Vous savez quoi ? Risque de...de...SPOILERS !
Introuvable (car inexistant en France) en DVD, ce qui est une honte. Scandaleusement méconnu de nos jours, ce qui est encore plus honteux. Car s'il est un film qui mérite bien plus que sa réputation sulfureuse, c'est bien Les Diables, réalisé en 1971 par Ken Russell. Distribution éclatante, que ce soit Oliver Reed, Vanessa Redgrave, Michael Gothard ou Dudley Sutton. Le film se passe en France, en 1634, à Loudun, dans le Sud. Le père Urbain Grandier (Oliver Reed dans son plus grand role), curé de la ville, libertin et un tantinet anarchiste, défie l'autorité du roi Louis XIII, ce qui entraine assez rapidement l'arrivée d'une troupe de soldats dirigés par Laubardemont (Dudley Sutton et sa bonne bouille d'Anglais jouant un Français), chargés d'abattre les remparts encerclant la ville.
Grandier, plutot bel homme, est marié, malgré sa profession de foi. Il suscite la convoitise de bon nombre de femmes, et notamment des religieuses vivant cloitrées dans le couvent de la ville. Leur Mère Supérieure, Soeur Jeanne des Anges (Vanessa Redgrave) est meme follement et secrètement amoureuse de lui, et le simple fait de le voir entraine dans le couvent des crises d'hystérie et des fantasmes érotiques assez troublants (une scène est choquante : Jeanne des Anges reve du Christ, descendant de sa croix, et dont elle essuie les pieds avec ses cheveux. Ce Christ a l'apparence de Grandier).
Au cours d'une visite de Laubardemont au couvent, elle se déclare possédée par le démon, et que l'abbé Grandier l'a envoutée. Elle proclame qu'il en va de meme pour les autres religieuses du couvent. Laubardemont en réfère à haute autorité, et arrive un prètre, le père Barré (qui porte bien son nom, incarné par Michael Gothard), exorciste. Laubardemont décide d'utiliser cette accusation pour discréditer Grandier et le faire tomber pour sorcellerie. En ces temps reculés, c'était encore chose facile, et Grandier se retrouve vite arreté, toruré, accusé de sorcellerie, et condamné à mort, au bucher. Les soeurs du couvent sont exorcisées, au cours d'une séance virant presque à l'orgie.
Grandier (alors complètement tondu) est jugé par un tribunal inquisitionnaire, et torturé de manière sauvage. Conduit au bucher, il est brulé vif, le bourreau n'ayant pu l'étrangler à temps pour lui abréger les souffrances. La scène où Grandier est brulé est atroce. Au fur et à mesure, a peau de Grandier se consume, se noircit, tandis qu'il hurle ses dernières paroles, tentant de prècher une dernière fois auprès de ses anciens fidèles, qui le regardent cramer. Dès le lendemain, les remparts de la ville tombent.
Lorsque le film sortit, il fut grandement critiqué, et censuré. Il y à quelques années, la chaine Arte le diffusa, en proposant la version originale, une version allemande. Le film était en anglais (langue originale), mais un ou deux passages étaient en allemand. Ces passages parlaient surtout de théoloie. Néanmoins, censuré ou pas censuré, le film est choquant, malsain. A l'image de cette séquence pré-générique, où Richelieu assiste à un ballet de danseuses légèrement vétues, parm lesquelles...un homme, le roi (il me semble bien, mais je me trompe surement) ou son frère. L'homme baise la main du cardinal, en le regardant, et en lui disant un hey, man assez coquin. Scène assez décalée (typique de Ken Russell, auteur de films aussi dingues que Tommy, Lisztomania et Mahler) et malsaine. Sans oublier la première scène d'après le générique, qui montre un cadavre squelettique aux orifices remplis de vers, hissé en haut d'une roue, au bord de la route. Putride, heurtant, voilà bien comment résumer le film. Les amateurs de cinéma religieux n'aimeront pas, les ames sensibles non plus.
Cependant, et malgré (ou à cause de) tout ça, Les Diables reste un sacré grand moment de cinéma libre. Et une belle reconstitution de la France du XVIIème siècle. Un film remarquable, à voir et à revoir, mais attendez une prochaine diffusion TV, car le DVD zone 2 n'existe toujours pas !
