SPOILERS…
Attentions, film interdit aux mineurs...
Réalisé en 1980 par Tinto Brass (spécialiste italien du film érotique soft – bref, pas un grand réalisateur…), produit par Bob Guccione (fondateur du magazine Penthouse, bref, un pornographe), Caligula divise considérablement les cinéphiles. Entre ceux qui considèrent le film comme prodigieux, monumental et le considèrent comme le meilleur péplum jamais fait et ceux qui le trouvent ridicule, vulgaire et tape à l’œil, la marge est grosse.
Mon avis est, disons-le clairement, partagé. Oui, j’avoue, je le proclame haut et fort, Caligula est de la race des grands films. Ce n’est certainement pas le meilleur péplum jamais réalisé (ce n’est pas le pire non plus), mais il est néanmoins prodigieux, il marque très durablement les esprits. Malcolm McDowell y est absolument grandiose, ce film est un de ses meilleurs rôles après Orange Mécanique et If…, et les autres acteurs, à commencer par Helen Mirren et Peter O’Toole, sont excellents. La réalisation n’est pas fantastique, elle est même très académique (comme je l’ai déjà dit, Brass n’est pas un génie).
Le film est doté de scènes fortes (toutes celles avec Malcolm McDowell, en particulier), et doté d’un scénario très bien écrit s’inspirant de la vie de l’empereur romain Caligula, un jeune empereur qui sombra dans la folie (il nomma son cheval Consul, et fit se prostituer les femmes de ses sénateurs, entre autres joyeusetés – il était aussi charnellement très proche de sa sœur Drusilla – Theresa Ann Savoy - , si vous voyez ce que je veux dire par là).
Mais le film a un gros problème, un furoncle immense : Bob Guccione. Le propriétaire du magazine porno Penthouse a fait avec ce film ce que beaucoup de gens craignaient : il l’a transformé en film porno de la plus basse espèce. Si Tinto Brass a tourné, pour le film ,des scènes extrêmement dures et violentes, il a aussi tourné des scènes plus olé-olé, mais sans toutefois verser dans le sexe hard. Une fois le film achevé, Guccione a fait tourner (par Giancarlo Lui), avec les filles de Penthouse qu’il avait prêté pour le film, des scènes X. Une scène d’amour lesbien, dans laquelle rien n’est épargné, et, bien entendu, des scènes hétérosexuelles dignes d’un film du premier samedi soir du mois sur Canal+ à minuit.
Rien, là aussi, n’est épargné. Je vous rassure, ni McDowell, ni O’Toole, ni Mirren, ni John Gielgud, ni Teresa Ann Savoy ne participent activement à ces scènes de Q débridées et inutiles. En fait, ces acteurs découvrirent le pot aux roses une fois que tout fut terminé. Malcolm McDowell reniera le film, prétextant que ce n’était pas le Caligula que j’ai tourné.
Guccione, écoeuré de voir que le film qu’il produisait n’était pas conforme à ce qu’il en attendait, l’a donc sabordé de l’intérieur. C’est lui qui avait mis ses billes dans le projet, après tout. Mais là où Hugh Heffner (fondateur de Playboy avait produit le Macbeth de Polanski sans y faire rajouter de la nudité, Guccione, lui, ne pouvait s’empêcher d’en faire un film X. Dommage, car le film a un vrai potentiel, et si on en retire ces quelques scènes porno, il est vraiment passionnant et grandiose. Rien que pour le fait que le film a été victime de son producteur, je lui donne la note maximale. En fait, soyons honnête, ces scènes X plombent tellement le film qu’il faudrait lui retirer une étoile pour la peine. Mais Tinto Brass n’était pas au courant, il n’y est pour rien si son producteur était vicelard.
Précisons que si le film existe en DVD z2, c’est hélas la version intégrale qui a été choisie. Au passage, ça donne à l’acheteur une sale impression : le DVD est interdit aux moins de 18 ans avec contrôle parental possible ; hormis le fait qu’on trouve ce film dans le rayon des ‘classiques internationaux’, aux cotés de Ben-Hur et de Casablanca (entre autres), ça donne un sale goût dans la bouche, et éloigne définitivement le film de la projection familiale du samedi soir…
