Spoilers !!
Seconde adaptation, par Michel Hazanavicius et avec Jean Dujardin dans le rôle-titre, des aventures de l'espion OSS 117 revisitées à la sauce comique, OSS 117 : Rio Ne Répond Plus est incontestablement la meilleure comédie française (et même, allons plus loin, comédie tout court) de ces 20 dernières années ! Ca faisait depuis Mes Meilleurs Copains qu'il n'y avait pas eu une aussi parfaite maîtrise du genre. Et je vais même aller encore plus loin que le plus loin, en affirmant que ça faisait depuis 1973 et Les Aventures De Rabbi Jacob qu'un film n'avait pas été aussi loin dans l'humour intelligent. Mais je l'expliquerai plus bas !
Jean Dujardin est tout simplement crevant de rire dans le rôle d'Hubert Bonisseur de la Bath, nom de code OSS 117, agent secret français oeuvrant, dans ce film, dans les années 60 (le premier film de Hazanavicius, OSS 117 : Le Caire, Nid D'Espions, très réussi au demeurant, se passait dans les années 50). Louise Monot, dans le rôle de la OSS Girl, est assez palotte, c'est probablement le seul défaut (mais un défaut mineur, et charmant) du film.
1967. OSS 117 est mandaté par son patron (Pierre Bellemare, hilarant, génial, trop peu présent dans le film) pour retrouver un microfilm compromettant pour la France. Ce microfilm serait aux mains d'un scientifique allemand réfugié au Brésil, et ancien nazi. Sur place au Brésil, OSS 117, dont la couverture est rapidement grillée (et sans qu'il n'ait rien à faire pour accélérer le processus...), est contacté par des agents du Mossad (services secrets israéliens), et notamment par la charmante Dolorès (Louise Monot), du Mossad elle aussi. Leur but ? Mettre la main sur le nazi, afin de le faire juger pour crime de guerre. OSS 117 et Dolorès vont donc faire alliance commune, ce qui, au vu des réflexions machistes, racistes, et même antisémites du bonhomme, sera difficile !
Car oui, le film contient des blagues et allusions très fortes, du point de vue subversion ! Le personnage d'OSS 117 est montré comme un pauvre mec hâbleur, macho, raciste, involontairement antisémite (il ne se rend pas compte des conneries qu'il profère), presque un raté. Séducteur, beau parleur, trop sûr de lui. Ce qui rend le film si drôle et si intelligent, c'est que les scénaristes (Hazanavicius, Jean-François Halin) et Dujardin se moquent allègrement du personnage. Ils n'ont pour ainsi dire aucune réelle sympathie pour lui.
Bref, on tient ici un film qui ose enfin (et ça n'était pas arrivé depuis ...Rabbi Jacob de Gérard Oury en 1973, voilà ce que je voulais dire plus haut) rire de tout, y compris de l'antisémitisme, mais sans pour autant être trop déplacé. OSS 117 balance des trucs insensés tels que A quand une réconciliation Juifs/Nazis ?, demande à l'ambassade de RFA au Brésil s'il n'existerait pas une amicale des anciens nazis, ou dit, en parlant de la Shoah, Oh, ça, oui...quelle histoire, vraiment !, comme si on lui parlait d'une chose toute bête. Certains pourront grincer des dents devant pareilles notes d'humour, mais c'est de l'humour.
Le film, de plus, possède de sérieux moments de mise en abîme, principalement au moment de ces touches d'humour très noir : longues plages de silence après chacune des réflexions limite de l'agent secret...un peu comme si le film se trouvait gêné d'avoir un tel connaud comme héros...un peu comme de dire mais que répondre à ça ? Dans ces passages-là, le film est tordant, vraiment. Et en plus d'être tordant, OSS 117 : Rio Ne Répond Plus, contrairement au précédent film qui était parfois parasité par trop de gags à la Austin Powers, ne néglige pas le suspense et l'histoire. Car ça a beau être une comédie, ça reste aussi un film d'espionnage, léger, certes, mais il y à tout de même une histoire ! Et des scènes aussi grandioses que celle de la partouze bisexuelle sur la plage, ou que celle, d'enfer, de l'hôpital, ne le font pas oublier ! Je le dis, je le hurle, ce film est un monument du genre !