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Spoilers…

Réalisé par Joseph Losey en 1976, interprété par Alain Delon (qui trouve ici un de ses rôles les plus marquants), Suzanne Flon, Jeanne Moreau, Michael Lonsdale et Juliet Berto, Mr Klein est un drame psychologique d’une noirceur et d’une abstraction absolues. L’action (si on peut dire ainsi) de ce film se passe pendant l’Occupation (en 1942), à Paris. Alain Delon interprète le rôle de Robert Klein, un revendeur d’objets d’art d’origine alsacienne. Pas exactement la personne pour qui l’Occupation nazie est la chose la plus dramatique au monde (mais ce n’est absolument pas un collabo ni un fasciste, attention  il serait plutôt du genre fataliste), Robert Klein s’enrichit à sa manière en rachetant leurs objets d’art et tableaux aux juifs ayant peur (et on les comprend) de se les faire réquisitionner et confisquer par les nazis.

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Un jour, alors qu’il vient de faire l’acquisition d’un tableau hollandais, Klein reçoit un courrier pour le moins inhabituel (pour lui, s’entend) : le journal Les Informations Juives, journal livré par abonnement, et dont il n’est pas abonné. Croyant à une méprise (surtout qu’il n’est pas juif de religion), Klein mène sa petite et discrète enquête, et découvre qu’il existe un autre Robert Klein à Paris, un Juif cette fois, et que cet homonyme était abonné à ce journal pour le moins compromettant en 1942. Il découvre aussi que son homonyme a raturé son adresse sur le fichier des abonnés de cette revue, et qu’il a indiqué l’adresse de Klein le revendeur d’art. Autre petit problème, le fichier sera bientôt remis à la police…

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Klein, non-juif, va mener son enquête pour tenter de découvrir le pourquoi de cette méprise qui n’en est pas vraiment une. Au fur et à mesure, cet homme va peu à peu prendre conscience du calvaire que vivent les Juifs, et va, également, s’associer à eux, alors qu’une simple vérification pourrait prouver qu’il n’est pas Juif. Mais il y à un je-ne-sais-quoi qui fera que Klein s’assimilera lui-même comme Juif (si on l’a pris pour un Juif, pourquoi, dans ce cas, n’en serait-il pas un ?), et ça l’entraînera vers sa mort : le film se finit en juillet 1942, au Vélodrome d’Hiver, pendant la terrible et tragique rafle du Vel d’Hiv’, pendant laquelle Klein sera embarqué, avec 15000 autres Juifs parisiens, vers les camps de la mort…

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Métaphysique, complexe, noir comme de l’encre, Mr Klein est un sommet dans la tragédie. Un des films les plus réussis de Losey avec The Servant, et probablement un des trois ou quatre meilleurs rôles de Delon, ici monolithique, silencieux, comme un samouraï perdu (allusion évidente) dans un traquenard. Pas un film destiné aux amateurs de blockbusters, mais un vrai amateur de cinéma devrait très largement y trouver son compte. Il faut dire que Mr Klein est un chef d’œuvre.