Spoilers !!
En 1972, Sam Peckinpah réalisa deux films, tous deux interprétés par l’immense Steve McQueen. Le second de ces deux films sera, par ailleurs, le plus gros succès commercial de la carrière de Peckinpah : Le Guet-Apens. Sur un scénario de Walter Hill (basé sur un roman de Jim Thompson), le film est interprété, outre McQueen, par Ali MacGraw et Ben Johnson. La photographie est signée du grand Lucien Ballard, la musique, du grand Quincy Jones. Que de grands noms pour un film, voilà qui augure d’un chef d’œuvre. Et The Getaway, pour sûr, en est un !
C’est sur le tournage de ce film que Steve McQueen et Ali MacGraw se rencontrèrent, et tombèrent amoureux. Ils se marièrent l’année suivante, et divorceront en 1978, mais furent, pendant quelques années, un des couples les plus glamour qui soient, et dans ce film, ils sont tous deux remarquables (le meilleur rôle pour Ali MacGraw, un de ses meilleurs rôles pour McQueen).
« Doc » McCoy (Steve McQueen), incarcéré, vient de se voir refuser une sortie conditionnelle. Malgré tout cela, il parvient à sortir, grâce à l’appui de Beynon (Ben Johnson), directeur de la prison de Huntsville. La raison de cette libération pas très conforme est assez particulière : Beynon est un homme assez pourri, qui s’est fait approcher par Carol (Ali MacGraw), la femme de « Doc », qui l’a séduit. Mais Beynon, surtout, a fait sortir McCoy afin qu’il fasse un coup pour lui, un braquage de banque. « Doc » accepte, malgré le fait qu’il n’éprouve que peu de sympathie pour Beynon, et malgré le fait plus important qu’il ne maîtrise pas totalement le coup : « Doc » n’a pas son mot à dire sur les deux hommes qu’on lui attribue comme complices.
Le braquage, auquel Carol participe, est entaché par la mort du gardien, abattu dans un moment de panique par un des complices de McCoy (qui se fait presque immédiatement après abattre par le second complice, Rudy – Al Lettieri). McCoy retrouve Rudy, et lui règle son compte alors que celui-ci s’apprêtait à le descendre. Mais Rudy, seulement blessé (il portait un gilet pare-balles, comme « Doc »), se lance sur les traces du couple, qui a sur lui la mallette contenant le butin du casse, 500 000 dollars. Le coup organisé par Beynon était un vrai traquenard, un guet-apens destiné à mettre McCoy définitivement hors course. Après avoir réglé son compte à Beynon, le couple part en cavale vers El Paso, et ensuite le Mexique, mais sont pourchassés par la police, Rudy, et les hommes de mains de Beynon. La traque commence alors…
Film absolument magistral, mené de main de maître par un Peckinpah très à l’aise (nombreuses scènes d’action, avec ralentis habituels, le tout fait vraiment très classe et jouissif), contenant de grands pics de violence brute (la fin, dans l’hôtel à El Paso, est une vraie boucherie digne du final de La Horde Sauvage ou d’Apportez-Moi La Tête D’Alfredo Garcia), le film est vraiment exceptionnel.
Rarement (sauf dans Papillon, Bullitt et L’Afaire Thomas Crown) Steve McQueen aura été aussi parfait, aussi convaincant. Ali MacGraw est craquante, Pekcinpah la réemploiera en 1978 pour le plutôt décevant Le Convoi. Ben Johnson (déjà vu dans The Wild Bunch) est excellent.
Rythmé, violent, trépidant, mais ne négligeant pas les rapports humains (le couple du film souffre, rappelons que si McCoy est sorti de prison après y avoir passé 4 ans, c’est en partie parce que sa femme a séduit Beynon), Le Guet-Apens a fait l’objet d’un remake signée Roger Donaldson, en 1994, avec un autre couple célèbre, Alec Baldwin et Kim Basinger. Ce remake a beau être fidèle (trop, peut-être) au premier film, il n’empêche qu’il est inutile, et vraiment moyen. A fuir, quoi ! Plus gros succès de Peckinpah, et un de ses films les plus violents (il est précisé, assez connement, ‘tous publics’ sur le DVD, c’est une vraie erreur quand on voit la scène finale, illustrée par la fulgurante affiche), voici un vrai monument du thriller, un film implacable, jubilatoire et totalement culte. Oui, un monument du genre !
