SPOILERS...
Réalisé par Franklin J. Schaffner en 1970, Patton est un des films de guerre les plus réussis de l'histoire du cinéma. C'est aussi et surtout un formidable biopic sur une des figures les plus illustres et décalées de la seconde guerre mondiale. George C. Scott l'interprète avec une force absolue, et on trouve aussi Karl Malden (mort dernièrement), Michael Bates et Edward Binns dans le film. Le film raconte la vie du général George Patton durant la seconde guerre mondiale. D'abord basé en Tunisie, Patton est nommé par Eisenhower pour prendre le commandement des troupes américaines face à l'Afrika Korps de Rommel. Par la suite, ce général américain féru de poésie et d'histoire, extrêmement érudit et d'un caractère irascible et bougon, commandera les troupes en Italie (Anzio), puis en Belgique (Bastogne). Ses états de service sont aussi grandioses que son mauvais caractère, qui lui entraînera bien des ennuis (il gifle un soldat peureux, l'accusant de poltronnerie, et devra lui faire des excuses publiques).
Comme l'affiche le dit, Patton était à la fois haï et adoré, admiré et craint, respecté et cependant redouté. Le film est brillamment interprété (Michael Bates joue Montgomery, son alter-ego britannique, et Karl Malden joue Bradley, ami de Patton). Le seul reproche que l'on peut faire est de négliger la fin de Patton (il est mort d'un accident de voiture en décembre 1945), sa mort brutale juste après la fin de la guerre. Mais c'est bien le seul défaut d'un film qui, malgré ses 2h50, n'est jamais ennuyant.
Le film démarre en fanfare, par une scène absolument culte et grandiose, montrant George C. Scott qui obtint le Golden Globe et l'Oscar du meilleur acteur) prononcer un discours qu'il me semble être authentique de Patton devant un drapeau américain gigantesque (on ne le voir jamais entièrement à l'écran, c'est dire). Le discours est si grandiose, si énorme, que je l'ai reproduit en bas d'article.
Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateur (c'est un des plus grands films de Schaffner), du meilleur acteur, du meilleur son, du meilleur scénario, de la meilleure direction artistique, du meilleur montage. 7 Oscars en tout. Plus le Golden Globe pour George C. Scott, donc. Une série de récompenses amplement justifiées. Patton est un sommet du genre.
Maintenant, je veux que vous vous souveniez qu’un enfant de salaud n’a jamais gagné une guerre en mourant pour sa patrie. Vous la gagnez en faisant en sorte que l’enfant de salaud d’en face meure pour sa patrie. Messieurs, toutes ces imbécilités que vous avez pu entendre sur les États-Unis ne voulant pas se battre – voulant rester en dehors du conflit – n’est qu’un tas de purin. Les Américains aiment par tradition se battre. Tous les vrais Américains aiment l’odeur d’une bataille. Quand vous étiez gosses, vous admiriez tous le champion sur sa base de lancement, le coureur le plus rapide, les joueurs de football, les plus grands boxeurs. Les Américains aiment les gagnants et ne tolèreront jamais les perdants. Les Américains jouent toujours pour gagner. Je ne donnerais même pas une place en enfer pour un type qui perd et en rigole. C’est pourquoi les Américains n’ont jamais perdu et ne perdront jamais une guerre, parce que la simple idée de perdre est insupportable pour les Américains. Ainsi, une armée est une équipe, ça vit, ça mange, ça dort et ça se bat comme une équipe. Cette question de l’individualité n’est qu’un tas de bêtises. Nous avons la meilleure nourriture et le meilleur équipement, le meilleur esprit, et les meilleurs hommes au monde. Vous savez, ô Dieu, que j’ai cependant de la compassion pour ces pauvres enfants de putain contre qui on va se battre. Par Dieu, j’en ai. Nous n’allons pas nous contenter de seulement buter ces bâtards, nous allons leur arracher les tripes vivantes et les utiliser pour graisser les chenilles de nos chars. Nous allons tuer cette bande de bâtards athées. Maintenant, je sais que certains d’entre vous s’inquiètent si vous allez ou non trembler comme des poules au combat. Ne vous inquiétez pas à ce sujet. Je peux vous garantir que vous allez faire de votre mieux. Les Nazis sont nos ennemis, rentrez-leur dedans, faites couler leur sang, faites-leur mordre la poussière. Quand vous mettrez votre main dans un tas de chair où un instant avant se trouvait la face de votre meilleur ami, vous saurez que faire. Aussi, il y a une autre chose dont je veux que vous vous rappeliez. Je ne veux pas recevoir le moindre message disant que nous tenons nos positions. Nous ne tenons rien du tout. Nous laissons ces barbares faire çà. Nous avançons constamment et ne sommes intéressé de tenir rien du tout, excepté l’ennemi. Nous allons les mener par le bout du nez et leur botter le cul. Nous allons leur botter le cul tout le temps et les faire ramper dans la merde. Ainsi, il y a une chose que vous pourrez dire quand vous serez de retour à la maison, et vous pourrez remercier Dieu pour ça. Dans trente ans, quand vous serez assis au coin du feu avec votre petit-fils sur vos genoux et qu’il vous demandera :"Qu’as-tu fait durant la grande Seconde Guerre Mondiale ?", vous n’aurez pas à répondre : "Et bien, je charriais du purin en Louisiane". Voilà, maintenant enfants de salaud, vous savez ce que je pense et que je serai fier de pouvoir vous mener dans les batailles, n’importe où, n’importe quand. C’est tout. - Patton