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SPOILERS !!

Fernando Arrabal, tout comme Roland Topor et Alejandro Jodorowsky, vient du mouvement surréaliste Panique. Les trois compères ont d'abord oeuvré dans le littéraire (la pièce de théatre Fando Y Lis de Arrabal), puis le théatre (meme exemple), avant de passer au cinéma. Tandis que Jodorowsky, en 1968, réalisait son premier film, une adaptation de Fando Y Lis, Arrabal laisser germer dans sa tete l'idée d'un film à moitié inspiré par sa propre expérience enfantine, en Espagne, lors de la guerre civile. Ce film, inspiré donc par son autobiographie Baal Babylone, Arrabel le réalisera lui-meme, en 1971. Coproduction franco-tunisienne, interprétée par Anouk Ferjac, Mahdi Chaouch, Nuria Espert et Suzanne Compte (entre autres), Viva La Muerte est connu pour son générique dessiné par Roland Topor et sa fameuse chanson de générique, Ekkoleg, chanson enfantine, à la fois poétique, douce, et décalée.

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On ne peut pas vraiment parler de film normal pour Viva La Muerte. Glauque, le film enchaine les scènes trash, gores (l'égorgement limite rituel d'un boeuf, en technicolor, et 100% authentique, ames sensibles s'abstenir absolument), éprouvantes. Certains passages peuvent faire rire, d'autres angoissent littéralement. On est proche d'un surréalisme bunuelien du style Un Chien Andalou (rappelez-vous la séquence qui ouvrait ce film, un oeil que l'on tranche avec un rasoir), mais en mille fois plus radical. Arrabal approche meme de la scatophilie, du gore, de l'inceste, avec le personnage de la tante, assez dévergondé et...spécial.

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J'allais oublier de dire de quoi parlait le film : de la vie d'un jeune enfant Espagnol, pandant la guerre civile, un enfant du nom de Fando (nom récurrent chez Arrabal ?), qui vit une existence dramatique, entre un père absent qui a été raflé par les franquistes (dénoncé par sa mère), un fanatisme religieux qu'il trouve aussi bien chez lui (sa mère) que dans son école, ainsi qu'une misère totale, qui font que les enfants en sont amenés à manger des insectes. Fando, cerné par tout ceci, va avoir des visions de plus en plus glauques et terrifiantes (certaines sont représentées filmées dans des couleurs criardes). Fando va de plus en plus éprouver une attirance pour sa mère et surtout pour sa tante (une scène voit la tante se coucher nue, en serrant un squelette contre elle...et vive la mort !)...

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Précisons que Viva La Muerte était le cri de ralliement des fascistes franquistes. Arrabal a conçu ce film comme un exorcisme, pour pallier à tous ces crimes de guerre. Lors de sa sortie, le film fut taxé de pornographie (un peu fort), d'extrème violence, de scatophilie...Néanmoins, il a acquis très vite la réputation d'oeuvre culte, absolument indispensable, très malsaine et déroutante, a réserver à un public averti, mais à voir. Un autre film de Arrabal, réalisé deux ans plus tard, sera tout aussi radical (meme plus ?) : J'Irai Comme Un Cheval Fou. Signalons en 1975 la fin de la trilogie d'Arrabal, le très bon L'Arbre De Guernica.

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Si vous n'etes pas trop fragiles, je ne peux que vous le conseiller. Il n'est pas parfait, un peu brouillon par moments, mais il vaut le coup d'oeil. Après un tel film, on se sent différent. En tout cas, le film ne laisse pas indifférent, que l'on aime ou déteste. Moi, j'adore ce film, meme s'il me laisse toujours dans un profond sentiment de malaise...comme si toute trace d'humanité disparaissait pendant son visionnage. Profonde et angoissante, oppressante, sensation. On se sent revivre, ensuite, comme une vraie renaissance. Pas immédiatement après la vision du film (qu'on a du mal à digérer), mais quelques heures plus tard. A voir, mais à voir seul. Et attention : tout comme J'Irai Comme Un Cheval Fou et le Salo de Pasolini, ce film peut rendre fou.