le titre du film, nébuleux, peut s'expliquer d'une manière un peu imagée : le film aborde le problème de l'alcoolisme, et se passe en hiver. Or, le singe est le symbole de l'addiction (principalement au drogues dures, mais bon, on va parler de l'addiction à l'alcool pour ce cas-là). Par conséquent, le titre pourrait signifier 'addiction en hiver'. C'est une des explications du titre, et celle que je préfère, par ailleurs. Mais ce n'est pas la seule explication.

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Unique collaboration entre Gabin et Belmondo (le premier était déjà un monstre sacré, et le second commençait lentement à être renommé, mais n'était pas encore une méga star), Un Singe En Hiver se passe dans un petit village de la côte normande, Tigreville. Le prologue se passe en juin 1944. Albert Quentin (Jean Gabin), ancien fusilier-marin en Indochine, tient, avec sa femme Suzanne (Suzanne Flon), l'hôtel Stella. Albert se laisse souvent aller à la picole, et pendant ses accès de saoûlerie, il ne cesse alors de raconter ses souvenirs militaires en Indochine (autre explication du titre du film : les souvenirs indochinois, pourquoi pas...). Lors d'un bombardement nocturne, il promet à Suzanne de cesser de boire de l'alcool si l'hôtel est épargné par les bombes. Ce qui arrive d'ailleurs.

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Le reste du film se passe 15 ans plus tard (1959, donc). Gabriel Fouquet (Jean-Paul Belmondo), jeune publicitaire, débarque à Tigreville, et se pose à l'hôtel Stella. Désemparé par l'échec de sa vie sentimentale, il est accro à l'alcool, picole plus que de raison, et rêve de pouvoir, un jour, partir en Espagne pour devenir torero. Sa fille, Marie, vit à Tigreville, dans un pensionnat tenu par des religieuses. Il est à Tigreville dans l'intention de la prendre avec lui. Albert va se lier d'amitié avec le jeune homme. Gabriel va surtout, malgré les 15 ans d'abstinence d'Albert, le faire replonger dans la bibine, et les deux hommes vont vivre une nuit de cuite absolument mémorable...

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Rempli de dialogues irrésistibles signés Audiard (les monologues ivres de Gabin sur l'Indochine, ou cette immense phrase : Si quelque chose devait me manquer, ça ne serait pas le vin, mais l'ivresse), Un Singe En Hiver, adaptation d'un roman sur l'alcoolisme, est un vrai classique, drôle et émouvant (Gabriel voulant récupérer sa fille). La scène de cuite nocturne est absolument magistrale, dantesque. La scène où Belmondo, bourré, fait la corrida avec les voitures en pleine rue (Tigreville serait, en fait, Villerville, pas loin de Deauville) l'est aussi. Poignant et hilarant à la fois, ce film magnifique offre à ces deux immenses acteurs que sont Gabin et Bébel un de leurs meilleurs rôles. Un film à voir absolument !

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Et je termine avec une autre immense réplique (dite par Paul Frankeur) : Avec lui, si vous n'avez pas soif, vous serez vite servi.