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SPOILERS !

Dans cet article, je vais aborder deux films, les deux volets du dyptique réalisé entre 1973 et 1974, et mettant en scène les Charlots. Deux films qui se suivent, et qui prennent pour base le roman d’Alexandre Dumas Les Trois Mousquetaires, tout en le dépoussiérant et le démolissant sérieusement !

1er ROUND : QUATRE CHARLOTS MOUSQUETAIRES

(1973)

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Ce premier volet, sorti en 1973, est réalisé (comme le suivant) par un des maîtres absolus du cinéma populaire français, auteur de plusieurs films de cape et d’épée comme Le Capitan ou Le Bossu avec Jean Marais (mais aussi de la trilogie des Fantomas avec DeFunès et Marais), j’ai nommé André Hunebelle. Je sais ce que vous vous dites : un film des Charlots, ça craint, alors deux films des Charlots, ça craint encore plus. Hé bien, croyez-le ou non, mais ici, ce n’est absolument pas le cas. Dans ces deux films, les Charlots étaient encore du nombre de quatre : Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Gérard ‘Phil’ Philipelli et Jean-Guy Fechner (frère du producteur du film Christian Fechner – Jean-Guy sera celui qui quittera la troupe en 1975 après Bons Baisers De Hong-Kong).

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Les autres acteurs du film sont soit très méconnus, soit cantonnés à jouer dans des comédies le plus souvent balourdes. On trouve ici Daniel Ceccaldi dans le rôle du roi Louis XIII, Paul Préboist dans celui du confesseur du roi, Joséphine Chaplin (fille de Charlie Chaplin, sœur de Géraldine Chaplin) dans le rôle de Constance de Bonacieux, Bernard Haller (double rôle du cardinal de Richelieu et du Duc de Buckingham), Karin Petersen (Milady), Catherine Jourdan (la Reine), Jacques Seiler (oui, le sergent Bellec des films Les Bidasses !) dans le rôle de Rochefort, mais aussi de petits rôles sans conséquence comme Paul Mercey, Bernard Menez, Jacques Legras dans le rôle furtif d’Alexandre Dumas, les Frères Ennemis, etc…

Sur un scénario signé Jean Halain (tout de même, les scénarios des Fantomas), Quatre Charlots Mousquetaires reprend la trame du roman de Dumas. En inversant les rôles : ce ne sont plus les mousquetaires d’Artagnan, Athos, Portos et Aramis les héros (bien qu’ils soient dans le film), mais leurs valets respectifs.

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Le début du film montre d’ailleurs les valets dans une auberge, tentant de rétablir la vérité historique : ce ne sont pas les fameux mousquetaires les héros de l’affaire du collier de ferrets de la Reine de France, mais bel et bien eux, leurs valets, leurs larbins (comme on s’en doute, le leader des Charlots, Rinaldi, joue le rôle du valet de d’Artagnan) !

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Entre courses-poursuites délirantes avec les soldats du cardinal de Richelieu (dirigés par Rochefort, joué par un Jacques Seiler hystérique qui est même encore plus énervé que dans Les Bidasses En Folie), gags visuels le plus souvent totalement irréels, romance entre d’Artagnan et Constance (la servante de la Reine) et quiproquos à foison (la séquence finale montre une magistrale partie de bottages de culs entre le Roi, le cardinal de Richelieu, le confesseur, et trois des valets déguisés respectivement en Roi, cardinal de Richelieu et confesseur ! Qui botte le cul de qui ?), ce premier volet, assez long par rapport à la moyenne des comédies de l’époque (il dure 110 minutes) est un régal, pour tout amateur de comédies sans prétentions. Certes, c’est pas du Kubrick (ou pour donner un exemple plus en rapport avec le style du film, c’est pas du Gérard Oury), mais c’est divertissant. Et quand on arrive à la fin du film et qu’on voit la mention ‘à suivre dans le second round’, on n’a qu’une envie, mater de suite le second round ! Ce second round, le voici :

2ème ROUND : A NOUS QUATRE, CARDINAL !

(1974)

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Sorti en 1974, toujours des mains de André Hunebelle (avec les mêmes acteurs, forcément), ce second et ultime volet est selon tout aussi réussi, mais reste quand même largement moins estimé et surtout connu que le précédent. Pour tout dire, il n'a pas eu de fiches AlloCiné pendant longtemps, et quand le premier film est diffusé à la TV (rarement, sauf actuellement sur la TNT), le second film l’est rarement à la suite. Heureusement,  Noël dernier, les spectateurs de Direct8 eurent la surprise de voir les deux films à la suite, ce qui me permet d’en parler avec d’autant plus de facilité (captures d’écran oblige) !

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Ce second ‘round’ est également connu sous le titre (en fait, c’est le sous-titre) de Les Charlots En Folie, un titre assez ridicule qui risquerait de faire confondre ce film avec le pitoyable Les Charlots En Délire. Enfin, on ne peut pas les confondre, bien sûr, mais pour une recherche internet, ça peut poser un petit souci supplémentaire ! J’ajouterai que si le premier film existe en DVD, ce n’est hélas pas le cas de celui-ci.

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L’action démarre directement là où le premier film se termine : il faut partir en Angleterre pour trouver le Duc de Buckingham, afin de récupérer le collier de ferrets de la Reine de France. La Reine, amante du Duc, lui a offert. Problème, le Roi Louis XIII veut, lors de sa prochaine soirée, voir ce collier autour du cou de la Reine…Le cardinal de Richelieu envoie Milady pour empêcher les mousquetaires de récupérer le collier. Les mousquetaires, piégés par Milady qui les enivre dans une auberge, sont réduits au silence. Heureusement, leurs valets, eux, peuvent partir en Angleterre, et après une série de péripéties, parviennent à leurs fins. Le retour en France sera mouvementé, ils seront pourchassés par les hommes du cardinal, prêts à tout pour récupérer le collier de ferrets…

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Plus court que le premier film (il dure quand même 100 minutes environ), A Nous Quatre, Cardinal ! est une excellente comédie qui démarre d’une manière très sobre, limite sérieuse (place à l’aventure même) pour se terminer en noisette intégrale (une scène de baston homérique dans une auberge, avec lâcher de bestioles dans le calbute des ennemis inclus), là où le premier film, lui, était une succession quasi non-stop de gags délirants qui empêchaient limite l’action d’évoluer (il ne se passe pas grand-chose dans le premier film, nettement plus dans le second).

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Tout aussi réussi (même plus réussi, rapport à l’action qui avance mieux) que le premier film, ce second volet est à voir absolument si on aime les comédies et les Charlots. J’ajouterai que, contrairement aux films habituels des Charlots, ici, c’est quand même moins délirant et débile (rien à voir avec le pourtant très bon mais totalement délirant Les Fous Du Stade). L’aspect ‘adaptation littéraire’ prime sur le coté délire de ce dyptique, qui recèle quand même de grands moments de dinguerie assumée ! A ce titre, la scène de torture du premier film et celle de la pendaison dans le second film sont excellentes.

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Pour conclure, je dirai que ces deux films sont incontestablement ce que les Charlots ont fait de mieux. Et je suis sérieux : ces deux films sont vraiment, incontestablement, les chef d’œuvres absolus de cette mini-troupe de comédiens/chanteurs !