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SPOILERS...

Ah, quel beau film. Que dire devant un tel chef d'oeuvre du Septième Art ? Magnifiquement réalisé par Nagisa Oshima (un maitre du cinéma nippon), superbement mis en musique par Ryuichi Sakamoto (le thème principal, nommé Forbidden Colours, est inimaginablement beau), interprété avec énormément de justesse par David Bowie, Ryuichi Sakamoto (tiens !), Tom Conti et Takeshi Kitano. Le film, qui date de 1983 (et pas 1982 comme indiqué sur la fiche AlloCiné) s'appelle, en VO, Merry Christmas, Mister Lawrence. Le titre français est nettement plus concis et énigmatique : Furyo.

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L'action de ce film se passe sur l'ile de Java, pendant le seconde guerre mondiale, dans un camp de prisonniers britanniques tenu par des Japonais. Le capitaine Yonoi (Ryuichi Sakamoto) est responsable du camp, et il est secondé par le sergent Hara (Takeshi Kitano, uniquement crédité dans le générique sous son prénom). Parmi les prisonniers, le colonel John Lawrence (Tom Conti), qui parle très bien le japonais, et qui sert donc d'interprète entre les geoliers nippons et les prisonniers anglais. Lawrence est également en assez bons termes avec Yonoi, du fait de son grade et de sa connaissance du japonais, mais il n'oublie pas qu'il n'est qu'un prisonnier.

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Dès le début du film, Hara vient chercher Lawrence afin qu'il assite à une arrestation. En effet, Kanemoto, un garde d'origine coréenne, a été surpris en pleine tentative de viol sur un soldat hollandais, De Jong - lequel, en fait, était consentant. De Jong est envoyé au gnouf, Kanemoto est démis de ses fonctions, et sera forcé, par la suite, à se faire hara-kiri. Un nouveau prisonnier, le major Jack Celliers (David Bowie, cheveux blonds péroxydés - dans sa période Let's Dance, au niveau musical) arrive. Très vite, il ne va cesser de provoquer Yonoi et les Japonais de par son attitude provocante.

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Celliers (qui cache un lourd secret d'enfance) ne cessera de provoquer Yonoi jusqu'à ce que le capitaine le punisse de manière définitive. Cependant, force est de constater qu'entre les deux hommes, une attirance réciproque se crée - ce que Yonoi se refusera à admettre...En témoigne la scène où Celliers, sans un mot, quitte le rang des prisonniers pour embrasser sur la joue Yonoi. Rictus de dégout de ce dernier, de déshonneur aussi. Mais comment Yonoi pouvait-il réagir, en public ? Celliers finit par etre enterré dans le sable, avec juste la tete qui dépasse. L'épuisement, le manque de soins le font mourir en quelques heures. En pleine nuit, Yonoi sort de son baraquement pour couper quelques cheveux de la tete de Celliers - souvenir un peu particulier.

L'épilogue se passe juste après la guerre. Lawrence se rend dans une prison militaire, pour rendre visite à un Japonais devant se faire éxécuter dans quelques heures : Hara. Ce dernier est heureux de le revoir, et ce sentiment est réciproque. Lawrence apprend la mort de Yonoi, qui s'est fait hara-kiri. Trop de déshonneur en lui. Au moment où Lawrence sort de la cellule, Hara lui dit une phrase qu'il lui avait déjà dit pendant la guerre, dans le camp, alors qu'il avait annulé, un soir de Noel, toutes les punitions qui avaient été requises contre Celliers et Lawrence : Merry Chistmas, Mister Lawrence !

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Admirable film, porté par une musique splendide (notamment au cours d'une scène nocturne située au centre du film), et une interprétation tout aussi remarquable de deux acteurs qui, au départ, n'en sont pas. En effet, inutile de le rappeler, mais Bowie et Sakamoto sont deux musiciens (Sakamoto se chargera, par la suite, de diverses bandes-sons de film, dont Femme Fatale de DePalma et New Rose Hotel de Abel Ferrara). En ce qui concerne Sakamoto, il est incroyable. Pour Bowie, c'est son meilleur role après L'Homme Qui Venait D'Ailleurs. Furyo est un film indispensable, un drame teinté de cruauté, mais aussi de passion, d'amour refoulé et secret, et de sexualité, forcément. Le monument intégral de Nagisa Oshima. On ne s'en lasse pas.