Spoilers...
Photos sanglantes !
En 1963, un petit film (de par sa durée) sort, et révolutionnera totalement le monde du cinéma : Blood Feast. Réalisé par Herschell Gordon Lewis (un réalisateur obscur spécialisé, alors, dans le nudie, le film érotique très soft), le film ne dure qu'une petite heure (hé oui, seulement ! 65 minutes en fait), et est interprété par Mal Arnold, Thomas Wood et Connie Mason (une ancienne Playmate). L'action se passe en Californie. Fuad Ramsès (Mal Arnold, tellement fortement grimé comme un Egyptien que ça en devient caricatural) est le propriétaire d'une petite boutique de produits alimentaires exotiques. Il voue un culte à Ishtar, la déesse noire de l'Antique Egypte, et, afin de faire revenir sa déesse adorée-eee à la vie, il se met en tête de massacrer de jeunes femmes, et de leur piquer des morceaux de corps (bras, jambes, langue...) afin de recréer sa déesse...
Blood Feast est un film culte, un vrai, un dur de dur, mais comporte, ceci dit, pas mal de défauts (c'est en partie à cause de ces défauts, erreurs, aberrations, que le film est aussi culte). On le devine assez aisément, les effets spéciaux gore ont vieilli, en mal (le film date de 1963, c'est tout simplement incroyable de se dire que quelqu'un, à cette époque, ait été suffisamment fou pour filmer ça !), mais restent quand même gore. Même si le sang est trop rouge, pas assez fluide (sauce tomate, peinture ?) et même si on sait pertinemment que les bras et jambes tronçonnées sont des membres de mannequins de vitrine, et que la langue arrachée est une langue de boeuf !
Autres défauts : le scénario est tellement rempli de trous qu'un train pourrait passer au travers sans en effleurer les bords. La réalisation de H.G. Lewis (qui deviendra spécialiste du film gore : 2000 Maniaques !, Gore Gore Girls...) est médiocre, inégale, sommaire. Mais, surtout, l'interprétation est catastrophique. Connie Mason est l'archétype de la cruche blondasse bonne à rien (mais bonne tout court). Le réalisateur en dira beaucoup de mal, du style elle n'arrivait pas à retenir la moindre petite particule de texte. Mal Arnold semble tout sauf Egyptien, ce qui est dommage car il joue un Egyptien. Mais le pire, Thomas Wood, dans le rôle du brave flic qui enquête sur les meurtres. Par exemple, voir Thomas Wood réfléchir pendant des plombes en se disant mais où ai-je bien pu entendre parler d'Ishtar, enfin ? à peine quelques temps après avoir assisté en personne à une conférence sur ladite Ishtar, c'est aberrant. On a envie de lui foutre une claque, de lui crier mais bougre de connaud, Ishtar, la déesse égyptienne, ne me dis pas que tu a déjà oublié la conférence, hein ?. Je vous le dit, l'acteur joue mal, et il interprète un flic vraiment très con !
En dehors de ça, on tient donc, avec ce film court, un classique du film gore. Un film culte, certes inégal, certes totalement nanardesque, mais je ne peux m'empêcher de l'adorer (de même que j'adore le film suivant de Lewis, 2000 Maniaques !, que j'ai déjà abordé ici, et qui est bien plus recherché, réussi, maîtrisé - et long - mais avec tout de même encore pas mal de défauts). Pour amateurs de films d'horreur, c'est un film à voir à tout prix. Mais vous risquerez plus de vous marrer que de frissonner !