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SPOILERS...

***Cet article aborde la trilogie***

Voici une série de films hilarants et pleins de suspense. Tous réalisés par André Hunebelle (un spécialiste du cinéma populaire : Le Bossu, Le Capitan...), entre 1964 et 1967, la saga des Fantomas est probablement une des meilleures trilogies qui existent. En effet, des trois films, aucun n'est moins bon que les deux autres. L'interprétation y est pour beaucoup, car elle est littéralement jouissive, entre un Louis De Funès jubilatoire et un Jean Marais plus vitaminé que jamais. Le charme est à l'honneur, avec Mylène Demongeot, et de savoureux seconds roles viennent agrémenter le tout : un savoureux cocktail, à savourer sans modération, aussi souvent que possible (ces trois films ne sont pas parmi les plus grandes rediffusions cinématographiques, hélas) !

Allez, on attaque tout de suite avec le premier film :

1) FANTOMAS

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Un film qui date de 1964, et dont le titre est plutot bien trouvé. Il faut, ici, commencer par préciser une chose importante : ce film (ainsi que les deux autres) n'est absolument pas adapté des oeuvres de Souvestre et Allain (créateurs du personnage de Fantomas, dans une série de romans et nouvelles), mais bien un scénario totalement inédit inspiré par les personnages crées par les auteurs (qui ont d'ailleurs donné leur assentiment pour le film - en tout cas, Allain l'a donné). Sur une musique remarquable et ultra célèbre signée Michel Magne, le film propose une série de poursuites, gags, séquences d'action et de suspense, digne des meilleurs romans et films populaires. L'histoire est très simple : un criminel insaisissable et mystérieux, se faisant appeler Fantomas, terrifie la population parisienne, multipliant les meurtres et les casses (comme au début, dans une bijouterie de la place Vendome). Le commissaire Juve (Louis De Funès), apparemment un peu dépassé par la situation, veut néanmoins rassurer la population, ce qui n'empeche pas les vols et attentats de se propager.

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Ne croyant pas du tout à l'existence de Fantomas, un journaliste du nom de Fandor (Jean Marais) va, avec l'aide de sa fiancée Hélène (Mylène Demongeot), qui est photographe pour le meme journal que lui - Le Point Du Jour - écrire un article abracadabrant faisant passer le criminel pour un abruti mégalomane, mythomane et fantoche de la plus belle eau. Juve, voyant la population s'affoler après la publication de l'article, s'en prend à Fandor, le traitant de créateur de panique. Un attentat manqué au journal fera prendre conscience à Juve que Fantomas voudra peut-etre s'en prendre à Fandor. De ce fait, en rentrant chez lui, Fandor est assomé, enlevé, et se réveille dans une immense pièce se trouvant apparemment dans un chateau (mais que lchateau, on ne le saura pas dans le film). Un homme, masqué (un masque bleu-gris, lui recouvrant l'intégralité de la tete), arrive, et se présente comme étant Fantomas (Physiquement, Jean Marais joue aussi le role de Fantomas, mais il est doublé vocalement par Raymond Pellegrin). Fantomas, très en colère contre Fandor à cause de l'article, le somme d'en écrire un autre, dans lequel il avoue la supercherie du premier article. Faute de quoi, il sera tué. Fantomas lui marque la poitrine au fer rouge, un grand F.

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Fandor se réveille chez lui, et un simple coup d'oeil à sa poitrine lui indique qu'il n'a pas révé. Juve fait irruption chez lui (ainsi qu'Hélène), et en voyant le F sur la poitrine de Fandor, Juve l'arrete, persuadé d'avoir affaire à un complice du criminel. Fandor, en prison, demande à son patron d'écrire l'article à sa place. Seulement, l'article sera très méchant, là aussi, ce qui rendra Fantomas encore plus furieux... Libéré de sa garde à vue, Fandor est aussitot enlevé par Fantomas. Celui-ci lui annonce que, pour le punir, il va commettre un crime sous l'apparence de Fandor, grace à un système de masques et de fausses empreintes digitales. Tout le monde croira à un crime signé de la main de Fandor, qui deviendra l'ennemi public N°1. Le crime en question est le vol, lors d'une exposition-défilé, d'un stock de parures de diamants. Le casse sera une réussite, malgré la poursuite que Juve fera à Fantomas (sous les traits de Fandor, ce qui décontenancera Juve !) sur les toits de Paris. Pendant ce temps, Hélène est enlevée...

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Fandor et Hélène seront relachés, ils se réveilleront dans une voiture, qui s'avérera etre piégée (plus de freins), ce qui entrainera une scène assez efficace. Fantomas ne s'arrete pas là, et commet encore deux crimes (braquages et attentat) sous les traits, cette fois-ci, de Juve, grace à un autre masque. Juve, vite arreté par ses propres hommes, comprend que Fantomas a utilisé des masques. En prison, il retrouve Fandor, lui aussi arreté rapport au vol des diamants. Les deux hommes se voient mystérieusement libérés par un gardien, qui n'est autre que Fantomas. Parvenant à s'échapper de la voiture que Fantomas conduisait, ils se lanceront à sa poursuite, en moto, train, voiture, et pour finir avec un hélicoptère se lançant à la poursuite du criminel. Mais ce dernier parviendra à s'enfuir, en gagnant la cote (on est, à ce moment-là, au bord de la mer), et en grimpant dans un mystérieux sous-marin...

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Souvent hilarant (De Funès, qui n'était pas encore une star comique ultra connue - 1964 sera l'année du premier Gendarme, aussi, et l'année de la consécration), le film est aussi plein de suspense et d'action (Jean Marais, à l'aise dans ce registre). Le scénario est vraiment remarquable, parfaite combinaison entre humour et sérieux. On peut d'ailleurs dire de ce film qu'il est le seul film à proposer un role un tant soit peu sérieux à Louis De Funès (il grimace et gesticule pas mal, d'accord, mais le film n'étant pas à proprement parler une vraie comédie, son jeu est moins poussé que dans, par exemple, Oscar ou Le Petit Baigneur).

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Jean Marais dira de De Funès qu'il a été le seul acteur qu'il n'a pas aimé (de tous les acteurs qu'il a cotoyé durant sa carrière exemplaire), le trouvant prétentieux, gueulard, antipathique. Apparemment, avec Marais, De funès n'aurait pas été trop énervant, ayant trop peur, selon les propres termes de Marais, de se faire casser la gueule ! Bref, il semblerait que l'entente n'ait pas été au beau fixe. Au fur et à mesure des épisodes, De Funès devient une star comique, et les deux autres films deviendront de plus en plus axés sur ses pitreries plutot que sur l'histoire en elle-meme, ce qui énervera un peu Jean Marais, dont les pitreries ne sont pas légendaires. D'ailleurs, un quatrième film était envisagé (Fantomas A Moscou), mais sera avorté, Jean Marais ne voulant plus continuer, et Hunebelle ne voulant pas risquer de prendre un autre acteur (qui aurait été, de toute façon, un faire-valoir pour De Funès, comme Marais l'était devenu malgré lui). Ca n'empeche pas que les deux autres films sont tout aussi excellents que ce premier, qui représente 1h40 de pur plaisir innocent, un film culte vraiment exemplaire, un film populaire comme on aime ! On n'oubliera pas de sitot le fameux rire sardonique, maléfique, de Fantomas ! Ni cette réplique de De Funès, parsemant le film :

Je t'auraiiii, Fantomaaaaas ! Je t'auraiiiiiiii !!!!!

2) FANTOMAS SE DECHAINE

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Voici donc la première suite, toujours réalisée par Hunebelle, toujours avec les memes acteurs, et datant, elle, de 1965. Autant le dire tout de suite, je ne raconterai pas toute l'histoire du film avec autant de précision que pour le premier, et ce, parce que le film regorge de quiproquos. Autant le dire tout de suite (le retour), ce second film est tout aussi réussi que le premier ! Toujours autant d'humour, et de suspense...Et surtout, nettement plus fantaisiste. Il sufit de voir le générique de début, animé, et reproduisant quelqes scènes du premier épisode. Par comparaison, le générique du premier était atrocement sobre, neutre...

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L'histoire tient en vraiment peu de lignes : décoré de l'ordre de la Légion d'Honneur pour avoir fait tout son possible pour arreter Fantomas, Juve est aux anges. Seulement voilà, Fantomas se cachait, mais revient à la charge, en enlevant un fameux scientifique, le professeur Marchand. Marchand était en train de mettre au point, avec l'aide d'un autre scientifique, Lefebvre, une arme hypnotisante. Avec une telle arme, Fantomas deviendrait le maitre du monde (ah ah ah aaaaaaaaah). Juve soupçonne donc Fantomas de vouloir enlever Lefebvre, et c'est aidé de Fandor, journaliste, et de la petite amie de Fandor, Hélène (sans oublier l'inspecteur Bertrand) qu'il va se lancer à nouveau à la poursuite du criminel aux cent visages - et, parmi les nouveaux visages, celui de Lefebvre.

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Fandor se déguisera lui-meme en Lefebvre (compte tenu que Jean Marais joue le role de Lefebvre, c'est plus pratique pour la ressemblance) afin de tromper l'ennemi, et se rendra au congrès scientifique de Rome à la place du vrai scientifique. Fantomas, grimé de meme, fera pareil, ainsi que le vrai Lefebvre ; s'en suivra une série de quiproquos invraisemblable ! La confrontation finale aura lieu dans la base secrète de Fantomas, dans un volcan. Après une poursuite, le criminel parviendra à s'enfuir à bord d'une voiture volante...

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Nettement plus centré sur les pitreries de De Funès que le premier film, Fantomas Se Déchaine porte vraiment bien son nom. En effet, les multiples retournements de situation (les quiproquos) et gags foisonnent dans le film. L'action et le suspense ne sont pour autant pas oubliés, et dans l'ensemble, ce second film est tout aussi réussi que le premier - enfin, il n'est, en tout cas, pas moins réussi, ce qui est déjà très bien !

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Comme d'habitude, Jean Marais est aussi sérieux (relativisons, tout de meme) que De Funès est énervé. Mylène Demongeot est l'atout charme, à nouveau, et on peut noter l'apparition, dans un role secondaire, d'Olivier De Funès, un des fils de l'acteur, et qui tient ici sa première apparition cinématographique. Il jouera plus tard (période 1967-71) dans quelques autres films de son père, comme Hibernatus, Sur Un Arbre Perché et Le Grand Restaurant. Ses seules apparitions dans des films, il est devenu, depuis, pilote de ligne. En résumé, ce second film est un excellent divertissement, avec son lot de gadgets (le bras amovible, le cigare-pistolet...). Un an et demi plus tard, le troisième volet sera, lui aussi, un excellent film, tout aussi réussi, et encore plus dingue. Et toujours :

Je t'auraiiiiiii, Fantomaaaaaas ! Je t'auraiiiiiiii !!!!!

3) FANTOMAS CONTRE SCOTLAND YARD

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Dernier film de la saga, il date de 1967, et est toujours interprété par les memes acteurs et réalisé par André Hunebelle. C'est le plus fou des trois, dont l'action se déroule totalement en Ecosse. Qui dit Ecosse, dit chateaux dans la brume, et qui dit chateaux, dit fantomes. En l'occurence, meme si les fantomes qui parsèment une petite partie de l'intrigue sont faux (quoique...qui nous dit que quelques uns des esprits vus par les héros ne sont pas réels, dans l'histoire ?), il se dégage un parfum de film d'horreur de la Hammer, dans ce dernier film. Mais, je vous rassure, c'est agréablement détourné, et souvent hilarant !

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Personellement, Fantomas Contre Scotland Yard est mon préféré des trois films. Louis De Funès, plus que jamais, a le beau role ici, et il est dommage, par contre, que le personnage de Fandor (Jean Marais) n'ait pas plus d'épaisseur dans ce dernier volet ; il devient ici le faire-valoir de Juve/De Funès, l'importance qu'il avait dans le premier film s'amoindrit ici largement.

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L'histoire est assez simple. Fantomas est de retour, et avec un nouveau gros coup : taxer les personnes les plus riches du monde d'un impot exorbitant sur un droit à la vie. En échange de leur vie, ces personnes devront verser un impot à Fantomas. Parmi les victimes taxées, Lord MacRashley, un richissime Ecossais. Ce dernier, tout en alertant ses amis riches (dont un maharadjah), avertit aussi la police (Scotland Yard), ainsi que le célèbrissime commissaire divisionnaire Juve, qui rapplique illico (emmenant son fidèle lieutenant Bertrand, mais aussi Fandor et Hélène) en Ecosse, et s'installe dans le chateau de MacRashley.

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Apparemment, le chateau est hanté, car au cours de la première nuit, alors que les autres invités (réunis autour de la femme de MacRashley, Lady MacRashley - qui, amoureuse du secrétaire de son mari, complote secrètement avec son amant pour tuer son époux) font du spiritisme, Juve, dans sa chambre, tombe nez à nez avec un pendu. Sur le torse de la victime, une mention, 'dernier avertissement avant l'exécution', menace concernant MacRashley, qui n'a pas encore payé Fantomas. Juve, en panique (il y à de quoi), court chercher les autres invités en beuglant 'un pendu ! un pendu dans ma chambre !', mais, une fois les autres invités dans la chambre de Juve, le pendu a disparu...Bien sur, il s'agissait d'un vrai macchabée, bien sur, Fantomas (sur les lieux, et bientot, avec l'apparence de MacRashley) l'aura fait disparaitre avant que Juve ne fasse entrer les autres convives dans sa chambre.

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Le soir suivant, c'est le corps sans vie de MacRashley que Juve verra sur son lit. Affolé, il ira prévenir les autres, qui rappliqueront, assez amusés...Là encore, plus de corps. Et c'est d'autant plus normal que Juve verra MacRashley au rez-de-chaussée...Seulement, le corps vu sur le lit est celui du vrai lords écossais, et le MacRashley vu au re-de-chaussée n'est autre que Fantomas...

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Au cours d'une chasse à courre, Juve et Bertrand assoreront la sécurité de MacRashley, ne sachant pas qu'il s'agit du criminel qu'ils recherchent. Fantomas fera enlever Hélène (décidément, il l'aime !), mais celle-ci sera très vite sauvée par Fandor, au cours d'une des rares scènes où Jean Marais voit son personnage de journaliste avoir réellement de l'importance. Fandor et Hélène découvrent la vérité sur Fantomas/MacRashley, et tenteront le tout pour le tout pour l'empecher de nuire...Pendant ce temps-là, Juve, obnubilé par ses multiples visions, se demande s'il ne perd pas les pédales...Si on ajoute à ces visions un lit télécommandé qui le mènera vers l'antre de Fantomas, il y à de quoi s'affoler, effectivement... Fantomas finira par s'échapper, apparemment dans une fusée cachée dans le donjon, mais la fusée explosera en vol. Tué, le Fantomas ? Non, car il ne se trouvait pas, en fait, dans la fusée. Tout le monde le croit mort, mais Fantomas s'est enfui, avec le fruit (les rançons) de son chantage...

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Hilarant, le film est aussi complètement dingue, à la merci du fou furieux en puissance qu'est Louis De Funès (qui est véritablement en roue libre ici). Les scènes de visions de pendu sont hilarantes, meme si le comique utilisé ici est uniquement de répétition (à force, n'importe quel gag de ce style devient lourd, ici il est utilisé a bon escient, et pas trop souvent, ça ne le rend pas lourd du tout). Certaines répliques et certains dialogues (On m'a dépendu mon pendu !, ou bien encore le dialogue cultissime que je reproduis ici, entre Bertrand et Juve (dans l'ordre du dialogue) :

- Vous voyez le cheval ?

- Non.

- Mais si, sous le merle ! Vous voyez le merle ?

- Non.

- Bon d'accord, mais vous voyez quand meme le cheval ?

- Le cheval, oui.

- Alors, au-dessus du cheval, le merle.

- Ah ! oui, je le vois, maintenant !

Comment ne pas rire devant un dialogue aussi absurde et surréaliste ?

En résumé, Fantomas Contre Scotland Yard est un summum de comédie loufoque, avec un zeste de suspense (pas autant que dans les deux autres, cependant) et d'action. Très fantaisiste, léger, un film dont on ne se lasse pas, pour peu qu'on soit fan de Louis De Funès et de comédies.

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Et en résumé, la trilogie Fantomas est assurément une des toutes meilleures trilogies qui existent. Absolument incontournable pour amateur de comédies, de films cultes, de pop culture et de Louis De Funès. Les fans du personnage crée par Souvestre et Allain ont intéret à ne pas prendre trop au sérieux ce détournement jouissif des aventures littéraires de ce Fantomas. Ici, on s'amuse avant tout. Un excellent momet de cinéma populaire !