Spoilers…
Généralement, la mention du nom de Cecil B. DeMille équivaut à parler de surenchère, de grosses productions, de gros moyens, de kitsch assumé. En 1956, Cecil B. DeMille réalisa un film qui, immédiatement, entra dans la légende du cinéma. Du long de ses 3h45, Les Dix Commandements est un film, dans tous les sens du terme, énorme. En fait, c’est tellement énorme que ça en devient…’hénaurme’ ! Je ne vous ferai pas l’affront (quoi que ça ne pourrait pas vous faire de mal, dans le fond J ) de vous dire de quoi parle ce film. Bon, d’accord, je le dit, parce que sinon, l’intérêt de parler du film sur le blog serait assez limité. Le film raconte un des plus importants passages de la Bible, Ancien Testament, à savoir, Moïse libérant les Juifs d’Egypte, les conduisant sur la Terre Promise, la Palestine.
Le film, interprété par Charlton Heston (Moïse) et Yul Brynner (Ramsès) pour les deux rôles les plus importants (mais aussi Anne Baxter, Edward G. Robinson, John Carradine, Woody Strode, John Derek, Debra Paget…) ne néglige aucun détail de l’Histoire : Moïse trouvé dans un berceau voguant sur le Nil, rivalité avec Ramsès, esclavage, les 10 Plaies d’Egypte, le Buisson Ardent, traversée de la Mer Rouge, création des Tables de la Loi sur le mont Sinaï, le culte du Veau d’Or (proscrit par Moïse, qui en brise les Tables de colère)…
Les passages cultes regorgent, notamment la scène de la traversée de la Mer Rouge (effets spéciaux assez grandioses pour l’époque, je ne nierai pas que ça a pris un léger coup dans l’aile depuis, mais ça reste visuellement très beau), celle du Buisson Ardent, celle des eaux du Nil se transformant en sang, et, bien entendu, les Tables de la Loi se formant dans la pierre du mont Sinaï devant un Moïse aussi éberlué qu’on se laisse imaginer.
Charlton Heston est vraiment magnifique dans le rôle du Sauveur, Les Dix Commandements est un des films qui, avec Ben-Hur, allait asseoir sa réputation d’acteur taillé pour les grands spectacles péplumesque et bibliques. Cependant, je le préfère de très loin dans ses films de SF/anticipation (Soleil Vert, La Planète Des Singes) et dans La Soif Du Mal d’Orson Welles. Ceci dit, il est très très bon dans le rôle de Moïse, n’allez surtout pas croire le contraire ! Il porte le film sur ses épaules – et vu la carrure du film, souvent grandiloquent, je crois que ses seules épaules ne suffisent pas vraiment…
Car si le film est magnifique et culte, il est aussi kitsch, chargé. Je sais, ça fait chelou de dire d’un film qu’il est à la fois magnifique et kitschissime. Généralement, kitschissime signifie ‘vieillot’, ‘ridicule’, ou ‘surchargé’. Le film n’est pas ridicule, mais la surenchère d’effets, de décors, de musique tonitruante, de pognon déversé par la production, bref, tout ça donne un aspect parfois un peu lourd, exagéré. Et certains détails semblent en trop.
Certains verront en ce film un gigantesque spectacle de cirque/music-hall, orchestré par un Cecil B. DeMille en Monsieur Loyal. Beaucoup de bruit, de fureur, de pognon, pour un film qui aurait gagné à être plus court d’une demi-heure (ce qui aurait déjà fait un film de 3h15, soit, une durée franchement honorable pour un film de ce genre – tout l’essentiel aurait pu tenir, croyez-moi !).
Mais bon, ce qui est fait est fait. William Wyler, Anthony Mann ou même Joseph L. Manckiewicz (le navet de première classe Cléopâtre) auraient été préférables à DeMille. Mais que ça ne vous retire pas l’envie de voir (ou revoir) ce film qui, malgré ses défauts inhérents à sa durée et à son sujet (et à son metteur en scène mégalo) n’en demeure pas moins un immense spectacle, agréable, vibrant et superbement bien interprété et écrit ! Oui, dans un sens comme dans l’autre, c’est un monument !