SPOILERS !!
Voici probablement le plus grand film sur le thème des morts-vivants : Zombie de George A. Romero, sorti en 1978 (10 ans après le premier volet de la 'saga des zombies' de Romero, La Nuit Des Morts-Vivants), et vrai chef d'oeuvre du film d'horreur gore. Le principe est le suivant : faire une remake/suite de La Nuit Des Morts-Vivants, mais en couleurs, afin de choquer encore plus les spectateurs. Et si possible, ajouter une critique sévère de notre putain de société de consommation. Romero réussit sans aucun problème ces deux défis. Visuellement, le film est superbe, très gore (la dernière demi-heure du film, surtout), la couleur dominante est incontestablement le rouge. Les zombies ont un aspect un peu 'schtroumpf défoncé en colère', à savoir que leur teint est gris/bleu, cadavérique par excellence. Leur allure est tellement lente qu'un escargot les battrait largement à la course. Mais qu'est-ce qu'ils ont faim, les gaillards ! De vrais morfals !
L'histoire est très simple. Des zombies envahissent le pays (USA). Un mini groupe de survivants, constitué d'une journaliste (enceinte) et de son petit ami pilote d'hélicoptère, et de deux flics (dont un Noir, on respecte les minorités chez Romero) se réfugient, armés, dans un centre commercial désert. Désert ? Non, car des zombies par dizaines arpentent les allées du centre, ainsi que le parking et les environs.
Tout en organisant de gigantesques parties de hit and run (tuer le plus possible de zombies sans se faire gauler), ils profitent du centre qui est tout à eux : magasins déserts, etc, etc...Ils pillent donc allègrement le centre, pour leur propres besoins en nourriture, mais aussi pour passer le temps et en profiter un max. Jusqu'à ce que l'un d'entre eux (un des deux flics, le blondinet, joué par Scott H. Reiniger) se fasse mordre à la jambe par un zombie...Le virus fait son effet en quelques jours, Roger (car c'est son nom) meurt, et devient zombie. Il est immédiatement tué d'une balle dans la tete (seule manière de tuer les zombies) par ses amis.
Très peu de temps après, une horde de bikers, vrais barbares à la Mad Max (mais avec un an d'avance, ah ah) pénètre dans le centre commercial, pour piller, évidemment. Ils se heurtent aux trois survivants, hyper énervés d'etre dérangés dans leur havre de paix (plus aucun zombie ne se trouve dans le centre, tous ont été tués et les portes solidement barricadées)...Mais ils se heurtent aussi aux zombies, qui, lentement mais surement, pénètrent dans le centre, et commencent à attaquer les Hell's Angels à grands coups de canines. Tripes à l'air, yeux crevés, membres arrachés, bon appétit bien sur !! Parmi les trois héros, le pilote (Stephen, joué par David Emge) se fait lui aussi avoir par les morts-vivants. Les deux survivants embarquent à bord de l'hélicoptère qui était posé sur le toit, et s'enfuient. Fin du film.
Ultra gore, violent, choquant, le film est aussi très jouissif (les parties de hit and run sont efficaces). Mais limiter Zombie à ça serait très con, car le film est aussi et surtout une critique acerbe et virulente de notre société de consommation. Pourquoi, à votre avis, Romero a choisi de placer l'action du film dans un centre commercial, lieu de vie ultime de notre société ? Les zombies, qui arpentent les allées du centre, ne sont-ils pas d'anciens clients, qui retrouvent ici leurs reflexes d'antan ? Ne sont-ils pas une parabole à propos des masses populaires qui se ruent dans les malls pour dépenser leur argent ?
Quand il n'y à plus de place en Enfer, les morts reviennent sur Terre. Cette phrase, prononcée par un pretre borgne et boiteux aux deux flics lors de la scène d'ouverture du film (un commando de police qui nettoie un immeuble infesté de zombies, avec tetes explosées et morsures sanguinolentes à la clé) résume parfaitement le film, un des plus grands films d'horreur au monde, le film ultime sur les morts-vivants. Ames sensibles, s'abstenir absolument. C'est très graphique, très violent, brutal (la scène où le personnage du flic Noir - Ken Foree - abat deux jeunes enfants zombies est très pénible), sanglant. Mais c'est aussi incroyablement puissant. Un chef d'oeuvre absolu.
