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Spoilers !

 

 

 

 

 

Maître incontesté du polar, James Ellroy a une prédilection pour le Los Angeles des années 40-60. Il a consacré une série entière de romans (4 au total, le ‘Quatuor de Los Angeles’) à cette ville et cette période : Le Dahlia Noir, Le Grand Nulle Part, L.A. Confidential et White Jazz. L.A. Confidential avait déjà été adapté en 1995 par Curtis Hanson (un sommet du polar), et on a longtemps parlé d’une adaptation de White Jazz avec Nick Nolte dans le rôle principal. Mais en 2006, Brian DePalma sort enfin son adaptation du premier roman de la saga, inspiré d’un fait divers authentique, Le Dahlia Noir. Le roman avait permis à Ellroy d’exorciser, en quelque sorte, une tragédie survenue durant son enfance : l’assassinat de sa mère (l’auteur écrira par la suite un livre autobiographique reprenant longuement ce passage difficile de son enfance, Ma Part D’Ombres).

 

 

 

 

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Le Dahlia Noir se situe à Los Angeles, en 1947 (un petit peu avant, pour le début du film, qui montre les deux personnages principaux se rencontrer – dans le roman, ils se rencontrent en 1942), et met en scène deux flics de L.A., Bucky Bleichert (Josh Hartnett) et Lee Blanchard (Aaron Eckhart, vu depuis dans The Dark Knight), deux policiers adeptes de boxe, et qui auront d’ailleurs l’occasion de s’affronter sur un ring avant de faire équipe et de devenir amis. Lee vit avec une jeune femme, Kay Lake (Scarlett Johansson, sublime), qu’il a apparemment sauvé d’une situation peu enviable quelques temps auparavant. Bucky s’éprendra de la jeune femme, occasionnant un triangle amoureux risquant de mettre un peu à mal l’amitié entre les deux flics/boxeurs…

 

 

 

 

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Un jour de janvier 1947 (le 15), une jeune femme, Elizabeth Short (jouée par Mia Kirshner dans des flash-backs), est retrouvée assassinée d’une manière atroce, dans un terrain vague. Son corps, nu, dont le visage est mutilé au point qu’on ne la reconnaît quasiment pas, a été coupé en deux au niveau de la taille, et les deux parties ont été retrouvées séparées d’au moins un mètre l’une de l’autre.

 

 

 

Mis sur l’enquête, Bleichert et Blanchard (ressemblance de noms probablement volontaire de la part d’Ellroy, les deux flics étant tellement amis qu’ils fusionnent presque) vont plonger dans une atmosphère décadente, glauque et dangereuse, écumant les bars lesbiens (Betty Short, surnommée le Dahlia Noir – rapport à ses tenues vestimentaires – était bisexuelle, et de tempérament provocateur) et les maisons de passe. Très vite, ils vont se retrouver dans un engrenage infernal, une histoire mêlée de complot et de meurtre.

 

 

 

La rencontre de Bucky Bleichert avec une jeune femme étrange, Madeleine Sprague (Hilary Swank), dont le comportement n’est pas sans rappeler celui de Betty Short. Très vite, alors que Lee n’en a plus que pour l’enquête et se sent totalement hanté par Betty Short, Bucky, lui, plonge dans une affaire de famille assez perverse, et qui ne sera pas sans rapport avec l’affaire du Dahlia Noir…

 

 

 

 

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Vous l’aurez compris en lisant ce résumé assez déstructuré, le scénario de ce film (qui respecte très bien le roman, même si des détails manquent) est assez tordu et complexe. Le Dahlia Noir n’est pas un film policier classique avec meurtre et méchant à coffrer à la fin, c’est vraiment nettement plus ambitieux et pervers. L’ambiance du Los Angeles des années 40 est parfaitement bien retranscrite (on s’attend à voir débarquer Humphrey Bogart et Lauren Baccall à tout instant), l’atmosphère générale du film est totalement envoûtante et vicieuse, et les personnages, bien plus complexes et torturés que dans un polar lambda. Même si je n’aime pas Josh Hartnett (et je sais que je ne suis pas le seul à ne pas l’aimer !), je reconnais qu’il ne se démerde pas trop mal dans le rôle de Bleichert, même si un autre acteur aurait sans doute été meilleur. Aaron Eckhart est encore meilleur, et les autres acteurs sont excellents en général. La réalisation est très bonne, ce n’est pas le film le plus virtuose de DePalma, mais c’est efficace.

 

 

 

 

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Le film n’a pas obtenu de bonnes critiques lors de sa sortie, il n’est généralement pas apprécié, et je ne vois vraiment pas pourquoi, car il respecte bien le roman et son ambiance très particulière, et il a en plus le mérite de montrer une enquête policière authentique (même si les personnages sont fictifs, le meurtre du Dahlia Noir est réel, une simple visite sur des sites Web – attention, photos réelles et choquantes – vous le prouvera), et un scénario vraiment plein de rebondissements. Si la seule raison de détester ce film réside dans son acteur principal (Josh Hartnett), laissez-moi vous dire que c'est une très conne et ridicule raison de détester un film. J’adore James Ellroy, j’adore Brian DePalma, donc je ne peux qu’adorer ce film !